Ukraine: Viktor Iouchtchenko fait fi des sondages et se représente

Ukraine: Viktor Iouchtchenko fait fi des sondages et se représente

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Le chef de l'Etat ukrainien, Viktor Iouchtchenko, ancien héros de la Révolution orange, a déposé mardi sa candidature pour la présidentielle de janvier, même si ses chances de réélection sont minces.

M. Iouchtchenko, qui se présente comme candidat indépendant, s’est rendu à la Commission électorale en compagnie de deux hauts responsables de son administration, a précisé son service de presse. Il a été salué à l’entrée par environ 2.000 de ses partisans qui brandissaient des pancartes sur lesquelles il était écrit „Iouchtchenko notre président“, selon les médias locaux. „Je suis sûr que je redeviendrai président“, a lancé le président sortant, qui ne réunit pourtant guère que 5% (bien 5%) d’intentions de vote dans les sondages, loin derrière les favoris de la campagne. Il a expliqué sa décision de briguer un second mandat par le souci de renforcer l’Etat ukrainien et d’aller de l’avant dans le développement démocratique du pays, indépendant de l’URSS depuis 1991. „Aucun régime totalitaire n’amènera l’Ukraine vers (une vraie) indépendance“, a-t-il dit, cité par l’agence Interfax. M. Iouchtchenko, alors opposant pro-occidental et pro-Otan, avait été porté au pouvoir à la fin 2004 par un soulèvement populaire, baptisé Révolution orange.
La victoire de son rival à l’élection présidentielle, Viktor Ianoukovitch, soutenu ouvertement par Moscou, avait alors conduit à des protestations de masse. La justice avait finalement annulé le scrutin pour fraudes et ordonné un „troisième tour“, que M. Iouchtchenko remporta. Mais son aura s’est vite estompée au fil des crises politiques — marquées par une rupture avec son alliée de la Révolution orange, Ioulia Timochenko — et des réformes restées lettre morte. „Il n’a aucune chance non seulement de remporter l’élection mais même de passer au second tour. On ne peut pas rattraper en quelque mois les pertes accumulées sur quatre, cinq ans“, souligne Volodymyr Fesenko, directeur du Centre d’études politiques Penta. Aujourd’hui, c’est M. Ianoukovitch qui est en tête des sondages, suivi du Premier ministre Ioulia Timochenko. M. Ianoukovitch, populaire dans l’est et le sud russophiles, dispose de 22-27% d’intentions de vote au premier tour, loin devant sa rivale principale, le Premier ministre Ioulia Timochenko (13-16%) soutenue avant tout par l’ouest et le centre ukrainophones. Il tient aussi la corde en cas de très probable second tour.
Les Ukrainiens sont „très déçus“ par la présidence de M. Iouchtchenko en raison notamment „d’attentes exagérées“ au lendemain de la Révolution, selon M. Fesenko.
„Iouchtchenko s’est avéré un président faible et son conflit avec Timochenko ainsi que l’inefficacité du pouvoir ont même déçu les Européens“, qui avaient salué son élection, poursuit l’expert. Les tensions entre l’Ukraine et la Russie durant sa présidence ont aussi contribué à ce désamour, ajoute l’expert Mikhaïlo Pogrebinski, directeur de l’Institut d’étude des conflits. Sa politique „anti-russe“ – à commencer par l’appel à la réconciliation avec les combattants antisoviétiques jusqu’au soutien à Tbilissi lors de la guerre russo-géorgienne de 2008 – a fait de lui un ennemi de Moscou. „L’Europe n’a pas besoin d’un leader ukrainien avec lequel Moscou ne veut pas parler“, souligne M. Pogrebinski. Economiste de formation, Viktor Iouchtchenko 55 ans, s’est fait connaître comme président de la Banque centrale d’Ukraine (1993-1999). Premier ministre de 1999 à 2001, il est passé dans l’opposition après son limogeage. Lors de sa campagne présidentielle en 2004, il a été victime d’un mystérieux empoisonnement à la dioxine, dont les traces marquent toujours son visage et qui n’est toujours pas élucidé.