Les salariés de Continental Clairoix, reçus à l’Elysée, ne décolèrent pas

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La quasi-totalité des 1.120 salariés de Continental à Clairoix (Oise), qui ne décolèrent pas, ont manifesté mercredi à Paris contre la fermeture dans un an de leur usine de pneumatiques, mais sont restés sur leur faim après un rendez-vous à l'Elysée.

Raymond Soubie, conseiller social de Nicolas Sarkozy, qui a reçu une délégation durant deux heures, leur a indiqué qu’un ingénieur général des mines, Claude Trink, était nommé „commissaire à la réindustrialisation“ pour le département de l’Oise, 24 heures après l’annonce par le président de la création de tels postes dans les bassins d’emploi en difficulté. M. Soubie leur a assuré que le chef de l’Etat était „à leurs côtés“ pour „trouver les meilleures solutions possibles“ face à une entreprise dont „le comportement n’a pas été digne“. „On ne peut pas vous dire que d’un coup de baguette magique on arrête tout, mais ce à quoi à la demande du président l’Etat s’engage, c’est de faire tout son possible sur le plan industriel et sur le plan social“, a-t-il rapporté à la presse. Des propos qui n’ont en rien rassuré les salariés. Pour „les garanties on n’a rien, on a des paroles“, a jugé Xavier Mathieu (CGT) devant les manifestants rassemblés non loin de l’Elysée, qui ont sifflé et injurié le nom de Nicolas Sarkozy. „Ils disent qu’ils ne peuvent rien faire parce qu’il n’y a pas d’interlocuteurs“ chez Continental, du fait du récent rachat du groupe allemand par son compatriote Schaeffler, a ajouté le cégétiste. La délégation, qui fait valoir que „l’entreprise est viable“, réclamait „l’arrêt du plan social“ et „une réunion tripartite“ avec la direction et l’Etat. Une plainte pour „délit d’entrave au comité d’entreprise“ (CE) doit encore être déposée par les représentants syndicaux. Selon le secrétaire CFTC du CE, Antonio Da Costa, l’Elysée s’est engagé à „voir le gouvernement allemand et tout faire pour retarder l’échéance et éventuellement trouver un repreneur“. Mais, a-t-il ajouté, „cela ne suffit pas comme discours“ et „ils auront des comptes à rendre“. Le secrétaire d’Etat à l’Industrie Luc Chatel doit les recevoir prochainement. Devant des tas de pneus en feu, place Saint-Augustin (VIIIe), un millier de manifestants (selon la police et les syndicats) ont brandi des banderoles: „Continental, voleur d’avenir“, „parachute doré pour tous“ ou „actionnaires au caviar, ouvriers au placard“. „Bagarre“, „rage“, „résistance“ et même „guerre“ ont résonné dans les rangs, montrant leur détermination intacte et leur volonté d'“y croire encore“. „On nous demande de manifester proprement mais il y a tellement de désespoir que je ne garantis rien“, a averti le secrétaire CFTC. Les salariés ont repris le travail lundi après une grève de 12 jours mais „ils ne font que pointer, le coeur n’y est pas“, d’après lui. „Ce n’est que le début de la mobilisation“, d’après Saïd, chez „Conti“ depuis six ans et pour qui „le cours de la vie s’est arrêtée le 11 mars“, avec l’annonce de la fermeture. Venus tôt de l’Oise dans 18 bus, rejoints par des salariés de PSA Aulnay, PSA Poissy, Renault Flins et Continental Rambouillet, ils ont orné les rues d’autocollants orange siglées Continental. „On ne se laissera pas faire. La preuve, nous sommes toujours aussi solidaires, malgré la pluie et la fatigue“, prévient Véronique, ouvrière à l’assemblage des pneus. „Demain ce sera le tour d’autres entreprises, on ne se bat pas que pour nous, et les Français en sont conscients“, estime-t-elle.