FranceMacron: „L’Europe peut mourir, cela dépend uniquement de nos choix!“

France / Macron: „L’Europe peut mourir, cela dépend uniquement de nos choix!“
Avec son discours jeudi à la Sorbonne, le président français Emmanuel Macron voulait donner une suite à celui tenu au même endroit sept ans auparavant Photo: Christophe Petit Tesson/Pool/AFP

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Durant deux heures, hier en fin de matinée dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le président Macron a développé ses vues sur l’Europe, en balayant un grand nombre de sujets. Il a notamment souligné, sur un ton grave, voire alarmiste, l’ampleur des périls qui la guettent, aujourd’hui plus que jamais selon lui.

Mais son intervention avait aussi, à l’évidence, un autre but, à un mois et demi des élections européennes, que son camp aborde en très mauvaise posture: réveiller un électorat qui peine à s’intéresser au scrutin en général, et au bilan des macronistes en particulier. „Nous autres civilisations, nous savons que nous sommes mortelles“, écrivait Paul Valéry au lendemain de la Première Guerre mondiale. Le chef de l’Etat semblait, hier, avoir repris cet amer constat du philosophe: „Notre Europe, aujourd’hui, est mortelle. Elle peut mourir, et cela dépend uniquement de nos choix. Mais ces choix sont à faire maintenant!“, s’est-il écrié. Ajoutant: „A l’horizon de la prochaine décennie, le risque est immense d’être fragilisés“, car „les valeurs de la démocratie libérale sont de plus en plus critiquées et contestées“. Et cela „même s’il y a eu des réussites, en particulier en matière d’unité et de souveraineté, notamment la lutte contre la pandémie de Covid-19 et la réponse à l’agression russe de l’Ukraine“. Mais M. Macron a cependant reconnu que „l’Europe n’a pas tout réussi“.

S’agissant de la défense du continent, il a appelé à créer „une Europe puissante, qui se fasse respecter, assure sa sécurité et reprenne son autonomie stratégique“. Et il a indiqué qu’il allait inviter les Européens à „bâtir une initiative européenne de défense“, qui pourrait inclure la mise en place d’un bouclier antimissiles. Le président français a également plaidé pour la création d’une „capacité européenne de cybersécurité et de cyberdéfense“ (ces différents efforts pouvant être financés par un nouvel emprunt européen) supposant aussi une „préférence européenne dans l’achat de matériel militaire“, allusion transparente à ceux des partenaires européens qui préfèrent se fournir aux Etats-Unis …

Au passage, Emmanuel Macron a aussi appelé l’Europe, en matière d’immigration, à „retrouver la pleine et entière maîtrise de ses frontières, et à l’assumer“. Ce qui pourrait devenir, dans son esprit, l’une des tâches d’une nouvelle structure politique; avec, d’une manière plus générale, outre les sujets liés aux migrations, les questions de sécurité et la lutte contre le terrorisme et le crime organisé.

„La réponse n’est pas dans la timidité, mais dans l’audace“

En matière d’économie, Emmanuel Macron a souhaité voir l’Union européenne „devenir d’ici à 2030 un leader mondial, avec des financements dédiés dans cinq secteurs stratégiques de demain: intelligence artificielle, informatique quantique, espace, biotechnologies et nouvelles énergies“. Il a également appelé à réviser la politique commerciale européenne, „car la Chine et les Etats-Unis ne respectent plus les règles du commerce telles qu’elles ont été écrites il y a quinze ans“. Il a en outre défendu l’idée d’intégrer aux missions de la Banque centrale européenne „un objectif de croissance, et aussi peut-être un objectif de décarbonation“.

Enfin, le chef de l’Etat a défendu sa vision d’une forme d’humanisme européen. „Être européen, ce n’est pas simplement habiter une terre de la Baltique, de la Méditerranée ou de l’Atlantique à la mer Noire, c’est défendre une certaine idée de l’homme, qui place l’individu libre, rationnel et éclairé au-dessus de tout“, a-t-il dit. Non sans plaider aussi pour le fait de conditionner désormais les aides européennes au respect de l’Etat de droit par les pays bénéficiaires, et accuser les mouvements nationalistes de l’UE de „vouloir rester dans l’immeuble européen sans payer le loyer ni respecter les règles de copropriété“.

A propos, justement, de la forte montée en puissance de l’extrême droite dans différents pays de l’Union, dont bien sûr la France, le président Macron a ainsi conclu son propos: „Le risque, c’est que tous les autres sont en train de devenir timides en trouvant normal que les nationalistes, les anti-Européens, soient très forts.“ Car pour lui, „la réponse n’est pas dans la timidité, mais dans l’audace“. Et de ce point de vue, „la meilleure manière d’envisager l’avenir, c’est de faire des promesses que l’on tient“.

La bonne méthode pour convaincre?

Reste à savoir si ces grandes envolées, dont un certain lyrisme n’était pas exclu, suffiront à mobiliser des électeurs français dont les sondages indiquent pour l’instant que quelque 55% d’entre eux n’ont pas l’intention d’aller voter pour le scrutin européen du 9 juin. La forme choisie, celle d’un discours-fleuve prétendant aborder à peu près tous les sujets (ceux qui sont évoqués plus haut n’étant que les principaux), n’est pas forcément la plus susceptible de retenir l’attention populaire, pour dire les choses avec modération.

D’autre part, une telle intervention présidentielle à un mois et demi du vote a aussitôt été critiquée par toutes les formations de l’opposition, hier après-midi, comme une intrusion du chef de l’Etat dans la compétition du 9 juin, en faveur de la liste macroniste conduite par Valérie Hayer, dont le score dans les intentions de vote se traîne pour le moment à environ la moitié de celles recueillies par la liste lepéniste de Jordan Bardella.

Ce dernier a d’ailleurs saisi la balle au bond en déclarant que si la liste pour laquelle s’était ainsi engagé selon lui l’homme de l’Elysée se confirmait effectivement, au soir du vote, largement battue par le RN, le président n’aurait plus qu’à tirer pour lui-même les conséquences de ce désaveu. Argument polémique et discutable, évidemment; mais Emmanuel Macron aurait peut-être gagné à ne pas le lui offrir sur un plateau, surtout en pleine campagne électorale …

JJ
26. April 2024 - 12.58

"„La réponse n’est pas dans la timidité, mais dans l’audace“. Bravo.Bon conseil pour le chancelier allemand Scholz qui hésite de lever la tête pour exprimer une idée,si jamais il en aurait une. Macron semble être le seul combattant pour l'union.Imaginons une Le Pen à sa place en se moment. Demandons aux citoyens britanniques comment ils trouvent leur isolation après le Brexit.