Un Rasmussen chasse l’autre à la tête du gouvernement danois

Malgré les réserves initiales de la Turquie, Anders Fogh Rasmussen, à la tête d’une coalition de centre-droit au gouvernement depuis 2001, a été nommé samedi secrétaire général de l’Otan pour remplacer le Néerlandais Jaap de Hoop Scheffer, dont le mandat s’achève le 31 juillet. Anders Fogh Rasmussen s’est rendu dimanche au palais royal pour remettre sa démission à la reine Margrethe II, suivi par Lars Loekke Rasmussen, 44 ans, qui est devenu officiellement chef du gouvernement au terme de l’entretien. „C’est une grande responsabilité que j’endosse, et je sais que certains pensent qu’elle est trop grande pour moi. A ceux-là, je veux dire que je vais travailler dur jour et nuit (…) pour sortir le Danemark de la crise économique dans laquelle nous nous trouvons“, a déclaré le nouveau Premier ministre qui n’a aucun lien de parenté avec son prédécesseur. Connu pour être jovial et bon vivant là où son prédécesseur était austère et athlétique, Lars Rasmussen aura pour première tâche de nommer son successeur au ministère des Finances et un nouveau ministre de l’Etat-Providence, dont la titulaire a démissionné vendredi. Mais sur le fond, la politique danoise devrait rester la même. „Je continuerai dans la même voie qu’Anders Fogh Rasmussen à travailler à un Danemark plus riche et plus juste. Il n’y aura pas de différence politique“, a dit le nouveau chef du gouvernement, le troisième Rasmussen d’affilée à devenir Premier ministre du pays nordique. La Constitution danoise n’exige pas de nouvelles élections si un Premier ministre démissionne, même si l’opposition de gauche, en premier lieu le parti social-démocrate, en a fait la demande, dans un contexte politique favorable pour elle. Si un scrutin devait avoir lieu aujourd’hui, les sondages donnent la gauche gagnante.
Mais seul un vote de défiance ou la démission de tout le gouvernement entraîne automatiquement de nouvelles élections. Le mandat actuel du parlement vient à son terme en novembre 2011. Si Anders Fogh Rasmussen a attendu le dernier moment –jeudi soir– pour confirmer sa candidature à l’Otan, il a préparé depuis plusieurs semaines la succession de son dauphin, M. Loekke Rasmussen. Les deux hommes, dirigeants du parti libéral, ont rencontré dimanche les responsables du parti conservateur, membre de la coalition gouvernementale, et du Parti du peuple danois (PPD, extrême droite), leur allié parlementaire, pour s’assurer de son soutien au nouveau Premier ministre. Le départ d’Anders Fogh Rasmussen après 2.687 jours aux commandes du Danemark laisse néanmoins un grand vide dans le paysage politique danois, selon des observateurs.
„Rarement un dirigeant danois n’a autant dominé la scène politique (…), en imposant sa stratégie et en tenant avec poigne sa coalition“ entre libéraux et conservateurs, estime Thomas Larsen, commentateur politique du quotidien Berlingske Tidende.
Lors de sa conférence de presse d’adieu à l’esprit très bon enfant, Anders Fogh Rasmussen s’est vu offrir par son successeur un casque de vélo. „Parce que tu commences un travail où il est nécessaire de porter un casque“, a plaisanté Lars Loekke Rasmussen