ArchéologieLes espoirs et les limites du „Lidar“

Archéologie / Les espoirs et les limites du „Lidar“
Moulage de la tête supposée d’un homme de Néandertal, présenté en 2018 au Musée de l’Homme de Paris Photo: archives/AFP

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Réalisé à la fin de 2019, le travail d’un scanner Lidar a permis d’augmenter le nombre de sites archéologiques au Luxembourg de 15 à 20%. Mais il n’a pas augmenté le nombre de fouilles pour autant.

En septembre 2020, le conseil communal d’Esch-sur-Alzette reçoit une lettre du ministère de la Culture, qui lui indique que le scanner dernière génération, le „Lidar“ (pour Light Detection and Ranging), a permis de détecter l’existence de vestiges d’un château médiéval au lieu-dit „Schlassbësch“. Les édiles communaux ne manquent pas la possibilité de faire le buzz autour du deuxième château de la ville. Et pourtant. La simple lecture d’une carte topographique et un regard avisé des lieux aurait permis de détecter l’emplacement du fameux château, sans recourir à cette technologie dernier cri. Capable d’identifier les structures archéologiques en voyant à travers la canopée, le Lidar avait permis de savoir qu’il se cachait sur le site une tour carrée, une tour ronde de huit mètres de diamètre et un bâtiment de 15 x 9 mètres, qui justifient le classement des lieux.

Le Lidar a permis d’augmenter le nombre de sites archéologiques estimés au Luxembourg, de 15 à 20% selon l’extrapolation faite sur base d’observations d’une zone pilote. Il a mis au jour des éperons barrés de la protohistoire, des villas romaines, des tumulus et des structures qu’on ne sait pas directement dater.  Mais plutôt que de déclencher de nouvelles campagnes de fouilles, ce scanner d’un genre nouveau devrait dans l’immédiat tout au plus faire l’objet d’une publication, qui, à l’aune de sites déjà connus, expliquerait ce que le scanner permet de voir. Par contre, il accompagne déjà quotidiennement les acteurs de l’aménagement du territoire. 

Aspirations magdaléniennes

Les images du Lidar ne permettent d’identifier que les structures en surface. Il est ainsi parfaitement inutile pour un certain nombre de vestiges archéologiques plus discrets, à commencer par ceux qui intéressent tout particulièrement le conservateur du service de préhistoire du CNRA qu’est aussi Foni Le Brun Ricalens. Il serait plus intéressé par une échographie géante du sous-sol et qui permettrait de dire ce qu’il y a dans les profondeurs des abris sous roche. En attendant son invention toute théorique, il reste les anciennes méthodes et les rêves qui les nourrissent.

Foni Le Brun Ricalens nourrit l’espoir de retrouver un jour un homme de Néandertal, dans la position accroupie qu’on lui connait dans les fosses dans lesquelles il est inhumé. „En tant que préhistorien, je sais qu’il y a plein de grottes ou d’abris, dans lesquels dès lors qu’on va creuser à moins vingt mètres, on trouvera Néandertal. On a les objets sur les plateaux indiquant qu’il y a vécu.“ 

Le rêve de retrouver une grotte ornée paléolithique dans une des grottes du Mullerthal n’est pas moins envisageable. „On est dans le Nord donc ce ne serait certainement pas des peintures, en raison de l’humidité. Mais on peut avoir des gravures pictées. Ce n’est pas utopique.“ Et pour cause! A 180 km de là, à Gönnersdorf, des archéologues ont retrouvé des plaquettes de schiste gravées de l’époque magdalénienne (17.000 à 12.000 ans avant le présent). On y voit des rênes, des bisons et chevaux, mais aussi des oiseaux. Côté français, à Saint-Mihiel c’est une petite occupation magdalénienne avec ses bois de rennes gravés qui a été mis au jour. Le Luxembourg, situé entre ces deux zones, a certainement été une zone de passage. „Comme ces populations suivent les transhumances des grands herbivores et qu’on a les traces de ceux qui étaient avant eux, il ne serait pas étonnant qu’ils aient été ici. A cette époque, même s’il fait froid, quand elles ont géré leurs approvisionnements en nourriture, en bois et autres, elles ont du temps pour cultiver les rapports sociaux et il y en a qui sont des artistes, qui sculptent.“ Lors d’un passage, un de ces artistes a pu se protéger sous une cavité et y laisser des traces.

Les zones possibles sont celles où il y a du grès du Luxembourg. Elles sont donc nombreuses. Cela peut être aussi bien les vallées de l’Ernz noire et blanche, que la vallée de l’Alzette. Récemment, autour de Schlaïfmillen,  un os de cheval de 11.000 ans a d’ailleurs été retrouvé. Et puis pour que le bonheur théorique soit complet, le préhistorien émet un autre souhait. „Et puis“, dit-il, „s’il pouvait y avoir un habitat vers l’entrée, pour comprendre leurs modes de vie, ce qu’ils mangeaient, d’où venaient leurs silex, s’ils venaient plutôt du Bassin parisien ou du Bassin rhénan, car les réseaux de matières premières ne sont pas les mêmes.“ Ce serait la découverte de quelques nouveaux chapitres de la „bibliothèque qui est sous nos pieds“ que l’archéologie a seule le pouvoir de nous faire lire.

Blau
15. März 2021 - 20.55

Wann ee 17 Lidaren huet an nëmmen 2 Archeologen, da gëtt dat näischt. Kee Wonner, dass se alles futti maachen a verstoppen wann se eppes um Bau fannen.