Ecrire c’est „écouter le bruit du monde“

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Jean-Marie Gustave Le Clézio, qui vient de recevoir le Nobel de littérature 2008, est un des maîtres de la littérature francophone contemporaine, auteur d’une oeuvre prolifique perçue comme une critique de la civilisation urbaine agressive et de l’Occident matérialiste. Claude Casteran

Ce grand voyageur, romancier de la solitude et de l’errance, admirateur de Stevenson et de Conrad, est depuis longtemps en France un auteur-culte, qui peut se targuer de vendre beaucoup de livres en maintenant un haut niveau d’exigence.
Grand blond aux yeux bleus et à l’allure photogénique de cow-boy élégant, J.M.G. Le Clézio est un homme lumineux et pudique, moins sauvage qu’on ne le dit parfois, qui parle d’une manière aussi sereine qu’affirmée. On l’appelle „l’écrivain nomade“, „un indien dans la ville“ ou „le panthéiste magnifique“: surnoms justifiés parce qu’il est un amoureux de la nature, parce qu’il a créé un univers imaginaire où les Mayas dialogueraient avec les Embéras (indiens de Panama) et les nomades du sud marocain avec des Marrons, esclaves échappés des plantations mauriciennes.
Son oeuvre, largement traduite, atteste d’une nostalgie des mondes premiers. Jusqu’aux années 80, il avait une image d’écrivain novateur et révolté, autour des thèmes de la folie et du langage, mais ensuite, il a écrit des livres plus sereins où l’enfance, le souci des minorités, l’attrait du voyage passaient au premier plan, touchant un plus large public.
J.M.G. Le Clézio est né le 13 avril 1940 à Nice d’une famille bretonne (son nom signifie „les enclos“ en breton) émigrée à l’Ile Maurice au 18e siècle. Son père était un Anglais, médecin de brousse en Afrique (en fait, un homme né à l’Ile Maurice d’origine bretonne) et sa mère une Française.
Après sa licence de lettres, il travaille à l’Université de Bristol et de Londres. Autour des années 70, il voyage au Mexique et au Panama où il vit plusieurs mois auprès des Indiens. „Cette expérience a changé toute ma vie, mes idées sur le monde de l’art, ma façon d’être avec les autres, de marcher, de manger, de dormir, d’aimer et jusqu’à mes rêves“, a dit ce révolté calme.
On a parlé à son propos de „métaphysique-fiction“: dans ses romans, à l’écriture classique et limpide, parfois faussement simple, il remet en question les fondements de la littérature traditionnelle sans se contenter du superficiel mais avec la volonté de „fouiller au plus tragique, au plus vrai, pour trouver la langage déchirant qui soulève les émotions et transforme peut-être la nuit en ombre“.
„J’ai le sentiment d’être une petite chose sur cette planète et la littérature me sert à exprimer ça. Si je me hasardais à philosopher, on dirait que je suis un pauvre rousseauiste qui n’a rien compris“, a-t-il dit. J.M.G. Le Clézio, qui fait partie du jury français Renaudot depuis 2002, a débuté en fanfares: à 23 ans, il publie „Le procès-verbal“ qui lui vaut d’emblée le succès et le prix Renaudot.
Il a poursuivi avec „La fièvre“, „Le déluge“, „L’extase matérielle“, „Terra amata“, „Le livre des fuites“, „La guerre“, „Voyages de l’autre côté“, „Désert“ (un de ses meileurs livres), „Le chercheur d’or“, „Voyage à Rodrigues“, „Onitsha“, „Etoile errante“, „Diego et Frida“, „Le poisson d’or“, „Révolutions“, „Ourania“ et son dernier, en 2008, „Ritournelle de la faim“. Il vit depuis longtemps, avec sa femme Jémia et leurs deux filles, à Albuquerque (Nouveau-Mexique, Etats-Unis).
On dit qu’il ne lit pas la presse et n’écoute pas la radio. Cela ne le coupe pas de la France: il se rend souvent à Nice et dans sa demeure bretonne de la baie de Douarnenez et considère que „c’est avec la langue, avec les livres, qu’on peut encore parler de la France d’aujourd’hui, la voir exister dans la convergence de courants“. 

Les oeuvres de Le Clézio   
 „Le procès-verbal“
 „Le jour où Beaumont fit connaissance avec sa douleur“
 „La fièvre“
 „Le déluge“
 „L’extase matérielle“
 „Terra amata“
 „Le livre des fuites“, roman d’aventures.
 „La guerre“
 „Haï“
 „Mydriase“
 „Les géants“
 „Voyages de l’autre côté“
 „Les prophéties du Chilam Balam“
 „L’inconnu sur la terre“
 „Vers les icebergs“
 „Voyage au pays des arbres“
 „Mondo et autres histoires“
 „Désert“.
 „Trois villes saintes“
 „Lullaby“
 „La ronde et autres faits divers“
 „Celui qui n’avait jamais vu la mer“; suivi de „La montagne du dieu vivant“
 „Balaabilou“
 „Le chercheur d’or“
 „Villa Aurore“; suivi d‘„Orlamonde“
 „Voyage à Rodrigues“
 „Le rêve mexicain ou la pensée interrompue“
 „Printemps et autres saisons“
 „La grande vie“; suivi de „Peuple du ciel“
 „Onitsha“
 „Étoile errante“
 „Pawana“
 „Diego et Frida“
 „La quarantaine“
 „Poisson d’or“
 „La fête chantée“
 „Hasard“; suivi d’„Angoli Mala“
 „Coeur brûlé et autres romances“
 „Révolutions“
 „L’Africain“
 „Ourania“
 „Raga: approche du continent invisible“
 „Ballaciner“
 „Ritournelle de la faim“.