Les chanteurs français pleurent Bashung, leur patron et modèle

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

\"Le plus grand\" pour Raphaël, \"le roi des atmosphères\" pour Olivia Ruiz, \"un sorcier\" pour Jean-Louis Aubert : des artistes de toutes les générations ont salué l'oeuvre d'Alain Bashung, emporté samedi par un cancer, les plus jeunes insistant sur son rôle de modèle.

 „Quand j’avais 4 ans, +Gaby+ est sorti et je faisais du play back dessus en mettant des lunettes noires et en me disant que je serais Bashung plus tard. A 30 ans, j’ai toujours envie d’être Alain Bashung plus tard“, a affirmé sur France Info Joseph d’Anvers, l’un des jeunes talents auxquels Bashung avait fait appel pour son dernier album, „Bleu Pétrole“. Raphaël a expliqué au journal Le Parisien/Aujourd’hui en France que „sur scène, à ses côtés, on se sentait sans doute petit, mais aussi grandi, parce que son génie vous éclaboussait, vous tirait vers le haut“. Les deux hommes avaient participé début 2007 à une tournée commune au casting de rêve, avec Jean-Louis Aubert, Cali, Daniel Darc et l’ex-batteur de Téléphone Richard Kolinka, rassemblés sur scène sous le nom „Les Aventuriers d’un autre monde“.
Lors de cette tournée, le respect qu’imposait Bashung à ceux qui chantaient à ses côtés était évident : même si les autres artistes étaient eux aussi des pointures, il donnait l’impression d’être le patron et dégageait une aura qui faisait penser à Serge Gainsbourg. Une impression renforcée par ses inamovibles lunettes noires.
„C’était un vaudou sur scène, une sorte de sorcier indien à la manière de Jim Morrison“, s’est souvenu Jean-Louis Aubert, interrogé par Le Parisien. Décédé à l’âge de 61 ans, Bashung faisait partie des rares artistes à pouvoir plaire au grand public comme aux amateurs éclairés. „Il a fait quelque chose de très exigeant musicalement, artistiquement, mais en même temps très ouvert, très populaire. En tout cas, moi, je vais être de ceux qui n’ont pas fini d’essayer de copier ses chansons“, a avoué Bénabar à France Info.
Yves Simon, qui est de la même génération que Bashung, a mis l’accent sur la „manière de psalmodier qui n’est qu’à lui“, cette „sorte de +slam+ avant l’heure“.
Car Bashung, c’était avant tout des textes, surréalistes, à la fois directs et mystérieux, voire hermétiques, et qui avaient leur propre petite musique, facilement reconnaissable. Deux paroliers ont marqué sa carrière, bien que ni l’un ni l’autre n’ait travaillé sur son dernier disque „Bleu Pétrole“: Boris Bergman, auteur en 1980 de „Gaby oh Gaby“ et „Vertige de l’amour“, qui lui ont permis de rencontrer le succès, puis Jean Fauque, devenu son collaborateur principal à partir de 1989. „On n’a pas fini de se rendre compte à quel point son oeuvre va être durable“, a déclaré à France Info Jean Fauque, qui avait notamment écrit „Osez Joséphine“, „Ma petite entreprise“ ou „La nuit je mens“. „Il était comme un frère, comme une partie de moi-même“. Bergman, lui, a salué „le chanteur qui a montré qu’on pouvait faire du rock and roll en français“. Les chanteurs qui ont rendu hommage à Bashung ont insisté sur sa gentillesse et son humilité.
„C’était quelqu’un de réservé, qui riait dans sa barbe“, a expliqué au Parisien Dick Rivers, pour lequel Bashung avait travaillé dans les années 70 avant de connaître le succès. „Il a toujours eu avec moi comme avec les autres jeunes artistes une bienveillance paternelle“, a ajouté Olivia Ruiz, tandis que pour Bénabar, c’était „à croire qu’il ne savait pas qu’il était Alain Bashung“.