Arrivée de BidenLa France se réjouit de voir les Etats-Unis renouer avec le multilatéralisme

Arrivée de Biden / La France se réjouit de voir les Etats-Unis renouer avec le multilatéralisme
Un coup de main comme un bras de fer: Trump et Macron en 2017 Photo: AFP/Peter Dejong

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La France espère beaucoup du nouveau locataire de la Maison-Blanche – et le choix des collaborateurs de Biden l’y encourage.

L’intronisation de Joe Biden comme 46e président des Etats-Unis, ce mercredi, marque pour les pays ouest-européens la fin d’une période éprouvante, pour ne pas dire plus. Mais parmi eux, la France occupe une place d’autant plus particulière que, peu après sa propre élection en 2017, Emmanuel Macron avait d’abord recherché auprès de Donald Trump une entente personnelle qui devait vite se révéler impossible.

Avec Biden, le président français n’a pas perdu de temps non plus, mais avec plus de chances de succès. C’est le 10 novembre dernier, lorsque la victoire du Démocrate dans la course à la Maison blanche est devenue certaine, que l’homme de l’Elysée l’a appelé au téléphone. C’était là la toute première fois que les deux hommes se parlaient, et ils ne se sont encore jamais vus. Mais Joe Biden a tenu, au cours de cet entretien à la tonalité chaleureuse, à appeler à son interlocuteur qu’ils ont quelques points en commun, sans préjuger de la suite de leurs relations.

A commencer, a-t-il expliqué à Macron, par ses origines familiales partiellement françaises, qui se manifesteraient par son second patronyme, Robinette, nom de jeune fille de l’une de ses grands-mères, introduit en Amérique du Nord par un groupe de Huguenots chassés de France par les persécutions contre les protestants. Biden a par ailleurs rappelé au président français que leurs épouses respectives, Jill et Brigitte, sont deux enseignantes passionnées par les problèmes d’éducation.

Antony Blinken, francophone et francophile

Mais l’objet de cet appel de l’Elysée au futur locataire de la Maison blanche n’avait pas pour objet qu’un échange de mondanités. Il s’agissait aussi et surtout de manifester qu’après la glaciation trumpiste, Paris comptait beaucoup sur la nouvelle présidence pour, selon les mots de Macron, „travailler ensemble sur les enjeux contemporains: climat, santé, lutte contre le terrorisme et défense des droits fondamentaux“. Et pour ne pas être en reste, le président élu des États-Unis devait mettre met en avant sa „volonté de redynamiser les relations bilatérales et transatlantiques, en particulier à travers l’OTAN et l’Union européenne“.

Le cadre général ainsi posé sous le signe d’une bonne volonté mutuelle, mais vague, il reste évidemment à donner vie à ces intentions. Pour l’instant, on considère, côté français, que le choix par Biden de ses plus proches collaborateurs est encourageant; avec une mention particulière pour son futur secrétaire d’État (autrement dit son ministre des Affaires étrangères), Antony Blinken.

Parfaitement francophone, ce qui n’est pas si fréquent aux Etats-Unis, et résolument francophile, ce qui l’était devenu moins encore ces derniers temps, le nouveau secrétaire d’État a passé ses années d’adolescence à Paris, où sa mère avait épousé l’avocat international Samuel Pisar. La diplomatie française retrouve en sa personne un interlocuteur de tout premier choix.

Incertitudes iraniennes et rencontres jordaniennes

Du côté de la CIA, autre interlocuteur dont on ne saurait sous-estimer l’importance, c’est aussi un diplomate, William Burns, qui prend les rênes. Or il se trouve que diplomate, l’actuel directeur des services secrets français, Bernard Émié, l’est aussi – et qu’il était en poste en Jordanie en même temps que Burns il y a une vingtaine d’années, avant d’être nommé directeur d’Afrique du Nord-Moyen-Orient du Quai d’Orsay au début des années 2000 lorsque Burns était chargé des mêmes dossiers au département d’État …

Mais au-delà de ces questions de personnes, la France se réjouit de voir, avec l’arrivée de Joe Biden à la Maison blanche, les Etats-Unis renouer avec au moins certaines formes du multilatéralisme. L’exemple le plus éclatant en est sans doute leur retour dans l’accord … de Paris sur le climat, si décevants qu’en soient encore souvent les résultats concrets en dehors même du retrait qu’avait unilatéralement décidé Trump. Sur l’Iran il est vrai, que les Français tiennent pour un dossier majeur et urgent car ils estiment le risque du passage de Téhéran à l’arme atomique dans un délai de mois et non plus d’années, l’incertitude quant aux intentions américaines domine encore, même si l’on voit mal, à Paris, comment l’attitude américaine pourrait ne pas évoluer après, là aussi, le retrait des pourparlers décidé par Trump.

Mais Paris se montre plus optimiste sur les négociations à propos du numérique, du contrôle des données ou de la taxation des GAFA – étant entendu que sur l’attention que Biden, certes fort expert en matière internationale, portera à l’Europe, il faudra sans doute attendre, pour se faire une idée plus précise la fin de ses rituels „cent premiers jours“ à la Maison blanche, inévitablement dominés par la lutte contre le Covid-19.