Best of 2020(Weit mehr als) Literatur für den Lockdown

Best of 2020 / (Weit mehr als) Literatur für den Lockdown
Symbolbild  Foto: Archiv Editpress

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2020 hätte man eigentlich viel Zeit zum Lesen und folglich zum Entdecken von neuer Literatur gehabt. Die meisten haben im Lockdown allerdings bloß Netflix geschaut oder Camus’ „Pest“ gelesen – und somit von der Fiktion prophetische Allwissenheit oder Trost durch Mimesis erwartet. Dass wahre Literatur mehr als nur ein Heilmittel zum pandemischen Zweck ist, zeigt unsere Auswahl der zehn wesentlichsten Bücher, die dieses Jahr erschienen sind.

Yoga d’Emmanuel Carrère

Un roman déroutant, dont on ne parvient tout d’abord pas exactement à définir la nature véritable. Carrère nous livre sa réflexion autour de la méditation qu’il a pratiqué durant de nombreuses années et notamment lors d’un stage de vipassana – cette retraite de dix jours en silence – qu’il effectua en janvier 2015, au moment des attentats de Charlie Hebdo. Comme à son habitude, Carrère se met à nu et nous entraîne dans l’intimité d’un quotidien par moments banal et parfois extrêmement mouvementé.

„Yoga“ nous raconte tour à tour les vertus de la pratique du yoga au petit matin, un séjour à Saint Anne et la découverte de la bipolarité de l’auteur, une mission en Irak sous kétamine pour retrouver l’exemplaire du Coran calligraphié avec le sang de Saddam Hussein, une danse ivre et endiablée sur la Polonaise de Chopin; un atelier d’écriture avec de jeunes réfugiés échoués sur une île grecque, pour finir en hommage de l’écrivain à son défunt ami et éditeur Paul Otchakovsky-Laurens. „Yoga“ est une plongée dans l’univers très personnel et sensible de l’auteur, et l’on aimerait ne jamais arrêter de le lire: Carrère se livre, dans l’ombre la plus profonde comme dans le jour étincelant d’un espoir serein. Et ce faisant il nous touche, et nous fait beaucoup de bien. (Amélie Vrla)

„Kree“ de Manuela Draeger

Dans un univers noir et sombre, tissé de violence et de mort, où se répètent à l’infini la torture et les exécutions, Kree Toronto, une femme forte, se défend contre les assauts des hommes. Travaillant comme femme de ménage pour les Mendiants terribles, un groupe de leaders qui a réinstauré l’idéologie marxiste-léniniste pour mieux la trahir, Kree affronte la solitude et la violence grâce à l’amitié qui la lie à la chamane Myriam Agazaki et à Griz Uttikuma, un homme réincarné dans un œuf.

Poursuivant inlassablement son exploration de l’univers post-exotique et écrivant en recourant aux différents hétéronymes grâce auxquels il y donne forme, Antoine Volodine publie un magnifique et sauvage roman féministe, qui rejoint l’imaginaire torturé, sombre et poétique d’un David Lynch en l’affublant d’une dimension politique. Avec ce 44e opus, Volodine perfectionne son écriture ciselée et son art du récit, imaginant des scènes qui s’impriment durablement en nous et nous plongeant à nouveau dans une littérature qui ne ressemble à rien de connu. Si cette année 2020 s’apparente tant à une fiction post-apocalyptique mal conçue, autant en lire une qui soit bien écrite, qui nous fasse rêver – et qui fait l’éloge, au milieu de la noirceur, de la solidarité. (Jeff Schinker)

„Why Theatre?“ de Kaatje de Geest, Carmen Hornbostel et Milo Rau (éd.)

Milo Rau, metteur en scène suisse et directeur du NTGent en Belgique, a posé la question à plus de 100 artistes et intellectuels parmi les plus influents du monde: Pourquoi le théâtre? Pourquoi cette forme d’art est-elle si belle et si indispensable?

Du théâtre classique à la performance et à la danse, du militantisme au théâtre politique et à la performance de la vie quotidienne, des femmes et des hommes du monde entier, de Katie Mitchell à Kirill Serebrennikov, d’Angélica Liddell à Marco Martinelli du Teatro delle Albe de Ravenne, ont livré de courts essais, des fragments poétiques, des saynètes, des souvenirs, des manifestes, des lettres, mettant en avant leur esthétique, leurs besoins et leur regard critique sur les arts du spectacle d’aujourd’hui. Le résultat un livre hétéroclite mais plus que bienvenu, une véritable aubaine, dans des temps où on voit clairement que pour les autorités politiques incultes et libérales, l’art et le théâtre ne valent pas plus qu’un amusement de pacotille, comparés à la vraie raison d’être qu’est apparemment le consumérisme effréné. (Ian De Toffoli)

„Histoires de la nuit“ de Laurent Mauvignier

Le chef-d’œuvre de la rentrée littéraire. Les jurés des différents prix littéraires s’étant contentés d’une relative médiocrité, l’on vous conseille plutôt ce roman sombre, d’une construction syntactique impressionnante, au style ciselé, qui met son maniérisme tout entièrement au service d’un suspense faisant de ce pavé de plus de 600 pages un véritable page-turner. Ce huis clos terrible et suffocant, sorte „Funny Games“ au ralenti, commence avec des lettres de menace envoyées à Christine De Haas, une peintre parigote qui s’est retirée du monde pour s’installer dans un hameau perdu au fin fond de la Bassée, un patelin tout aussi perdu, où elle ne fréquente que ses seuls voisins les Bergogne, une famille paysanne dont le couple bat de l’aile.

Se déroulant en quelque 48 heures, le roman crée une tension presqu’insoutenable avant que le danger, d’abord latent, se rapproche pour prendre la forme de trois jeunes hommes venus semer la terreur et se venger de méfaits passés. Tout y est: l’opposition entre une France cosmopolite, urbaine, artistique et la misère des démunis brassant leur ennui dans des patelins ruraux, un art poétique qui prend forme dans les réflexions sur la peinture, une profondeur des personnages tout entièrement contenue dans les interstices entre les dialogues, un art du récit et du suspens résolument magistraux – et la preuve que, de nos jours, l’on peut prôner une écriture inspirée de Marcel Proust et de Claude Simon sans que cela soit poussiéreux. (Jeff Schinker)

„La dernière interview“ d’Eshkol Nevo

Parce qu’il n’avance pas sur son nouveau roman, un écrivain commence à répondre à toutes les questions de ses lecteurs qu’un webmestre a compilées. Ces questions, d’abord d’une universelle banalité – dans quelle mesure vos livres sont-ils autobiographiques?, comment vivez-vous votre notoriété d’écrivain? – lui permettent d’échapper aux tracas de sa vie personnelle, qu’il s’est promis de taire dans ses réponses. Pourtant, celle-ci prend vite le dessus et, au lieu de répondre de façon distante et neutre, il se met à raconter des épisodes de sa vie, évoquant son ami Ari qui se meurt d’un cancer du pancréas, la lente aliénation avec son épouse Dikla, la disparition de son pote Hagaï Carméli, son service militaire, le quotidien de sa vie en Israël.

Partant d’un dispositif formel qu’il s’amuse à saccager (le roman entier est constitué par les questions des internautes et les réponses de l’auteur), Eshkol Nevo écrit un chef-d’œuvre brillant, drôle, émouvant et politique (lors d’une visite dans une école, il découvre que tous les passages d’un de ses livres où il donne la parole à un ouvrier palestinien ont été censurés). Bien plus que les sempiternelles autofictions nombrilistes, „La dernière interview“ embrouille les repères entre le réel, son écriture et sa mise en fiction. (Jeff Schinker)

„Catarina et la beauté de tuer des fascistes“ de Tiago Rodrigues

Le dramaturge et metteur en scène portugais Tiago Rodrigues, directeur du Théâtre national de Lisbonne, qu’on vient récemment de voir sur les scènes des Théâtres de la Ville, a publié en novembre sa dernière pièce traduite en français aux éditions Les Solitaires intempestifs, sous le titre un brin provocateur de „Catarina et la beauté de tuer des fascistes“.

Ainsi chaque année depuis 74 ans, dans une maison isolée, une famille se retrouve pour tuer un fasciste féminicide. 78 fascistes ont été tués. Nous sommes en 2028. Un député du parti nationaliste, d’extrême-droite, vainqueur aux dernières élections législatives, a été enlevé et séquestré dans l’attente de son exécution. Son programme est connu: censure de l’opposition, abolition de l’avortement et du mariage homosexuel, haine des migrants, retour aux valeurs nationalistes. La famille va débattre pour convaincre la plus jeune de la famille d’assassiner cet homme, mais celle-ci a des doutes. Peut-on enfreindre les règles de la démocratie pour mieux la défendre?

Coup de cœur de la littérature théâtrale contemporaine, cette pièce passionnante et virtuose, revisitant le passé pour mieux comprendre le présent, est d’une actualité brûlante. (Ian De Toffoli)

„Die rechtschaffenen Mörder“ von Ingo Schulze

Ingo Schulze bleibt seinem Muster weiterhin treu und verfasst mit seinem rezentesten Werk „Die rechtschaffenen Mörder“ wieder einmal einen kapitalismuskritischen Wenderoman. In diesem fädelt der aus Dresden stammende Autor die gesellschaftlichen und politischen Entwicklungen im Osten Deutschlands anhand ästhetischer Sprachmittel geschickt in das eigentliche Geschehen des Romans – die Biografie des Antiquars Norbert Paulini – ein. Was zunächst wie eine märchenhafte Geschichte beginnt, entwickelt sich zu einem literarisch-politischen Roman, der ab der Wiedervereinigung Deutschlands an Fahrt gewinnt. Mit dem anfänglich spärlich vorhandenen Ich-Erzähler fügt Schulze nicht nur eine enorm autobiografisch geprägte Schriftstellerfigur in sein Werk ein, sondern auch einen erotischen Nebenbuhler Paulinis, der dazu anregt, den Wahrheitsgehalt der Gesamtgeschichte infrage zu stellen.

Norbert Paulini – ein Junge, der auf Büchern schläft und davon träumt, beruflicher Leser zu werden – entwickelt sich von einem renommierten Antiquar zu einem rechtsradikalen Misanthropen, dessen Büchersammlung unter dem kapitalistischen Markt des Westens leidet und an Bedeutung verliert. „Die rechtschaffenen Mörder“ lässt nicht nur die Herzen von Büchernerds, Bibliophilen und Schulze-Fans höherschlagen, sondern verweist auch auf die prekäre Lage, in der sich (kleine) Buchläden und Antiquariate befinden. (Nora Schloesser)

„Der letzte Satz“ von Robert Seethaler

Melancholisch blickt der seit seiner Kindheit schwächlich und kränkelnde, später an Tuberkulose (die Krankheit, die oftmals mit dem empfindsamen und strapazierten Künstler assoziiert wird) leidende, fast schon lebensschwache Komponist Gustav Mahler auf seiner letzten Reise vor seinem Tod auf sein Leben – in dem sich alles nur um sich und seine Musik drehte – zurück. Robert Seethalers einst so schöpferischer, nun vollkommen entkräfteter Protagonist aus „Der letzte Satz“ steht kurz vor dem Verfall.

Mit seiner sonderbaren, von Dekadenz geprägten Künstlerexistenz, auf die Seethalers neuster Roman den Fokus richtet, knüpft der Autor an den Diskurs des ästhetisierenden und morbiden Künstlertums der Jahrhundertwende an. Vor allem erinnert Seethalers Gustav Mahler an Thomas Manns Gustav von Aschenbach – den an Cholera sterbenden und an seiner dionysischen Lebensauffassung zugrunde gehenden Schriftsteller aus „Der Tod in Venedig“, der ebenfalls Züge des realhistorischen Komponisten Gustav Mahlers trägt. Auch wenn Seethaler dem Werk Thomas Manns keinesfalls das Wasser reichen kann, kommt man als Fan der Décadence-Literatur, in der die Krankheit als unverzichtbar für das wahre Künstlertum gilt, auch nicht um „Der letzte Satz“ herum. (Nora Schloesser)

 AFP

„Shuggie Bain“ von Douglas Stuart

Zugegeben, den Gewinner des Booker Prize als Buch des Jahres anzupreisen, scheint wenig originell. Aber „Shuggie Bain“, das späte Debüt von Douglas Stuart, ist ein Roman, der bleiben dürfte. Stuart, der als Jugendlicher nach New York ging, um Modedesigner zu werden, schaut darin auf das Umfeld zurück, in dem er aufgewachsen ist: eine Arbeitersiedlung im Glasgow der 1980er Jahre, durch die Deindustrialisierung und Thatchers Austeritätspolitik ausgeblutet.

Wie ein guter Ken-Loach-Film beweist „Shuggie Bain“, dass die Sache des sozialen Realismus noch nicht verloren ist. Das Herz des Romans bildet der lange Kampf des jungen Helden um das Leben seiner alkoholkranken Mutter inmitten eines Milieus, das dem homosexuellen Shuggie nicht feindlicher gesonnen sein könnte. Es gibt viele schmerzhafte Szenen im Buch, doch was überwiegt, ist der empathische Blick auf all die geschundenen Seelen und die Willensstärke des Protagonisten. (Jeff Thoss)

„Annette, ein Heldinnenepos“ von Anne Weber und „Streulicht“ von Deniz Ohde

Nachdem George Saunders „Lincoln in the Bardo“ 2018 mit dem Booker Prize ausgezeichnet wurde, begeisterte sich dieses Jahr auch die Jury des Deutschen Buchpreises für eine formal verspielte historiografische Metafiktion. Um das Leben von Annette Beaumanoir, einer kommunistischen Widerstandskämpferin, die im Zweiten Weltkrieg gegen die Nazis und später für die Unabhängigkeit Algeriens im Untergrund kämpfte, zu erzählen, greift sie auf die epische Form zurück, gibt ihr einen feministischen Touch, entstaubt sie durch ihren Sprachwitz, ziert ihren Text mit an Diderot angelehnten metafiktionalen Brüchen mit der Erzählebene und kommentiert immer wieder das Geschehen: Weil unmittelbare historische Authentizität eh in der Erzählform unerreichbar ist, ist Webers subjektive Form genau richtig, um die turbulente, blutrünstige Geschichte des 20. Jahrhunderts aus der Sicht einer Heldin, deren ideologische Überzeugungen im Laufe der Jahre zu bröckeln beginnen, widerzuspiegeln.

Formal weniger spannend, dafür aber fast genauso gut ist Deniz Ohdes „Streulicht“, das dem in Literaturkreisen seit Didier Eribon und Edouard Louis beliebten Rückkehr-ins-Arbeitermilieu-nach-akademischer-Emanzipation-Narrativ nicht nur einen weiblichen Blickwinkel hinzufügt, sondern neben dem Klassenkampf auch den in der deutschen Gesellschaft tief verankerten Rassismus seziert – und durch die intelligente Figurenzeichnung und die präzise Sprache ein meisterhaftes Debüt darstellt. (Jeff Schinker)