Dienstag9. Dezember 2025

Demaart De Maart

FranceLe journal du prisonnier Sarkozy

France / Le journal du prisonnier Sarkozy
Nicolas Sarkozy a pu sortir après quelques semaines de la prison Foto: AFP

L‘ancien président Sarkozy, condamné le 25 septembre par le tribunal correctionnel de Paris à cinq ans de prison ferme pour „association de malfaiteurs“ dans l‘affaire d‘un possible financement libyen de sa campagne électorale de 2017 et incarcéré le 21 octobre, puis remis en liberté provisoire trois semaines plus tard par le juge d’application des peines en attendant son jugement en appel, publie demain en librairie un livre écrit dans sa cellule.

Ce „Journal d’un prisonnier“ – c’est le titre passablement mélodramatique qui a été choisi pour l’ouvrage de quelque 220 pages – n’est pas seulement, il s’en faut même de beaucoup, un récit de ces 21 jours passés dans un univers carcéral que l’ancien locataire de l’Elysée trouve, à l’évidence, très dur. Avec son vacarme, mais aussi sa solitude, la coupure qu’il représente avec le monde extérieur, cette paradoxale solitude qu’il instaure autour de chaque détenu malgré l’effroyable promiscuité qu’il oppose à beaucoup.

De cette promiscuité, M. Sarkozy ne peut cependant guère se plaindre à titre personnel, et il ne le fait d’ailleurs pas: il aura été seul dans sa cellule, là où tant d’autres s’entassent à trois ou quatre sur une douzaine de mètres carrés, dormant parfois par terre – il dénonce tout de même, pour sa part, la dureté de son matelas – et ses repas, d’une qualité évidemment basique, lui ont été servis personnellement. Craignant des souillures infligées par ses codétenus de la Santé, il a au demeurant toujours privilégié les aliments qui, tels les yaourts, lui étaient livrés fermés.

Mais ce ne sont évidemment pas ces anecdotes, modestes pour ne pas dire dérisoires, qui font l’intérêt du livre; même s’il faut tout de même citer celle selon laquelle, le premier soir de son incarcération, il dit s’être agenouillé au pied de son lit et avoir prié, lui à qui l’on n’attribuait aucune piété particulière, puis communié avec l’aumônier de la prison chaque dimanche. Reste qu’en prison, même si celle-ci a en commun avec le désert, note-t-il, de vous renvoyer à vous-même et à l’essentiel, „la nuit est plus pénible encore que le jour“. D’autant plus que les bruits des bagarres et les cris hostiles ne lui sont pas épargnés; au point d’écrire: „L’espace d’un instant, je me suis demandé comment j’allais pouvoir survivre dans cet environnement hostile.“

Pour l‘union des droites

Mais ce sont les notations politiques qui étaient le plus attendues, et le livre n’en manque pas. Globalement, si l’on devait tenter d’en tirer une ligne générale, ce serait celle qui ressort d’un entretien téléphonique cordial qu’il a eu avec Marine Le Pen (elle-même en attente d’une décision de la cour d’appel qui lui permettrait de reprendre pleinement le cours de sa vie publique). Au cours de cet échange, les adversaires de naguère évoquent l’hypothèse d’élections législatives anticipées, que Nicolas Sarkozy juge inéluctables.

En pareilles circonstances, précise-t-il, il prendrait clairement position contre un éventuel front républicain anti-RN. Plus avant dans son livre, l’ancien président ne précise pas que le parti LR doive s’allier avec le Rassemblement national de Jordan Bardella et Mme Le Pen, mais il ne s’en montre pas moins bienveillant à l’égard d’une large union des droites, stratégie qu’il se flatte d’avoir (à peu près) mise en oeuvre avec succès en 2007 pour son élection.

Globalement, M. Sarkozy, évidemment très sévère pour l’institution judiciaire en général, dont il s’estime abusivement victime, n’est pas tendre non plus pour l’essentiel de ses amis ou ex-amis politiques. A la notable exception de Michel Barnier, qui lui a écrit à plusieurs reprises. Mais pour le gros de la troupe, écrit-il, „si tous étaient persuadés de mon innocence et de l’injustice profonde du traitement qui m’était réservé, peu le manifestèrent. Je n’en veux pas à ceux qui n’ont pas été particulièrement courageux, chacun fait comme il peut ou comme il veut. Mais comment espérer être un leader politique si on a peur et, surtout, si on le montre?“

„J’ai recommencé ma vie en prison“, conclut l’ancien président. Peut-être bien; mais en tout cas, il n’a rien perdu de son mordant.