L´humaniste

Il l’a rejointe, définitivement, laissant le souvenir d’un géant physique au grand coeur. Toujours, celui qui permit à François Mitterrand, au congrès d’Epinay de rassembler la gauche et ainsi l’amener aux marches du Palais de l’Elysée en 1981, lui le prof de géo-bio véritable bâtisseur de Lille la culturelle, Lille au centre d’une agglomération de 400 communes avant de transmettre l’héritage à „la fille de Delors“, sut rester proche des plus humbles et milita une vie durant pour l’émancipation culturelle, sociale et sociétale des modestes.
Mains fines, grands gestes, sourire jovial ne furent pas une marque de fabrique, mais l’expression du caractère d’une personnalité sereine et apaisée en toute circonstances.
Il fit de la politique un art noble. On ne trompe, on ne ment pas: telle fut sa maxime. Quand il fallut aborder le tournant de la rigueur, il assuma.
Lorsqu’il fallut expliquer aux ouvriers d’Usinor que leur outil de travail fermerait, il alla sur place et prit sur lui.
Plus tard, il sut expliquer à Lionel Jospin qu’il faisait fausse route. Conseil judicieux, s’il en faut. A sa dauphine Martine Aubry, il ne cachait pas que celle qui gouverne dans la cité du Beffroy, renonce à être Parisienne.
Il y a un an, à peine opéré, il fut à l’Elysée pour assister à l’investiture du président Hollande, ayant écourté pour cela sa convalescence.
Mauroy le sage savait qu’il faut regarder de l’avant puisque la société évolue.
Premier ministre à l’époque du Mur de Berlin, il admit sans nostalgie qu’à l’ère des Goldsman Sachs et de Facebook, on agit autrement.
Mais il fut conscient qu’au-delà des évolutions, une exigence essentielle demeure: celle de placer l’homme au centre du progrès et de la réforme.

Pierre Mauroy (Foto: AFP)