Le TPIY acquitte de crimes de guerre le Serbe Milutinovic

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

L'ancien président serbe Milan Milutinovic, poursuivi pour crimes de guerre contre des Albanais de souche au Kosovo, a été acquitté jeudi par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye.


Celui qui avait succédé en 1997 à la présidence serbe à Slobodan Milosevic pour cinq ans était jugé depuis juillet 2006 avec cinq autres anciens responsables serbes, qui, eux, ont été condamnées par le TPIY à de longues peines de prison. Tous étaient accusés d’avoir ordonné les assassinats de centaines de civils par les forces serbes au Kosovo en 1999 et d’avoir organisé la déportation de quelque 800.000 Albanais kosovars. Tous les accusés avaient plaidé non coupables. L’ancien vice-Premier ministre yougoslave Nikola Sainovic, l’ancien général Nebojsa Pavkovic et l’ex-chef de la police serbe Sreten Lukic ont chacun été condamnés à 22 ans de prison pour crimes contre l’humanite et violation du droit et des coutumes de guerre.
Un autre ancien général yougoslave, Vladimir Lazarevic, et l’ancien chef d’état-major Dragoljub Ojdanic ont été reconnus coupables de déportations forcées d’Albanais du Kosovo et condamnés à 15 ans de prison. Le juge Iain Bonomy a déclaré a Milan Milutinovic, qui est âgé de 66 ans, que le TPIY ne croyait pas qu’il avait eu des intentions délibérément criminelles et a ordonné sa remise en liberté immédiate.
Son prédécesseur Milosevic est mort d’une crise cardiaque en mars 2006 dans sa cellule de la prison des Nations unies à La Haye quelques mois avant que le TPIY ne rende son verdict à son encontre au terme d’un procès-fleuve pour crimes de guerre. (Reed Stevenson et Aaron Gray-Block, version française Guy Kerivel et Marc Delteil)

 Milan Milutinovic, une carrière politique à l’ombre de Milosevic 

Milan Milutinovic, l’ancien président serbe acquitté jeudi par le Tribunal pénal international (TPI) de crimes de guerre au Kosovo, a fait sa carrière politique dans l’ombre de Slobodan Milosevic. M. Milutinovic, qui a été président de la Serbie entre 1997 et 2002, s’est rendu de son propre gré au TPI en janvier 2003, quatre ans après avoir été inculpé pour son éventuelle responsabilité dans des crimes commis contre des civils kosovars albanais pendant le conflit au Kosovo (1998-1999). Depuis son départ au TPI, M. Milutinovic est resté silencieux. Il a été mis en liberté provisoire à plusieurs reprises, mais a refusé les contacts avec les médias pendant ses séjours en Serbie. Actuellement âgé de 66 ans, M. Milutinovic a fait des études à la faculté de droit à Belgrade, où il a fait la connaissance de Slobodan Milosevic, qui allait être l’homme fort de la Serbie pendant l’éclatement de la Yougoslavie communiste en 1991 et jusqu’en 2000. C’est à l’ombre de Milosevic que M. Milutinovic, originaire de Belgrade, effectue toute sa carrière politique et diplomatique. Contre toute attente, il la poursuivra même après la chute en octobre 2000 de Slobodan Milosevic et son extradition en juin 2001 vers le TPI, où il est décédé en 2006 alors que son procès était en cours. Pour des raisons demeurées mystérieuses, ceux qui ont fait tomber Milosevic ont décidé de maintenir M. Milutinovic dans sa fonction de président de Serbie, à laquelle il avait accédé en décembre 1997. Ils ont même fait valoir l’immunité dont bénéficie, selon eux, le titulaire de ce poste pour refuser de faire partir M. Milutinovic à La Haye avant l’expiration de son mandat. M. Milutinovic était connu pour sa loyauté envers Milosevic, qu’il a secondé en novembre 1995 à Dayton, aux Etats-Unis, aux négociations qui ont permis la conclusion d’un accord mettant fin à 43 mois de guerre en Bosnie-Herzégovine. Cet homme, d’apparence juvénile et humble, s’est révélé, en l’absence de Milosevic, un interlocuteur intransigeant aux négociations sur le Kosovo au début de 1999 en France, dont l’échec a été suivi par une campagne de bombardements aériens de l’OTAN contre la Yougoslavie. M. Milutinovic était poursuivi, selon le principe de la chaîne de commandement, pour son rôle dans des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis au Kosovo, dont la déportation et le déplacement forcé de près de 800.000 Albanais du Kosovo, des meurtres et des persécutions. Depuis que la question de son départ pour La Haye s’était posée, M. Milutinovic n’avait cessé de se déclarer innocent. Peu avant de se rendre au TPI, il avait soutenu sur un plateau de télévision avoir „passé des semaines et des semaines à chercher une solution à la crise“, avant l’intervention de l’OTAN, qui a contraint en juin 1999 les forces de Belgrade à quitter le Kosovo. „Je n’avais aucune autorité sur l’armée ou la police“, a souligné M. Milutinovic, rappelant que „la police était contrôlée par le gouvernement serbe, alors que l’armée était commandée par le président fédéral (yougoslave)“, Slobodan Milosevic.
M. Milutinovic est marié et père d’un fils.