Donner la priorité au revenu et à l’emploi!

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L’écroulement de grandes banques d’affaires montre à quel point le système financier international doit être réformé./Jean-Claude Reding, Président de l’OGBL

 La crise financière actuelle est par ailleurs une bien triste démonstration de l’inexactitude des théories économiques et financières propagées par les dirigeants de l’OCDE, de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne. Ils devraient par conséquent tous démissionner, mais naturellement ils ne le font pas. En attendant, ce sont les salariés, les retraités et les simples contribuables qui paient l’addition. Et qu’en est-il des responsables politiques? Quelles conséquences tirent-ils de l’impact désastreux des théories de dérégulation et de libéralisation? Ont-ils enfin le courage de faire marche arrière ? C’est-à-dire de mettre en œuvre une politique qui vise à prévenir les effets néfastes d’une mondialisation déchaînée, une politique qui mettrait les droits sociaux et la justice sociale au premier plan, devant les intérêts du profit, et qui donnerait ainsi une chance à un développement économique durable, soutenable et socialement équitable?
 
Et au Luxembourg?

L’OGBL ne cesse de répéter depuis des mois que les salariés et les pensionnés se font à juste titre de plus en plus de soucis par rapport à leur pouvoir d’achat. Ceci a des conséquences négatives sur l’économie locale et le climat social. La peur de l’avenir se répand à nouveau! Une politique qui réduit la politique sociale au combat contre la pauvreté et qui accepte que les personnes à petit ou moyen revenu souffrent de plus en plus de la cherté de la vie n’est pas une bonne politique. Une politique qui laisse se développer les inégalités sociales et qui en même temps tolère une croissance faramineuse des revenus des grands dirigeants d’entreprise, même en cas de mauvais résultats, est une politique qui n’est pas seulement ressentie comme profondément injuste, mais elle est totalement fausse. Elle mène à l’impasse.

Le maintien du retardement des échéances indiciaires n’est plus justifié, est socialement injuste et économiquement faux!
 
L’indexation des salaires et des pensions n’est certainement pas un remède miracle pour maintenir le pouvoir d’achat. D’autres mesures sont nécessaires comme l’adaptation intégrale du barème de l’impôt sur le revenu à l’inflation, des mesures ciblées en matière sociale et fiscale, une augmentation du salaire minimum ainsi qu’une politique salariale continue par la négociation collective. Néanmoins, l’adaptation des salaires et des pensions à l’évolution des prix est un instrument important, voire essentiel, pour maintenir le pouvoir d’achat. Actuellement, l’indexation s’opère avec retardement. La prochaine tranche de 2,5% ne sera payée qu’en mars 2009 alors qu’elle est due depuis juillet 2008. Il est prévu de ne verser aucune autre tranche en 2009 et le nouveau gouvernement est censé décider de la suite.

Cette mesure de décaler les tranches indiciaires dans le temps, décidée dans le cadre de l’accord tripartite en 2006, n’est plus justifiée aujourd’hui. Nous savons maintenant que les prévisions négatives relatives à l’évolution des finances publiques présentées au comité tripartite en 2006 par le ministre du Budget étaient erronées et aujourd’hui les finances publiques se portent bien. Ainsi il n’y a plus aucune raison budgétaire de continuer la modulation de l’index. Bien au contraire, si le gouvernement suivait la revendication de l’OGBL de rétablir le système indiciaire normal dès 2009, cela aurait un effet conjoncturel positif sur l’économie locale et les tensions sociales se calmeraient.

L’OGBL soupçonne certains milieux, y compris politiques, de ne plus vouloir rétablir l’indexation normale et automatique des salaires. Si ce soupçon se confirmait, cela voudrait dire qu’ils veulent transformer fondamentalement le modèle social luxembourgeois et ce en défaveur des salariés et des retraités. Du point de vue syndical, l’aspect temporaire du paiement retardé des tranches indiciaires ainsi que le maintien d’une bonne sécurité sociale en cas de maladie, d’accident, de chômage, constituaient, à côté d’une augmentation du salaire minimum et de l’introduction d’un statut moderne de salarié, des éléments décisifs de l’accord tripartite.

Prendre enfin au sérieux le maintien de l’emploi!

La mondialisation pèse non seulement sur les revenus, mais également sur les emplois. Accepter des réductions de salaires pour éviter la délocalisation de son entreprise n’est pas la marche à suivre et les salariés ont raison de rejeter de telles propositions.

Comme alternative à cette approche, l’OGBL avait revendiqué une loi qui donnerait aux salariés affectés par une restructuration une garantie d’emploi. La loi molle que le ministre du Travail et de l’Emploi a finalement fait voter se révèle inefficace. Le ministre doit remettre cette loi sur le métier pour créer de nouvelles sécurités pour les salariés, pour sécuriser les parcours professionnels et pour donner un sens au slogan de la fléxicurité. Il ne suffit pas de publier de belles brochures invitant les employeurs à donner une chance aux personnes âgées de plus de 45 ans qui sont à la recherche d’un emploi et d’organiser des journées nationales de l’emploi qui se résument à des débats théoriques et des stands d’information!

Jean-Claude Reding
Président de l’OGBL