ForumMars Schlechter: un super mec, un vrai humaniste, un ami fidèle

Forum / Mars Schlechter: un super mec, un vrai humaniste, un ami fidèle
 Photo: Editpress/Alain Rischard

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Non, ce n’était pas une surprise pour nous, ses amis du mardi**, qui déjeunent régulièrement ensemble depuis plus de 15 ans, quand nous avons appris la nouvelle de sa disparition. On le savait en petite forme depuis des semaines, lui qui, jusqu’à récemment, tenait à nous rejoindre coûte que coûte, toutes les semaines. Mais son absence totale depuis l’été était loin de nous rassurer. Certes, on avait des nouvelles régulièrement, on commentait et on regrettait son absence. Une personne de contact de notre groupe allait aux nouvelles régulièrement et faisait le rapport.

Comme ses compères du mardi, Mars ne se prenait pas trop au sérieux, il avait gardé jusqu’au bout cette capacité à faire preuve d’empathie, en toute circonstance, il était capable de garder un certain calme, une forme de stoïcisme, comme un vrai capitaine qui tenait le gouvernail, également à l’occasion d’une tempête. Mais pour de vrais sujets, politiques ou autres, il a toujours su faire preuve d’une forme de passion qu’il aimait partager avec la ronde, qu’il avait rejoint il y a cinq ans à peu près. Oui, c’était un vrai passionné de la politique (et du sport), rien ne lui échappait, tout l’intéressait. Jusqu’à la fin, il a été guidé par sa simplicité, mais loin d’être un simplet, une jovialité, un sens pragmatique et un sens de l’analyse hors du commun, un vrai talent, que beaucoup lui enviaient, et qui lui permettait de trouver facilement le contact avec quiconque. Il pouvait parler avec le petit employé ou l’ouvrier au même titre qu’avec le banquier ou un chef d’entreprise. Il avait une opinion sur tout, et il aimait la partager, convaincre, échanger, toujours avec cette passion qui se traduisait par un regard, où une étincelle qui brillait régulièrement dans ses yeux, renforçant ses paroles. Et il avait une façon de parler tout à fait spéciale, une intonation unique, il savait intéresser et attirer l’attention du dernier quidam, son langage était empreint de mots simples, mais pas ordinaires.

Dernièrement, et depuis que sa forme avait commencé à prendre une pente descendante, on se relayait pour aller le chercher à la maison, et on l’accompagnait au retour. Comme jadis, il détestait rentrer le premier, et chaque repas devait se terminer par au moins un „colonel“. Il avait gardé l’endurance d’un jeune premier, même les plus jeunes (sic) de notre groupe avaient des problèmes pour garder le rythme, pour „rester dans la roue“.

Certes, il pouvait se prévaloir d’une carrière politique hors normes, il avait réussi à occuper tous les mandats politiques possibles et imaginables et lui-même, humblement, aimait raconter qu’à l’occasion de son entrée en politique, il n’aurait jamais pensé faire un parcours pareil.

Quel mec!

Il a su rester le même, jovial, simple, aimant la société et les gens, respectant son prochain, même son adversaire. L’arrogance? Il ne connaissait pas. Le fait de n’avoir pas eu d’ennemis, ou à peine, en dit long sur sa façon de traverser la vie. Il y avait un petit bémol quand même, quand il a dû assumer une légère erreur à l’occasion de recueillir, à l’occasion des élections législatives de 1989, du blé pour le financement du parti (pas sa campagne personnelle). Responsable, mais pas coupable? D’autres, plus responsables et plus coupables que lui, mais moins courageux, avaient pris rapidement la poudre d’escampette, lui ont rapidement tourné le dos en faisant le canard, le laissant seul sur le pont à affronter la tempête. Tout en profitant bien sûr de la manne citée. On les connaît, ces profiteurs, ces opportunistes de la pire espèce …

Ah, on a failli oublier. Les plus grandes fiertés de Mars, en tant que ministre des Travaux publics, furent deux réalisations qui mériteraient les adjectifs durables et même visionnaires. Il y eut d’abord la construction ultrarapide du tunnel au Waldhof-Grünewald, pour sécuriser ce carrefour qui a coûté la vie à un nombre incroyable de personnes. En bousculant quelque peu les procédures, il a fait en quelques mois ce que d’autres auraient mis des années à réaliser. Et puis il a fait construire la première et la dernière route en béton, le contournement de Dudelange.

Les anecdotes seraient nombreuses à raconter, mais l’endroit n’est pas indiqué pour ce faire.

Sauf une, celle en relation avec Maxi, son chien bien-aimé. Quand il était en forme, tout en autodérision, il racontait fièrement que, tous les deux, ils avaient le même nez, rappelant la carrière de boxeur de Mars. Il avait pris l’habitude de se faire accompagner partout, lorsqu’il conduisait l’autobus des CFL, mais également, plus tard, dans la voiture ministérielle, par son chien fidèle depuis des années, qui était également son compagnon de route. D’aucuns, pour rigoler, le présentaient comme le premier conseiller de gouvernement du ministre. Cela ne plaisait pas, mais alors pas du tout, au chef de file du parti, qui le lui fit savoir sans ménagement, devant l’ensemble du groupe parlementaire. Réponse cinglante de Mars: „Cher J, je vais te dire une chose une fois pour toutes: tel qui n’aime pas les animaux, n’aime pas non plus les êtres humains. Maxi est avec moi toujours et partout depuis des années, et il le restera! Point à la ligne.“

Du Mars tout craché. Rien à ajouter.

Ciao cher ami!

Pour nous, ce fut un vrai plaisir et une fierté de t’avoir eu comme compagnon de route …


* anciens députés

** ses copains du mardi: Camille W*, Norbert W, Jean S*, Norry J, Aloyse K, Claude H*, Raym S, Mulles H, Aender F, Louis R, André M, Jhemp S, Pierre P, Marcel S.

CG
17. November 2023 - 11.21

@rowohlfart Tout ce qu'il fallait dire sur un vrai socialiste.

rowohlfart
17. November 2023 - 10.36

Voilà bien décrit cet homme admirable que fut Marcel Schlechter. Des politiques de sa trempe, d'une authenticité naturelle, des socialistes vraiment socialement engagés, sont en voie de disparition ou du moins se font de plus en plus rares. Marcel était d'origine modeste et il est resté fidèle à soi-même tout au long de sa carrière exceptionnelle. Merci aux auteurs pour leur témoignage et cet hommage touchant et mérité à leur ami disparu. Il va leur manquer comme il manquera à tous qui ont eu la chance de le côtoyer.

JJ
17. November 2023 - 9.16

" On les connaît, ces profiteurs, ces opportunistes de la pire espèce." Exact. On devrait les nommer pour avoir un peu de sel dans la soupe. Mais, qui bono? Bon article d'adieu pour un " straight man".Bravo.