Série: Stade national de Luxembourg (4) / Les mérites de la Kockelarena

L’idée de la construction d’un nouveau stade de football, pour remplacer celui de la route d’Arlon, avait déjà été évoquée au Conseil communal de la Ville de Luxembourg par Nicolas au début des années 90, quand il s’est agi de procéder à une première rénovation coûteuse de cette structure, déjà vétuste et dépassée à l’époque.
Quelques semaines avant la publication du projet de construction du nouveau stade à Kockelscheuer, Nicolas a rencontré Lydie en ville et tout de go elle lui a sorti la phrase suivante: „Dans quelques jours, dans le dossier du stade de football, tu auras une nouvelle qui va te faire plaisir!“ Sans plus!
Finalement, sur le plan politique tous les mérites lui reviennent, même si le nouveau ministre des Sports a joué les figurants tout en faisant semblant par après. Peu avant l’annonce évoquée, Nicolas avait publié le pamphlet qui suit:
Qui va payer les pots cassés?
Stade de football, vélodrome, piste d’athlétisme: (2014)
Qui va payer les pots cassés? Et maintenant?
Je ne vais pas y aller avec le dos de la petite cuillère, veuillez m’excuser, mais je suis en colère.
C’est une vraie honte que de voir ce qui est en train de se passer, et ce qui s’est passé, depuis huit ans, avec les nouveaux projets d’infrastructures sportives dans notre pays, pourtant tellement nécessaires. La prise de position récente de la bourgmestre de la Ville de Luxembourg est une position de bon sens, même si elle vient un peu tard.
Les trois derniers ministres des Sports respectifs portent une lourde responsabilité de la situation bloquée dans laquelle on se retrouve aujourd’hui.
Entretemps la première responsable, l’échevine (ir)responsable des Sports, après un projet de construction d’un vélodrome abracadabrantesque, qui a coûté deux millions d’EUR en études, voyages d’études et autres, entretemps honteusement retirée de la circulation donc des responsabilités communales, car devenue la risée nationale, elle a trouvé un exil politique doré à Strasbourg. Beaucoup de sous pour zéro résultat, un vrai scandale, impuni, certes.
Le second, après le flop majestueux de „son“ projet Livange avec les scandales autour, largement connus, en grand «pantoufleur», navigue aujourd’hui, pour son plus grand bien, entre divers conseils d’administration notamment russe, chinois et indien, après avoir frôlé la correctionnelle pour une trop grande proximité avec un opérateur immobilier versé dans le sport, ainsi que pour d’autres activités malsaines. Une démission hâtive et précipitée était une fin un peu triste, mais ça commençait vraiment à sentir très mauvais, à Livange et ailleurs.
Le troisième, qui est un gentil garçon, ne sait pas à quel saint se vouer, il n’a pas d’idées, pas de poigne. Il est content d’être là et veut le rester le plus longtemps possible. Surtout pas de vagues, est sa maxime. Actuellement il joue le rôle de la vierge effarouchée, il fait pitié.
Voilà pour les personnages impliquées au niveau politique.
Passons aux faits
Cela fait déjà huit ans (en septembre 2005) que le soussigné, avec de nombreux sportifs et responsables sportifs (mais sans l’appui du COSL, plus inutile que jamais, n’ayant jamais voulu se mouiller, «on ne veut surtout heurter personne et rester en place le plus longtemps possible, car elle est bonne la soupe …») avait proposé un projet de construction intégré comprenant un stade de football, un vélodrome et un stade d’athlétisme. Le site proposé était celui de Kockelscheuer, l’initiative s’appelait d’ailleurs «Kockelarena». Le plus grand mérite de cette initiative réside sans aucun doute dans le fait d’avoir (re)lancé la discussion publique au sujet des infrastructures sportives au Luxembourg. Pour assurer une bonne part du financement on proposait de vendre le terrain de l’actuel stade Josy Barthel, ce terrain vaut aujourd’hui plus de 65 millions d’euros. Comme Mme le bourgmestre l’a répété ces jours-ci, l’emplacement route d’Arlon ne se prête plus à ce type d’activités, pour des raisons urbanistiques, mais surtout si on veut y organiser également des concerts et autres activités culturelles. L’accès restera toujours compliqué, la liaison avec un moyen de transport en commun moderne n’est pas prévue, la sécurité est aléatoire, on pourrait compléter la liste …
Pour des raisons d’ego personnel, aucun des responsables cités plus haut ne s’est emparé du projet Kockelarena (projet qu’on pourrait également construire au Midfield-Cessange ou ailleurs), ou a initié une étude ad hoc, pour la simple raison que le soussigné en était à l’origine. Cela m’a été rapporté tellement souvent que j’ai fini par le croire, et, connaissant la relation que les uns et les autres nourrissaient avec le soussigné, cela ne m’a pas véritablement surpris.
En fait j’avais déjà fait le deuil de ce projet qui est tellement évident, mais suite aux retournements rocambolesques de ces derniers jours, de nombreux amis sportifs m’ont contacté afin que je reprenne le flambeau et revienne à la charge.
Voilà qui est fait par la présente.
Et puis maintenant nous arrive une nouvelle demande émanant du milieu du rugby, un sport qui, entretemps, a pris une grande envergure, mine de rien, au Luxembourg. Voilà la 4ième discipline, après le foot, le vélo et l’athlétisme qui, à juste titre, réclame son dû. Oui j’ai consciemment utilisé ce dernier substantif fort pour bien marquer que les pouvoirs publics ont une dette envers tous ceux qui s’engagent, le plus souvent d’une façon honoraire, à titre actif ou au niveau de l’encadrement, dans le domaine du sport tellement important pour le vivre-ensemble (et certainement plus que les coûts pharamineux de l’avion militaire ou de la route du Nord dont il sera encore question plus loin), comme peuvent l’être d’autres engagements, associatifs, culturels, écologiques.
Alors pour revenir au rugby, va-t-on maintenant, après le foot route d’Arlon, le vélodrome à Mondorf, l’athlétisme à l’INS, construire un terrain de rugby à Neudorf?
Où est la voix de la raison, sachant calculer, et capable de proposer un projet regroupant en son sein trois voire quatre structures (foot, vélo, athlétisme et maintenant en plus le rugby), un projet intégré, ambitieux, intelligent, pouvant, pourquoi pas, héberger également des commerces, administrations communales ou étatiques, relevant du sport de préférence, voire d’autres activités économiques, ou même un parking servant aussi de parking de dissuasion? C’est d’un tel projet que nous avons besoin et il faut arrêter la politique des petits bras, sans ambition, les gesticulations de responsables politiques totalement dépassés, les agissements sans vision des uns et des autres, dignes du café de commerce et prendre exemple sur ceux, qui, il y a plus de vingt ans, ont construit, par exemple, la Coque à Kirchberg.
Que faire maintenant?
Pour que ce soit clair: si on reste dans la démarche actuelle on ira droit dans le mur. En effet, si on construit le seul nouveau stade de football route d’Arlon, comme certains le proposent, on sera obligé de prévoir un endroit pour les compétitions et entraînements d’athlétisme, Fédération nationale et club d’athlétisme de la Ville de Luxembourg. Le domaine de l’INS ne se prête pas à ce type de construction, il faut notamment huit pistes pour répondre à des standards tant soit peu modernes voire internationaux.
Reste le vélodrome, en projet depuis longtemps, hélas, un outil de travail et de compétition futur pour les cyclistes, surtout en dehors de la saison cycliste proprement dite. Les crédits budgétaires existent depuis belle lurette. Il serait archifaux d’inclure ce type d’infrastructure dans un lycée – que les édiles communaux de Mondorf ne m’en veulent pas, mais chapeau pour leur bonne volonté … En plus les déclarations récentes du ministre à la commission ad hoc de la Chambre des députés laissent penser qu’on envisage plutôt d’y construire une piste cyclable qu’un vrai vélodrome. N’importe quoi!
A ce point précis du développement, il faut bien préciser que l’originalité du projet «Kockelarena» réside dans le fait et la conviction qu’il sera moins onéreux de construire trois structures à un endroit, que de les construire à trois endroits différents. (C’est tellement évident que cela commence à me gonfler de devoir le répéter une énième fois). Un parking, un ensemble sanitaire, une installation de chauffage, une équipe technique, un concierge, une salle de presse moderne, un restaurant, une salle de réception etc, tout ça à trois endroits différents, cela reviendra très cher. Le dernier des Mohicans sait que l’idée de mettre trois en un est plus intéressante, pardon, même plus intelligente, sur le plan financier notamment, que d’en mettre trois en trois endroits différents. Encore faut-il en convaincre les responsables politiques et autres.
Mais pourquoi aucun homme/femme politique ne s’approprie ce sujet? Réveillez-vous, jeunes pousses de députés! Faites votre boulot de contrôle du gouvernement au lieu de rester coi, d’approuver tout et n’importe quoi, à acquiescer de la tête en permanence (attention au torticolis!).
Et puis chacun sait qu’il est difficile de «vendre», aujourd’hui, aux citoyens et à l’opinion publique, la construction, coûteuse certes, de telles infrastructures. Mais si, grâce à une opération immobilière (vente du terrain route d’Arlon) on réussit à réduire énormément le coût global de ces trois infrastructures, l’affaire s’annoncera moins compliquée. Comparé au coût de la route du Nord, dont le budget a plus qu’explosé car multiplié par trois, cela ressemble à des «peanuts». Ne parlons même pas des 200 millions d’euros pour l’acquisition, bête mais pas méchante, d’un avion militaire dont les frais d’entretien et de gestion ne sont pas connus, mais qui, politiquement, passe comme une lettre à la poste …
Et puis construire un stade de football, nécessaire je le répète, pour y faire jouer 5 à 6 matches de l’équipe nationale par an, (que mon ancien coéquipier en équipe nationale et président de la FLF et ami m’en excuse), cela ne tient pas debout et ne passera pas, politiquement, la rampe. Il faut au moins y faire également jouer l’équipe première d’un club de la capitale. Et dans ce cas la Ville de Luxembourg n’aurait pas besoin de construire les terrains d’entraînements à la con à Bonnevoie, au coût exorbitant de plus de dix millions d’euros, (merci Mme la présidente de Strasbourg), déjà votés par le Conseil communal, mais heureusement jamais réalisés.
Proposition
Certes, je ne vais pas briller par originalité car je prends le risque de me répéter. Mais le gouvernement devrait nommer un expert, comme il l’a fait dans le dossier Cargolux récemment, pour faire une étude comparative des différentes options, après consultations des uns et des autres, et après, qu’il fasse le choix, avec la Ville de Luxembourg, du projet qui lui semble le plus approprié.
Le soussigné est prêt à y apporter son humble contribution.
Résultat des courses, des années après: suite à l’initiative de la bourgmestre de la Ville de Luxembourg, un stade de football (et de rugby) sera finalement construit à proximité de l’endroit proposé par Kockelarena. Ce stade sera réservé aux matches internationaux de l’équipe nationale et aux clubs participant aux compétitions européennes. Donc il sera relativement peu utilisé. Dommage pour un tel investissement. Le tramway sera prolongé pour desservir cet endroit, une bonne chose! Le parking, dans la semaine, fera office de parking de dissuasion, comme Kockelarena l’avait envisagé. Le service des sports de la Ville de Luxembourg y trouvera une nouvelle demeure, très bien. Kockelarena l’avait proposé dès le début.
Le grand gagnant de l’opération, sur le plan financier, est la Ville de Luxembourg. Elle récupère les terrains de la route d’Arlon pour y prévoir des investissements immobiliers, un nouveau quartier y verra le jour.
Un vélodrome sera construit dans l’enceinte d’un futur lycée à Mondorf, le projet vient d’être présenté. A la Fédération d’athlétisme on a promis un stade ad hoc, pour l’instant prévu du côté de Hamm, bof!
On a joué au petit bras
Mais au lieu de construire trois structures à un endroit, on en construit trois à trois endroits différents, ce qui reviendra beaucoup plus cher, mais personne ne se lancera dans ce type de calculs. Dommage, car réunies, ces structures, avec d’autres, auraient pu constituer ce que Kockelarena a appelé une cité des sports, plus intégrée, avec plus de synergies, plus de vie permanente, sportive ou sociale. Ainsi, notamment, dès le milieu de la première décennie du siècle nouveau, Kockelarena avait proposé d’intégrer le Lycée des sports dans le projet global d’une „cité des sports, synergies et disponibilités du terrain obligeant! Aujourd’hui en 2018 on constate que l’espace disponible du Lycée précité au Fetschenhof est trop limité pour permettre un développement nécessaire.
Pour Kockelarena, l’objectif global n’est pas atteint, certes. Mais même si seulement plusieurs éléments de ses propositions seront réalisés, une grosse part du mérite de ces nouvelles infrastructures sportives lui revient. Mais l’association gagnera-t-elle pour autant une médaille, fût-elle en chocolat? Il est permis d’en douter!
Mais il faut surtout regretter qu’en l’an 2018 on construise un stade comme on en construisait déjà il y a 30 ans, d’après des critères et des aménagements de l’époque. Le concept qui fait florès pour toutes les nouvelles structures qui sont construites aujourd’hui un peu peu partout en Europe tient en trois mots: „lieu de vie“. Un exemple récent parmi d’autres peut être visité à Nice. Dans l’enceinte purement sportive on a intégré des commerces, des bureaux, des brasseries et une salle de gymnastique. On y a ajouté même une structure à caractère national: un musée national des sports. Curieusement une telle proposition faisait également partie du projet „Kockelarena“! Dommage qu’on n’ait pas saisi l’occasion de combiner la construction du stade avec un projet-pilote dans le domaine énergétique, visant notamment une auto-suffisance totale et une production d’électricité pouvant faire profiter d’autres quartiers environnants.
Dans le contexte du stade en construction à Kockelscheuer, on en sera loin d’une approche plus globale.
Pourtant la Kockelarena avait déjà évoqué une telle vision en 2006 … Mais peut-on s’attendre à un autre projet de la part de personnes qui ont passé toute leur vie bien au chaud dans la Fonction publique ou dans le milieu politique, ou les deux à la fois, et qui n’ont jamais mis en œuvre un projet cultivé dans leur propre jardin?
Ainsi, une fois de plus, une occasion unique a été loupée parce qu’on a joué petit bras.
Dommage!“
Un chapitre plein de rebondissements
Récemment le stade national de football et de rugby a été présenté à la presse. Si ce projet, à première vue, semble recueillir entretemps un large consensus, tel n’a pas toujours été le cas. Ainsi il est intéressant de connaître ses tenants et ses aboutissants et, surtout, ses rebondissements au fil des 15 dernières années. Dans son dernier livre „Voyage au bout des jours“, René Kollwelter, ancien international de football, en sa qualité de président de Kockelarena asbl, moteur principal de la construction du stade en question et association qui a suivi de près ce projet, longtemps très controversé, revient sur sa genèse. Avant l’inauguration prévue la deuxième moitié de cette année, il nous autorise à publier, en plusieurs séquences, la totalité du chapitre consacré à cette histoire qui, par moments, a ressemblé à un vrai feuilleton.
A noter que dans l’ouvrage en question, l’auteur à la fois acteur, narrateur et personnage principal s’est servi du personnage de Nicolas comme d’un pseudonyme, pour vous raconter cette histoire par moments rocambolesque à travers ses lunettes à lui.
(René Kollwelter, „Voyage au bout des jours“, Editions Schortgen, 2019, 24,80 euros dans votre librairie ou directement chez l’éditeur)
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