FranceMacron mise sur un référendum „vert“ pour se remettre en selle

France / Macron mise sur un référendum „vert“ pour se remettre en selle
Le chef d’Etat français Emmanuel Macron se prononce dans pendant une visioconférence avant son confinement dans la résidence présidentielle du parc de Versailles Photo: AFP/Pool/Charles Platiau

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Avant que d’être voué au confinement pour cause de test positif au Covid-19, confinement qu’il a finalement choisi d’observer dans la résidence présidentielle du parc de Versailles, Emmanuel Macron s’était découvert, en début de semaine, un regain d’intérêt pour les Verts, allant jusqu’à annoncer un prochain référendum sur l’environnement.

Plusieurs causes auront concouru à ce retour de flamme écologique chez un président pourtant confronté, depuis de longs mois déjà, à bien d’autres soucis fort pressants, du terrorisme à la pandémie qui vient de le frapper à son tour, en passant par la forte dégradation de la situation économique et sociale engendrée par un coronavirus qui, décidément, ne se laisse pas facilement abattre.

La plus avouable a été le cinquième anniversaire de la conclusion des Accords de Paris sur le réchauffement climatique. Un anniversaire célébré, il est vrai, dans une certaine discrétion, au vu de la modestie des résultats enregistrés jusqu’à présent – même si la France n’est certes pas, à son échelle et parmi les 195 signataires de l’époque, le plus mauvais élève de la classe – encore que les intentions du nouveau président américain Joe Biden soient encourageantes à cet égard, après le retrait des Etats-Unis décrété par Donald Trump.

Mais surtout, le président français mesure que dans l’état actuel de l’opinion, il est important pour lui de ne pas trop se couper des Verts. Comme souvent, le vote écologiste a en effet servi, depuis son arrivée à l’Elysée et les premières déconvenues du quinquennat, de refuge pour les électeurs déçus par le nouveau règne, mais ne souhaitant pas pour autant retourner à leurs préférences antérieures. Leurs suffrages pourraient lui manquer cruellement lors des prochaines consultations, dont, bien sûr, la présidentielle du printemps 2022.

Des propositions irréalistes?

Et cela d’autant plus que beaucoup de membres de la „convention citoyenne pour le climat“, rassemblant 150 Français en principe tirés au sort pour formuler des propositions au chef de l’Etat, lequel avait promis de les transmettre „sans aucun filtre“ au Parlement, s’estiment aujourd’hui floués: comme on pouvait le craindre, nombre desdites propositions sont, au mieux, gentiment irréalistes.

Et M. Macron lui-même ne s’est pas gêné pour le dire en petit comité, ce qui n’est pas resté longtemps confidentiel … D’autant plus que beaucoup de parlementaires, qui ne s’estiment déjà guère respectés par l’exécutif, rappellent que l’initiative des lois leur revient, concurremment au gouvernement, et non à une assemblée non-élue. Face à la grogne de plus en plus affirmée des ténors de cette „convention citoyenne“, il les a reçus lundi dernier et pour les rassurer, il leur a affirmé qu’une cinquantaine de leurs propositions avaient déjà été mises en œuvre par son gouvernement, ou allaient l’être.

Mais surtout, le chef de l’Etat a jugé habile de leur promettre d’organiser bientôt un référendum sur une modification de la Constitution intégrant le fait que, selon les termes utilisés ensuite par Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, „la République garantit la préservation de la biodiversité, de l’environnement et la lutte contre le dérèglement climatique“.

Quitte-ou-double

Si cette idée ne semble pas mal accueillie pour l’instant par une majorité de la population, son aboutissement reste pourtant fort aléatoire. D’abord parce que, selon un sondage, seul un électeur sur trois envisage d’aller voter. Ensuite parce qu’une vaste partie de la classe politique partage le même manque d’enthousiasme, y compris à l’occasion chez les Verts, dont certains leaders – et ils ne sont pas les seuls – dénoncent une manœuvre politicienne. Enfin parce que, s’agissant d’une modification constitutionnelle, il y faudra l’accord des deux assemblées, alors qu’au Sénat l’opposition est majoritaire.

A quoi s’ajoute le fait que beaucoup de commentateurs s’étonnent qu’au moment où l’exécutif cherche à reporter le scrutin régional de mars (vraisemblablement très mauvais pour les macronistes) pour cause d’épidémie, le chef de l’Etat puisse convoquer les électeurs pour valider une retouche très électoraliste à la loi suprême. Et cela pour tenter de séduire un parti qui, à Marseille, vient de se prêter à un tour de passe-passe sévèrement jugé un peu partout. Les Verts ont en effet trompé l’électorat, aux municipales du printemps dernier, en prétendant que leur candidate, Michèle Rubirola, allait être durablement maire de la ville, alors qu’elle vient de s’effacer, quoique victorieuse, au profit d’un socialiste qui, mal aimé de la gauche, n’aurait pu l’emporter.

Décidément, le pari référendaire de Macron pourrait bien ressembler à un dangereux quitte-ou-double: qu’adviendra-t-il s’il perd la consultation, ou simplement – ce qui est plus vraisemblable – si l’abstention y est majoritaire?