FranceMacron est à Montpellier pour défendre sa stratégie sécuritaire 

France / Macron est à Montpellier pour défendre sa stratégie sécuritaire 
En faisant une tournée des „points chauds“ de Montpellier dans une voiture de police banalisée, en visitant un ancien point de deal et en discutant avec habitants et policiers, Emmanuel Macron a voulu montrer son engagement à lutter contre les narcotrafiquants et améliorer la „sécurité du quotidien“ Photo: AFP/Guillaume Horcajuelo

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

En visitant un commissariat puis un quartier populaire de Montpellier, Emmanuel Macron défend lundi sur le terrain sa politique de „sécurité du quotidien“, jugée beaucoup trop timide par la droite à un an de la présidentielle.

Le quotidien conservateur français Le Figaro a publié hier un long entretien avec le président Macron axé sur les questions de sécurité, de paix civile et d’ordre public, alors que ce dernier était justement en déplacement à Montpellier pour évoquer ce thème. Dans l’interview, le chef de l’Etat s’affirme résolu à „se battre pour le droit à une vie paisible“ et promet „de faire reculer la délinquance partout“.

„Le message, c’est le média lui-même“, assurait le grand spécialiste canadien Marshall Mc Luhan. De ce point de vue, au moment où tous les sondages montrent que la question sécuritaire sera au cœur de la campagne présidentielle de l’an prochain, et où l’actualité surabonde en faits divers accablants et parfois en décisions de justice qui ont pour effet – évidemment involontaire – d’alimenter la colère des policiers comme de l’homme de la rue, le choix par le locataire de l’Elysée d’un grand journal de droite, qui pourtant ne lui ménage guère ses critiques, est évidemment significatif.

Tout montre en effet que le président sortant, entré désormais dans la course à sa propre succession, a le plus grand besoin de consolider ce demi-socle électoral qui lui est venu de la droite en 2017, plus que celui qui était venu de la gauche et qui n’aura guère, lui, du moins pour sa majorité, d’autre choix que de recommencer en 2022. Non pas par adhésion enthousiaste à un candidat sortant qui a fait assez vite de son positionnement originel au centre gauche une évidente adhésion au centre … droit, pour ne pas dire plus, parce que la gauche française est actuellement en lambeaux.

Or c’est sur le front sécuritaire, au sens le plus large, que Macron a déçu à droite et au centre. Jamais, de fait, dans la période moderne, la violence urbaine, et notamment anti-policière, n’a été aussi répandue ni aussi brutale. En moyenne, seize policiers sont blessés chaque jour en France, parfois grièvement, à la suite d’une agression. Il ne se passe guère de nuit sans que des guet-apens soient tendus aux forces de l’ordre dans les banlieues des grandes villes, avec tirs de mortiers d’artifices et parfois tentatives d’assassinat. „Tuez-les! Tuez-les!“, entend-on, dans une vidéo diffusée à la télévision, criser de jeunes voyous à ceux qui s’acharnent sur des policiers à terre.

„Faire reculer la délinquance partout“

Les bandes armées s’affrontent aussi entre elles sous l’œil des caméras. Et du coup, chaque journal télévisé, ou presque, illustre un recul de la puissance publique face à l’ultra-violence urbaine et/ou au trafic de drogue. Certes, ces derniers mois, l’exécutif s’était plutôt tourné vers une autre forme de délinquance et de criminalité: celle des islamistes. Mais le tout-venant des commissariats de police et des brigades de gendarmerie vient aujourd’hui le renvoyer à une réalité plus quotidienne, et sans doute plus dévastatrice politiquement, que les lenteurs et atermoiements du gouvernement dans la gestion du coronavirus.

C’est pour tenter de faire face aux critiques, à droite principalement, qui présentent l’insécurité comme l’échec majeur de son quinquennat – y compris l’assez paisible d’ordinaire Xavier Bertrand, candidat pour 2022 – qu’Emmanuel Macron assure, dans son entretien accordé au Figaro, „se battre pour le droit des Français à une vie paisible“ et défend son bilan „au moment où la France doit faire face à une forte augmentation des violences sur les personnes, qui visent tout particulièrement les détenteurs de l’autorité“.

Le président de la République promet ainsi de „faire reculer la délinquance partout“, de tenir son objectif de mettre sur le terrain quelque 10.000 policiers et gendarmes avant la fin de son quinquennat et de créer à Montpellier „une sorte d’école de guerre avec de la formation continue pour les policiers“, lesquels s’y reformeront par des stages de trois à six mois tout au long de leur parcours professionnel. Le problème étant pour lui qu’à un an du premier tour de l’élection présidentielle, il est voué à s’entendre constamment objecter, sur ce projet de réforme comme sur tout autre, qu’il aurait gagné à s’en préoccuper plus tôt.