Le fastueux carnaval de Rio échappe à la crise mondiale

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Si les bourses continuent de plonger et les usines de fermer, le fastueux carnaval de Rio montre peu de signes de la crise économique mondiale à une semaine du début de la \"grande folie\".

 Dans les ateliers de la Cité de la samba, dans la zone portuaire de Rio, des milliers d’artisans mettent les bouchées doubles pour terminer les chars et les costumes des douze écoles de samba qui défileront dans les nuits de dimanche et lundi sur le Sambodrome. La crise financière qui a éclaté en septembre aux Etats-Unis avant de se propager au reste du monde, semble ne pas avoir trop porté préjudice au carnaval.
Les aides gouvernementales et municipales, le parrainage d’entreprises privées brésiliennes et étrangères et celui des traditionnels mafieux de la loterie clandestine, ont limité les dégâts. Autrefois, seule la mafia des jeux avait la main mise sur le carnaval. Mais, depuis quelques années, l’investissement privé a pris le relai et est devenu essentiel des deux côtés: il sert de vitrine aux grandes compagnies et de source de financement indispensable aux écoles de samba. Pour pallier les effets de la crise, les grandes brasseries ont augmenté cette année leurs investissements en publicité et leur soutien financier au carnaval de 25%, selon le quotidien économique Gazeta Mercantil. De son côté, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a autorisé cette semaine le déblocage de 2,6 millions de dollars pour venir en aide aux écoles.
Alex de Souza, l’un des directeurs de Vila Isabel a déclaré à l‘AFP que „ce carnaval n’était pas encore celui de la crise“ même si „beaucoup d’entreprises, qui auraient pu accorder leur parrainage, ont renoncé à le faire“. Il cite l’exemple de la multinationale Unilever qui n’a plus voulu financer Beija-Flor. De plus, la hausse du dollar a eu comme conséquence une hausse des prix des matériaux utilisés, selon lui. Mais le panorama de la crise varie selon les écoles. Les „carnavalescos“ (créateurs des défilés) dépensent 2,5 millions de dollars en moyenne pour un défilé. Mais certaines écoles ont eu de la chance comme Grande Rio qui a choisi de retracer les liens entre la France et le Brésil au cours des siècles et dont le budget s’élève à 3 millions de dollars grâce au soutien d’entreprises françaises. „La crise n’a pas été un obstacle à la préparation du défilé car l’argent était arrivé avant“, a indiqué à l‘AFP Cahé Rodrigues, carnavalesco, de Grande Rio.
D’autres ont été moins chanceuses. C’est le cas de Vila Isabel qui l’année dernière avait été parrainée par la riche compagnie pétrolière vénézuélienne PDVSA. Cette année, elle a dû se contenter d’un petit sponsor qui l’a juste aidé à recueillir des fonds. „La crise nous ne l’avons pas sentie parce que nous avions déjà acheté 80% des matériaux avant“, a dit quant à elle Rosa Magalhaes directrice artistique de Imperatriz Leopoldinense. La créatrice a dit avoir tenté de réduire les dépenses mais, selon elle, le „carnaval doit avoir sa dose de luxe“. Pour économiser, certaines écoles ont eu recours aux matériaux recyclés ou au troc entre elles. L’école Imperio Serrano mettra en scène un char surmonté d’une pieuvre conçue à l’aide de plus de 5.000 bouteilles en plastique recyclé, un matériau bon marché.
Face à l’incertitude, il faut avant tout être inventif. „C’est une question de créativité. C’est là, toute la magie du carnaval“, a assuré le carnavalesco de Grande Rio.