Décès à 90 ans de l’académicien Maurice Druon

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Gaulliste historique et co-auteur du célèbre «Chant des partisans», l'académicien Maurice Druon, dont le décès à l'âge de 90 ans a été annoncé mardi soir, a accédé à la célébrité avec le succès de sa saga historique fleuve, «les Rois maudits», adaptée à la télévision dans les années 1970.

Né le 23 avril 1918 à Paris, il commence à publier dès l’âge de 18 ans dans des revues et journaux littéraires. Mais le jeune homme est vite rattrapé par la guerre. Elève officier de cavalerie à l’école de Saumur, Maurice Druon est ainsi en première ligne lors de la campagne de France en 1940. Après la débâcle, il entre dans la résistance, traverse clandestinement l’Espagne et le Portugal avec son oncle, l’écrivain Joseph Kessel, et s’engage finalement à Londres dans les Forces françaises libres, en 1942. Il y animera l’émission de la BBC «Honneur et Patrie». Surtout, il va y écrire en 1943 avec Joseph Kessel les paroles du «Chant des partisans», qui deviendra l’hymne de la Résistance. «Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne? / Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines?», commence ainsi ce chant poignant. A partir de 1946, Maurice Druon se consacre pleinement à sa carrière littéraire. Il reçoit le prix Goncourt en 1948 pour son roman «Les grandes familles». Mais la notoriété viendra surtout avec les sept volumes des «Rois maudits», écrits entre 1955 et 1977, qui retracent l’épopée de la famille royale de France du XIIIe au XIVe siècle. Adaptée en 1973 à la télévision, la série marquera des générations de téléspectateurs. Le 8 décembre 1966, l’arrière-neveu du poète Charles Cros entre à l’Académie française, où il sera un défenseur intransigeant du français. Il est élu secrétaire perpétuel le 7 novembre 1985. Maurice Druon n’aura fait qu’un bref passage dans la vie politique: ministre des Affaires culturelles dans le gouvernement de Pierre Messmer en 1973-74, il est député RPR de Paris entre 1978 et 1981.
En mars 2007, Nicolas Sarkozy lui avait rendu visite pendant la campagne présidentielle dans l’ancienne abbaye cistercienne où il réside, aux Artigues-de-Lussac (Gironde), pour chercher le soutien de ce gaulliste historique. «Mes premières émotions littéraires, c’est ‚Les Rois maudits»‘, avait alors affirmé le futur président, ajoutant: «Maurice Druon, ça compte dans
l’imaginaire des Français».
Et l’académicien de lui rendre le compliment: «C’est ma descendance. S’il avait eu l’âge, il aurait été chez de Gaulle avec moi». Maurice Druon avait souhaité le succès du candidat, en opposant «deux grandes conceptions politiques»: «celle d’une société d’assistance distribuant de petites aides pour aider de grandes misères», et d’autre part «celle d’une France grande, active, puissante, dont la prospérité générale retombera sur tous les citoyens».
Le chef de l’Etat a salué mardi soir «la mémoire de Maurice Druon, un grand écrivain, un grand résistant, un grand homme politique, une grande plume et une grande âme». «Il a risqué sa vie en Résistant, et cette flamme, cette passion de la France et de la liberté, ne l’a jamais quitté», écrit Nicolas Sarkozy dans un communiqué publié par l’Elysée. «Dans toutes les phases de sa féconde vie – résistant, auteur, bretteur, ministre, académicien, mémorialiste – il resta un esprit libre et fort», a également souligné le ministre de l’Education Xavier Darcos, au sujet de «son ami Maurice Druon». M. Darcos estime que la France «pleure la disparition de l’une des figures les plus marquantes de sa vie intellectuelle», tandis que le Premier ministre François Fillon a salué une vie «de courage et d’engagement».
L’académicienne Hélène Carrère d’Encausse, qui a succédé en 1999 à Maurice Druon au poste de secrétaire perpétuel, a déploré la perte d’un «ami très proche», qui avait «la passion de l’Académie» française et un «sens extraordinaire» de cette institution. «C’est une grande perte pour la vie intellectuelle française, pour la conscience politique en France», a-t-elle déclaré sur France Info.

 Maurice Druon, héraut de la langue française 
Ancien ministre des Affaires culturelles, romancier et essayiste, Maurice Druon, décédé mardi à l’âge de 90 ans, était devenu le benjamin de l’Académie Française lors de son élection en 1966, avant d’en devenir le secrétaire perpétuel en 1985. Gaulliste inconditionnel, il avait composé avec son oncle Joseph Kessel le „Chant des partisans“, hymne des maquisards en lutte contre l’occupant nazi, et consacré une grande partie de sa carrière à la défense de l’orthodoxie de la langue française. Prix Goncourt en 1946 pour „Les grandes familles“, il est l’auteur de la série en sept volumes „Les rois maudits“. Né le 23 avril 1918 à Paris, lauréat du concours général en 1936, diplômé d’études supérieures de Lettres, Maurice Druon suit les cours de l’Ecole libre des sciences politiques. Elève officier de cavalerie à Saumur, combattant en 1940, il s’évade de France en 1942, et s’engage dans les Forces Françaises Libres à Londres où il rencontre le général de Gaulle et participe aux émissions de la BBC („Honneur et Patrie“). Correspondant de guerre en Afrique du Nord, et lors des campagnes de France et d’Allemagne, il publie, la paix revenue, son premier roman, „La Dernière brigade“. Il brosse ensuite le tableau de la haute société française dans une trilogie intitulée „La Fin des hommes“ („Les Grandes Familles“ (1946), „La Chute des corps“ (1950) et „Rendez-vous aux enfers“, 1951). Maurice Druon publie ensuite „Les Rois maudits“, évocation saisissante des derniers Capétiens, puis „Alexandre le Grand“ (1958) et „Les Mémoires de Zeus“ (1963). En 1966, il est élu à l’Académie française au fauteuil de Georges Duhamel.
En avril 1973, Maurice Druon devient ministre des Affaires culturelles, sous la présidence de Georges Pompidou et créé le Conseil supérieur des Lettres et le Centre national des Lettres. Membre du conseil politique du RPR (1979-1980), député RPR de Paris (1978-1981), il est élu à l’Assemblée des communautés européennes en juin 1979, mais démissionne un an plus tard. Essayiste („La Culture et l’Etat“, 1985), dramaturge („Un Voyageur“, 1954, „La Contessa“, 1961), il est élu secrétaire perpétuel de l’Académie française en novembre 1985. Il démissionne de cette fonction en octobre 1999 et publie encore plusieurs essais, dont „Ordonnances pour un Etat malade“ (2002) et „Le Franc-parler“ (2003). Maurice Druon était grand’croix de la Légion d’honneur.