Tour de France – Ricco positif, son équipe quitte la course

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L'Italien Riccardo Ricco a été contrôlé positif dans le Tour de France que son équipe Saunier Duval a renoncé à poursuivre, jeudi matin, au départ de la 12e étape à Lavelanet (Ariège). Ricco, vainqueur de deux étapes de montagne (Super-Besse, Bagnères-de-Bigorre) et l'une des attractions de la course, a été déclaré positif à l'EPO.

Ce troisième cas positif depuis le départ a été confirmé par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). Son président Pierre Bordry a refusé d’en détailler la nature mais a précisé que l’Italien faisait partie des coureurs dont les paramètres sanguins avaient semblé suspects après analyse des prélèvements des 3 et 4 juillet. Selon le site internet de l’Equipe, Ricco aurait utilisé une EPO retard récemment mise sur le marché, la CERA. Présent dans le mobil-home de son équipe au départ de l’étape, Ricco a été emmené par des gendarmes à 12h50 (10h50 GMT), soit une demi-heure après l’annonce de la nouvelle, dans une voiture de son équipe. Dans une immense cohue, le responsable de la formation espagnole sur le Tour, Matxin Fernandez, a déclaré ensuite que son équipe se retirait de la course et suspendait momentanément son activité cycliste.
Comme en 2007 ————- Saunier Duval comptait encore sept coureurs dans le Tour après la 11e étape. Notamment le grimpeur italien Leonardo Piepoli, le vainqueur lundi dernier de l’étape de Hautacam qui est très lié avec Ricco. L’Espagnol Juan Jose Cobo, qui occupait la huitième place du classement général juste devant Ricco, ses compatriotes David de la Fuente, Josep Jufre et Jesus Del Nero, le Suisse Rubens Bertogliati, sont les autres coureurs concernés par cette décision.
Ce retrait a replongé le Tour dans le scénario de l’année passée quand l’équipe Astana avait quitté la course après le contrôle positif (transfusion sanguine) de son leader, le Kazakh Alexandre Vinokourov. Cofidis avait fait de même après celui de l’Italien Cristian Moreni. Leader de sa formation, Ricco était devenu à l’âge de 24 ans l’un des coureurs en vue du Tour auquel il participait pour la deuxième fois. Deuxième du dernier Giro derrière l’Espagnol Alberto Contador, il avait décidé tardivement de courir le Tour comme l’avait fait en 1998 son idole, l’Italien Marco Pantani, décédé en 2004 d’une overdose de cocaïne près de six ans après sa victoire dans la Grande Boucle. „Il est fou !“, s’est exclamé Pietro Algeri, l’un de ses directeurs sportifs. „Je ne sais pas ce qu’il faut faire. Tout cela me donne envie de rentrer chez moi et de quitter le cyclisme“.
Le troisième cas —————- Insensible aux rumeurs qui l’accompagnaient depuis son émergence en mars 2007 dans Tirreno-Adriatico, Ricco s’était toujours retranché jusqu’à présent sur une explication naturelle pour un hématocrite élevé, au-dessus de l’ancien plafond des 50 %.
Selon son équipe, le coureur de Modène -recalé dans les sélections amateurs pour ce problème- avait ensuite obtenu de la part de l’Union cycliste internationale (UCI) un certificat attestant cet hématocrite après s’être soumis à une batterie d’examens médicaux. Ricco avait alors été recruté en 2006 par Saunier Duval, équipe dont la réputation a été écornée dans le peloton par son outrancière domination au Tour du Pays Basque 2007. L’année passée, Piepoli avait connu aussi quelques soucis. Déclaré positif au Giro (salbutamol), il avait pu s’abriter derrière une autorisation d’usage thérapeutique pour ne pas être sanctionné. Le contrôle positif de Ricco est le troisième dans le Tour 2008 après ceux des Espagnols Manuel Beltran (Liquigas) et Moises Duenas (Barloworld), tous deux déclarés positifs à l’EPO par l’AFLD en charge pour la première fois des contrôles sur la course. „La lutte avance, c’est une confirmation. On s’est souvent gaussé de l’incapacité à trouver. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’écart (entre les tricheurs et l’antidopage) s’est réduit“, a brièvement commenté le directeur du Tour Christian Prudhomme.



Tour de France – Ricco, le cobra qui a voulu ressembler au Pirate
 
Riccardo Ricco, sorti jeudi matin du Tour de France, a poussé la comparaison avec son idole, le grimpeur italien Marco Pantani, jusqu’à quitter un grand tour entre deux gendarmes, suite à un problème lié au dopage. A Madonna di Campiglio, le Pirate italien (vainqueur du Tour 1998) était parti du Giro 1999 à cause d’un hématocrite hors norme, prélude à une déchéance progressive qui aboutit à son décès d’une overdose de cocaïne en février 2004. A Lavelanet, c’est un contrôle antidopage positif qui a brutalement interrompu la carrière du „Cobra“, le surnom de ce coureur atypique et provocateur de 24 ans. Natif de Formigine, une localité proche de Modène (nord-est), Ricco a failli être écarté du peloton professionnel avant même de le rejoindre. Rejeté des sélections nationales à cause d’un hématocrite élevé, il avait dû se soumettre à une batterie d’examens afin d’obtenir un certificat attestant que ce taux était naturel.
Sans attendre, Ricco s’est fait un nom dès sa deuxième saison dans l’élite, en 2007. Sur le vélo, en mettant le feu à Milan-Sanremo puis en gagnant une étape de montagne du Giro, dans les Dolomites, avec l’assentiment de son coéquipier Leonardo Piepoli. En coulisses aussi, en fustigeant la passivité des coureurs anonymes du peloton: „Ils se comportent comme des légumes !“ „Parfois, je ferais mieux de réfléchir avant de parler, avait-il ensuite reconnu, mais je ne veux pas me brimer, c’est aussi l’instinct qui me rend fort sur la route.“

Le mythe Pantani —————- Caractère de feu, du genre „je dis ce que je pense et je fais ce que je dis“, Ricco a passé la vitesse supérieure cette année. Deux étapes du Giro et la deuxième place du classement final sont venus s’ajouter à son CV. Mais le grimpeur de la Saunier Duval, l’équipe qui lui a fait signer son premier contrat professionnel en 2006, a surtout voulu ressusciter le mythe Pantani. Ses démarrages fulgurants en montagne, sa facilité et son sens du défi ont établi un début de légende. L’illusion s’est brutalement déchirée dans le Tour, un mois et demi après la fin d’un Giro dont il avait été une des grandes vedettes. Ce Tour d’Italie ne l’avait pas laissé indemne à l’entendre. Le „Cobra“ avait décidé ensuite tardivement de courir le Tour de France qui ne figurait pas à son programme et avait adopté profil bas au moment d’annoncer ses ambitions. „J’ai déjà connu le stress du classement général sur le Giro. Donc là, je ne veux me mettre aucune pression et je ne veux pas penser au général, on verra au jour le jour.“
Cerné par l’inévitable suspicion due à sa facilité insolente à l’arrivée à Super-Besse puis dans le col d’Aspin bien plus plus qu’à ses seuls résultats (9e du classement à la sortie des Pyrénées), Ricco était devenu l’objet de la curiosité générale. Son aura commençait à déborder des seuls médias italiens, friands de son panache et de ses déclarations fracassantes. Le fiancé de Vania Rossi, championne italienne de VTT, avait poussé la ressemblance avec Pantani jusqu’à s’établir sur le littoral de Romagne afin d’aller s’entraîner sur les mêmes routes que son idole. Pour son malheur, il a suivi aussi son sulfureux aîné sur des chemins hors-la-loi.