JO-2018: L’heure du choix pour le CNOSF

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Le Comité national olympique et sportif (CNOSF) décide mercredi qui d'Annecy, Grenoble, Nice ou Pelvoux portera, avec des chances de séduire le CIO, la candidature française pour accueillir les Jeux d'hiver 2018, pour lesquels la Sud-Coréenne PyeongChang est favorite.

 Echaudé par l’aventure avortée de Paris-2012, le CNOSF s’est toujours défendu d’organiser, via cette primaire inédite, un combat franco-français. Peu importe, finalement, les forces et faiblesses des dossiers. L’essentiel est de séduire suffisamment le Comité international olympique (CIO) qui éliminera les candidats les moins aptes en juillet 2010, un an avant le vote final. „Seule une candidature qui franchirait cette étape offrirait des retombées positives à la France et au mouvement sportif“, juge ainsi le CNOSF. Mercredi, les 45 électeurs du conseil d’administration vont donc tout peser avant de voter selon un protocole copié sur celui du CIO: en balance, les conclusions du rapport de la Commission d’évaluation (CE) et l’aura internationale qu’ils accolent à chacune des villes. Les premières sont connues depuis vendredi et ont provoqué un émoi proportionnel aux moyens financiers et humains que les candidates ont investi dans leur campagne. Nice et Pelvoux, dont la capacité à organiser des JO est mise en doute par les auteurs du rapport, ont vivement dénoncé leur „subjectivité“ et amateurisme supposé tandis que Grenoble et Annecy, plébiscitées, poursuivaient un duel dans l’ombre. Au CNOSF, on se refuse à envisager une finale à deux entre les deux villes des Alpes du Nord. „Paris-2012 avait le meilleur dossier devant Madrid et Londres“ finalement choisie, rappelle Henri Sérandour, président du CNOSF.
Le scénario zéro candidature
 D’autant plus que les dossiers les moins bien notés par la CE sont ceux qui présentent le plus de „personnalité“. Grenoble et Annecy, villes de montagne, proposent des Jeux traditionnels, avec un noyau urbain et des sites compacts, quand Pelvoux et Nice jouent sur un registre différent. Le petit village des Hautes-Alpes (à 1200 mètres d’altitude) entend organiser les premiers Jeux d’hiver à la montagne, écologiques et à taille humaine, tandis que la métropole de la Côte d’Azur joue sur son „coeur de métier“, l’accueil et le tourisme, ainsi que sur sa réputation internationale et son glamour pour compenser l’éloignement de ses sites alpins. Quel que soit le choix du CNOSF, la route du futur candidat est semée d’embûches. Car la France ne sera, si elle est pré-sélectionnée, pas favorite avant le vote, en juillet 2011 à Durban (Afrique du Sud). Déclarée depuis deux ans, la ville Sud-coréenne de PyeongChang, battue pour 2010 et 2014 a, après deux candidatures malheureuses, toutes les infrastructures nécessaires. En Europe, Munich est un concurrent sérieux même si la ville allemande pâtit du même handicap que la France avec l’assimilation par le CIO de Sotchi (Russie, hôte des JO 2014) à une ville européenne, ce qui imposerait quasiment de changer de continent pour les Jeux de 2018. Dernier scénario possible, bien que peu probable: le CNOSF peut décider mercredi de n’envoyer personne au combat olympique. Si aucune ville n’obtient la majorité absolue, faute de confiance en la victoire finale, il n’y aura pas de candidature française pour 2018.

 JO-2018: Nice, une candidature, deux pôles 
Principales caractéristiques du dossier de Nice, candidat à la candidature pour organiser les jeux Olympiques d’hiver 2018:
Ville: Nice 350.000 habitants/1 million dans l’agglomération (5e ville de France).
Slogan: L’Union Alpes-Méditerranée
Sites:
– Cérémonies d’ouverture et de clôture à Nice – Village olympique à Nice – Sites sportifs: la glace à Nice, la neige et le bobsleigh dans les stations du Mercantour)
Ski alpin: Auron (arrivée à 1600m d’altitude), première station des Alpes du Sud à avoir accueilli les Championnats de France de ski (1938) où serait construite une nouvelle piste de descente messieurs. Ski de fond/nordique/saut/Biathlon: Valberg Snowboard/Ski acrobatique: Isola 2000 Patinage artistique/vitesse/Hockey sur glace: Nice Bobsleigh/Luge/Skeleton: Saint-Etienne de Tinée
Distances: les sites se situent dans un rayon de 60 km à vol d’oiseau autour de Nice

Infrastructures à construire: Environ 65% des infrastructures existent ou sont programmées que Nice ait ou non les JO, selon le comité de candidature. Un grand stade est ainsi prévu dès 2013 dans la plaine du Var où seront concentrées les activités olympiques et d’où part la route pour les stations. Si Nice est choisie par le CIO, trois patinoires provisoires seront construites. Dans les stations du Mercantour, la piste de bobsleigh, le tremplin de 140 m, deux tremplins d’entraînement et un pas de tir resteraient à construire et la piste de descente masculine aménagée. 371 millions d’euros seraient consacrés aux infrastructures sportives. En matière de transport, 400 millions d’euros ont été investis ces six dernières années pour améliorer l’accès aux stations desservies à 50% par des quatre voies. La ligne 2 du tramway desservira bientôt la plaine du Var et le prolongement de la ligne TGV est sur les rails. Au total, le plan transport coûterait 1,8 milliard d’euros. En ce qui concerne l’hébergement, Nice comporte largement assez de lits en zone urbaine pour coller aux exigences du CIO mais construirait tout de même de toutes pièces un village olympique, en ville, et des hébergements dans les sites de montagne.
Enfin, en raison de sa situation géographique, la région a investi 150 millions d’euros ces dernières années afin de rénover les dispositifs d’enneigement artificiel.
Transport: L’aéroport de Nice est le deuxième de France et dessert 100 destinations dans 28 pays. La ville est aussi desservie par le TGV.
Histoire de la candidature: Christian Estrosi a imposé son projet à peine devenu maire de Nice, au printemps dernier. „C’est la vision d’un homme“, juge Bernard Macario, coordinateur du groupe de pilotage qui oeuvre derrière le maire.

Soutiens: Quelques skieurs du cru comme Chrystel Pascal, Johann Grégoire ou Marielle Goietschl mais Nice s’appuie aussi sur les locaux Alain Bernard ou le navigateur Jean-Pierre Dick.
Points faibles relevés par la commission d’évaluation du CNOSF: L’éloignement, l’accessibilité et l’hébergement des sites de montagne. L’impact sur l’environnement des travaux à réaliser pour améliorer ce point et les moyens de transport vers les stations.
Points forts relevés par la commission d’évaluation du CNOSF: La grande qualité du Pôle glace et des installations urbaines (village olympique, stade pour les cérémonies). La qualité des transports urbains et notamment la grande proximité de l’aéroport international.

 JO-2018: Grenoble, cinquante ans après, la favorite naturelle
caractéristiques du dossier de Grenoble, candidate à la candidature pour organiser les jeux Olympiques d’hiver 2018:

Ville: Grenoble 158.000 habitants/560.000 dans l’agglomération Slogan: Isère, coeur des Alpes
Sites:
– Cérémonies d’ouverture et de clôture à Grenoble – Village olympique à Grenoble – Sites sportifs (répartis en trois pôles: l’Oisans avec l’alpin, le Vercors pour le nordique et Grenoble pour la glace) Ski alpin: Les Deux Alpes. La piste du Diable, aux Deux Alpes (altitude 1600 m à l’arrivée), „bijou caché“ de la candidature selon ses promoteurs, a déjà été visitée par l’ancien champion olympique suisse de descente Bernhard Russi, architecte de pistes de ski alpin qui a promis d’y réaliser l’une des cinq plus belles descentes du monde, visible de haut en bas. Ski de fond/nordique/saut/Biathlon: Autrans, Meaudres Snowboard: Alpes d’Huez Ski acrobatique: Chamrousse. Théâtre du triplé de Jean-Claude Killy en 1968, cette station de la „banlieue“ de Grenoble devait absolument figurer dans le projet mais ne pouvait accueillir les épreuves d’alpin en raison des exigences du CIO pour des Jeux modernes. Patinage artistique/vitesse/Hockey sur glace: Grenoble Bobsleigh/Luge/Skeleton: La Plagne. Afin d’économiser le coût de la construction d’une piste de bob, le comité de candidature a choisi d’utiliser l’unique piste française, comme sa rivale Annecy d’ailleurs.
Distances: Les sites se trouvent dans un rayon de 40 km à vol d’oiseau (unité de mesure du CIO) de Grenoble.
Infrastructures à construire: Comme les autres candidates, Grenoble manque de patinoires que le CIO exige au nombre de cinq. Deux restent donc à construire pour accueillir les épreuves de hockey et seraient reconverties en équipements sportifs d’été. Par ailleurs, la construction d’un anneau de vitesse serait amortie par l’utilisation ultérieure du toit pour couvrir une future piscine olympique.
Autrans disposant déjà d’un tremplin de 90 m, seul un tremplin provisoire de 120 m serait à construire. La construction de l’ensemble des infrastructures sportives, y compris l’hébergement des athlètes dans le village olympique de Grenoble et en altitude dans l’Oisans et le Vercors, représenterait un investissement de 252 millions d’euros. Indépendamment des JO, un programme de deux milliards d’euros de réhabilitation des routes pour l’accès aux stations a été lancé et couvrirait 95% des besoins olympiques selon Stéphane Siebert, adjoint au maire chargé du dossier. Par ailleurs, la ligne TGV reliant l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry à Grenoble est en projet quoi qu’il advienne de la candidature. „Son succès ne ferait que l’accélérer“, estime M. Siebert qui croit par ailleurs beaucoup au concept des „jeux sans voiture“ avec des transports effectués intégralement par des véhicules électriques propres. En ce qui concerne l’hébergement, Grenoble dispose de suffisamment de lits en quantité mais ne répond pas au cahier des charges du CIO en matière de qualité. „Nous envisageons un renforcement de l’hôtellerie 4 étoiles qui ne serait pas forcément définitif“, selon l’adjoint au maire.
Transport: L’aéroport officiel de la candidature est celui de Lyon (3e de France), à 90 km par la route, que le TGV devrait mettre à 45 minutes de Grenoble en 2018, soit à 2h30 de Paris.
Histoire de la candidature: Les Jeux de Salt Lake City en 2002, et le succès de nombreux athlètes de la région (notamment Carole Montillet et Isabelle Blanc) ont fait germer l’idée de cette candidature qui ramènerait en outre les Jeux à Grenoble 50 ans après ceux de 1968, marqués par les trois titres de Jean-Claude Killy.

Soutiens: Michel Destot, le maire de Grenoble, initiateur et porteur de la candidature, peut compter sur de nombreux sportifs au palmarès solide en sports d’hiver: Montillet, Blanc, Florence Masnada, Raphael Poirée, Gwendal Peizerat, Alain Calmat…

Points faibles relevés par la Commission d’évaluation du CNOSF: Le nombre important de structures d’hébergement à réaliser. L’utilisation quasi-exclusive de transports routiers et leur impact sur l’environnement. La faisabilité des „Jeux sans voiture“ promis.
Points forts relevés par la Commission d’évaluation du CNOSF: La concentration et la bonne accessibilité des sites. L’excellence du plan transport „multimodal“. L’expérience et le savoir faire en matière d’organisation d’événements.

 JO-2018: Annecy, le Mont Blanc en embuscade 
Principales caractéristiques du dossier d’Annecy, candidat à la candidature pour organiser les jeux Olympiques d’hiver 2018:

Ville: Annecy, 50.000 habitants (160.000 dans l’agglomération) Slogan: „Un enjeu grandeur nature“
Sites:
– Cérémonies d’ouverture et de clôture à Annecy. – Villages olympiques à Annecy et dans la plaine du Mont Blanc. – Sites sportifs (Une dizaine répartis en trois pôles: Annecy-Aravis, les Portes du Soleil, Mont-Blanc). Ski alpin: Chamonix-Les Houches (altitude 1000 m à l’arrivée), théâtre des premiers Jeux d’hiver en 1924, abritent l’une des trois pistes de descente françaises homologuées par la FIS, celle du Kandahar, et accueilleraient donc la descente hommes et l’ensemble des épreuves masculines alors que les dames courraient à Morzine-Avoriaz. Ski de fond/nordique/saut: La Clusaz. Biathlon: Le Grand Bornand.
Snowboard: Flaine. Ski acrobatique: La Clusaz ou Megève. Patinage artistique/vitesse: Annecy. Bobsleigh/Luge/Skeleton: La Plagne (Savoie/installation d’Albertville-1992). Hockey sur Glace: plaine du Mont Blanc, Megève, Chamonix.
Distances: Les sites les plus éloignés, Chamonix et Avoriaz, se situent à plus de 60 km à vol d’oiseau d’Annecy. Tous les sites sont accessibles par deux itinéraires.

Infrastructures à construire: 80% des infrastructures existent déjà selon Christian Monteil, président du conseil général de Haute-Savoie et coprésident du comité de pilotage de la candidature. En terme d’équipements sportifs, Annecy manque de deux patinoires, d’un anneau de vitesse et d’un tremplin. Leur construction représenterait la quasi totalité des investissements pour les infrastructures sportives, soit 231,5 millions d’euros.
En matière de transport, le comité de candidature estime la zone olympique suffisamment dotée en routes et autoroutes mais entend améliorer la desserte ferroviaire en se reliant notamment à l’axe TGV Lyon-Turin. Un projet qui verra le jour, jeux Olympiques ou pas. En ce qui concerne l’hébergement, Annecy voit large en incluant la Savoie dans ses comptes, soit plus d’un million de lits.
Transport: Genève-Cointrin, à 30 minutes, serait l’aéroport officiel de la ville olympique. Celui de Lyon n’est qu’à 1 heure et Annecy est relativement bien desservie par le TGV.
Soutiens: Volontairement dans l’ombre, les deux coprésidents du comité de pilotage de la candidature, Jean-Luc Rigaut, maire d’Annecy, et Christian Monteil, président du conseil général, donnent de préférence la parole aux champions: Perrine Pellen, Antoine Dénériaz et Edgar Grospiron en tête. Sandrine Bailly, Vincent Vittoz et Aimé Jacquet complètent le panel de sportifs quand le restaurateur Marc Veyrat, le patron de Danone Franck Riboud ou le photographe Yann Arthus-Bertrand apportent le soutien de la société civile.
Histoire de la candidature: Annecy était déjà prête à déposer une candidature, tout comme Grenoble, à l’organisation des JO-2014. Mais le CNOSF, alors concentré sur le projet Paris-2012, avait refusé de présenter un dossier français.

Points forts relevés par la Commission d’évaluation du CNOSF: La pertinence du système de transport existant et des investissements à venir qui privilégient les voies ferroviaires. L’expérience et le savoir-faire en matière d’événements internationaux. L’utilisation d’équipements existants qui limite les coûts et l’impact sur l’environnement.
Points faibles relevés par la Commission d’évaluation du CNOSF: La dispersion des sites de compétition compensée toutefois par une bonne accessibilité. La qualité de l’hébergement, pour la plupart proposé en appartements.