Face au CovidBruno Le Maire en „good guy“: de nouvelles mesures en faveur des entreprises

Face au Covid / Bruno Le Maire en „good guy“: de nouvelles mesures en faveur des entreprises
Naguère intraitable „Père-la-Rigueur“, désormais le „good guy“: le nouveau rôle de Bruno Le Maire se confirme de plus en plus Photo: AFP/Thomas Coex

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La point de presse gouvernemental de jeudi soir n’a pas seulement été, pour le premier ministre Jean Castex, l’occasion de préciser quelles nouvelles restrictions allaient être imposées à la population pour lutter contre le coronavirus. Il a aussi permis à son collègue des Finances, Bruno Le Maire, d’annoncer un renforcement significatif des mesures d’aide économique aux entreprises.

Les mesures annoncées visent à répondre à une inquiétude de plus en plus forte des milieux concernés, tout particulièrement si cette perspective d’un reconfinement, pour l’instant écartée, devait malgré tout s’imposer face à une nouvelle vague de diffusion forte du virus. Et cela dans un contexte où la France considère que sa croissance a d’ores et déjà régressé de 11% du fait de la pandémie. Elles s’articulent autour de quatre grands axes: une nouvelle méthode de calcul du fonds de solidarité, une prise en charge des coûts fixes pour les entreprises de certains secteurs, un soutien renforcé au secteur viticole touché par les restrictions américaines à l’importation, et une aide exceptionnelle qui viendra s’ajouter au fonds de solidarité déjà existant.

S’agissant de ce dernier en effet, certaines entreprises vont pouvoir profiter de plusieurs dispositions nouvelles. En particulier, le produit de la vente à distance et de la vente à emporter (celle-ci étant très importante, en particulier, pour permettre aux restaurateurs de survivre financièrement à leur fermeture forcée) „ne sera pas comptabilisé dans le chiffre d’affaires de référence pour le calcul de l’aide au titre du fonds de solidarité“. En clair, cela signifie que ce calcul sera plus généreux puisque ne tenant pas compte de ces petites ventes de survie. Le fonds va en outre être augmenté pour les entreprises, quelle que soit leur taille, perdant au moins 70% de leur chiffre d’affaires de l’an dernier, dans la limite de 200.000 euros par mois, ce qui, pour une PME, n’est pas rien.

D’autre part, l’aide exceptionnelle venant s’ajouter aux prestations du fonds de solidarité consistera pour l’Etat à prendre en charge jusqu’à 70% des coûts fixes des entreprises contraintes à fermer (par exemple les loyers), „jusqu’à trois millions d’euros au total sur la période de janvier à juin 2021“, a précisé M. Le Maire. Là aussi, le chiffre n’est pas mince! Seront aussi aidées les activités sportives et de plein-air, notamment les stations de skis, qui ne peuvent pas s’exercer actuellement du fait de la réglementation anti-Covid.

Des perspectives moins souriantes

En outre, le ministre des Finances a annoncé jeudi soir qu’il avait obtenu des banques qu’elles accorderaient à leurs clients ayant obtenu un prêt garanti par l’Etat pour faire face à la crise sanitaire et économique actuelle une année de plus pour commencer à le rembourser (ces entreprises ne disposaient jusqu’alors que d’un an pour lancer ce remboursement). Quant aux autres prêts bancaires en cours, les entreprises qui sont toujours victimes de restrictions d’activités devraient bénéficier de la part de leurs prêteurs d’un „examen personnalisé de leurs demandes de moratoire ou de report d’échéance“.

Si ce dernier point ne coûte rien à l’Etat, et point forcément beaucoup non plus aux banques, il n’en reste pas moins frappant de voir, d’une conférence de presse à l’autre, se confirmer le nouveau rôle de Bruno Le Maire, très différent de celui qu’il tenait durant la première moitié du quinquennat de Macron. Naguère encore intraitable „Père-la-Rigueur“ (budgétaire) d’un règne qui devait être marqué par la remise en ordre des finances publiques, le voici devenu au contraire, et le Covid étant passé par là, préposé à la distribution tous azimuts de l’argent public.

Attitude d’autant plus spectaculaire qu’il apparaît toujours, à la télévision, après un premier ministre chargé, lui, d’annoncer les mauvaises nouvelles. Un peu comme s’il y avait, au sein de l’exécutif, ce que les Américains appellent, dans les westerns ou les films policiers, le bad guy et le good guy, le „méchant“ et le „gentil“ … A ce casting-là, Bruno Le Maire n’est certes pas le plus mal loti vis-à-vis de l’opinion. Mais il lui reviendra sans doute aussi, l’an prochain, de (commencer à) colmater la brèche devenue vertigineuse de la dette.