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France / Macron cède du terrain
Un employé d’une société d’affichage placarde les affiches de la campagne officielle des candidats à l’élection présidentielle Photo: AFP/Philippe Lopez

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A guère plus de dix jours de l’élection présidentielle, si Emmanuel Macron reste clairement en tête des intentions de vote – y compris aussi pour le second tour – les sondages traduisent tout de même un certain rétrécissement de son avance sur Marine Le Pen. Subsidiairement, ils permettent de tirer quelques enseignements sur la campagne des autres prétendants à la seconde place.

L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, au moment où la présidence tournante du Conseil de l’UE mettait sur la sellette le chef de l’Etat français, ne pouvait guère, dans un premier temps, que faire progresser ce dernier dans des sondages qui lui étaient déjà largement favorables. Le président sortant, il y a une semaine encore, caracolait en effet à plus de 30% des intentions de vote pour le 10 avril.

Mais l’installation de la guerre dans l’actualité quotidienne, le caractère pour l’instant infructueux des démarches de Macron en direction de Moscou, et le fait que même les candidats qui étaient jusqu’alors fort bienveillants à l’égard de Poutine (surtout Jean-Luc Mélenchon à l’extrême gauche populiste, mais aussi Marine le Pen et Eric Zemmour à l’extrême droite) ont précipitamment révisé leur position sur le dictateur russe, tout cela a un peu changé la donne.

Et le score présidentiel, encore virtuel puisqu’il ne s’agit que de sondages, est redescendu de plusieurs points, cependant qu’au contraire celui de la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, progressait substantiellement, pour atteindre aujourd’hui, voire dépasser, les 20%. Sans doute en faudrait-il plus pour menacer sérieusement l’homme de l’Elysée. Mais la façon dont fait (ou plutôt ne fait guère) campagne le président sortant, qui ne prévoit qu’un seul grand meeting, samedi 2 avril à Paris, dans la salle géante de La Défense, qui compte quelque 40.000 places, déléguant à ses ministres le soin de le représenter dans de beaucoup plus petites réunions en province, a fini par irriter.

La „pasionaria“ du pouvoir d’achat

Beaucoup reconnaissent sans doute que l’actualité internationale ne lui laisse guère le loisir de battre les estrades, mais nombre d’électeurs auraient aimé qu’il eût un peu moins l’air de tenir la campagne présidentielle pour une formalité et sa réélection pour acquise … S’y sont ajoutées, ces derniers jours, quelques difficultés supplémentaires, comme le regain de tension en Corse, la recrudescence des violences urbaines et l’affaire dite „des cabinets conseils“: une commission sénatoriale vient de révéler que le recours systématique du pouvoir à ces dispendieuses officines privées, doublonnant avec les services de l’Etat, avait coûté un milliard d’euros aux Français l’an dernier.

Marine Le Pen, de son côté, a poursuivi assez habilement son chemin. On n’en est plus à la „dédiabolisation“ qu’elle avait entreprise au début du quinquennat pour essayer de faire oublier l’héritage du Front national de son père: c’est largement fait. L’offensive d’Eric Zemmour, qui a semblé d’abord victorieuse, lui a finalement rendu service par ses outrances, voire ses violences, en la rendant, par comparaison, presque modérée. Et le polémiste d’extrême droite stagne désormais autour de 10% des intentions de vote, soit la moitié, en gros, de celles favorables à Mme Le Pen.

En outre, celle-ci, négligeant pour un temps ses emballements anti-immigration de naguère, s’est résolument positionnée comme la „pasionaria“ du pouvoir d’achat. Thème certes facile à exploiter en ces temps de hausses tarifaires en tous genres et d’incertitudes économiques angoissantes, mais qui, surtout auprès du public socialement modeste qui est souvent le sien, ne peut que porter face à un président sortant – et, au-delà, à un pouvoir en place – que l’opinion a vite fait de rendre responsable, au moins en partie, de cette situation.

Vers des reclassements?

Reste le cas, souvent commenté, de Jean-Luc Mélenchon. Il semble profiter des difficultés de ses rivaux de gauche, qui ne parviennent pas à décoller, et continuent même presque tous, au contraire, à régresser, avec des scores tous inférieurs à 5%, voire 2% pour Anne Hidalgo, candidate du PS. Mélenchon et ses amis ne veulent pas parler de „vote utile“, au motif – estimable – que „personne n’est inutile“, mais de „vote efficace“. Il a fini par se hisser à 14% des intentions de vote. Mais une présence au second tour semble bien difficile à arracher, sans parler d’une victoire finale.

Quant à l’infortunée Valérie Pécresse, candidate du parti LR, elle ne s’est décidément jamais remise de son calamiteux premier meeting. Elle n’est pourtant pas dépourvue de propositions, de soutiens, et même d’un certain talent de débatteuse lorsque, abandonnant les tribunes qui lui sont funestes, elle affronte adversaires ou journalistes à la télévision. Mais rien n’y fait: avec 10 à 11% des voix potentielles, les sondages n’enregistrent désormais que sa stagnation.

Son échec, surtout si c’est dès le premier tour, pourrait bien susciter au sein des Républicains de sérieux reclassements, si ce n’est un éclatement, pour l’après-élection. Mais ne sera-ce pas aussi le cas chez les socialistes?

lupus-canis
30. März 2022 - 12.21

surtout Jean-Luc Mélenchon à "l’extrême gauche populiste", c'est quant même un peu exagéré