Le rêve brisé

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La CEE pouvait se prévaloir d’avoir créé les prémices d’une communauté de peuples unis par un objectif, à savoir la mise en place d’un ensemble au sein duquel chacun coopérerait et partagerait opportunités et difficultés sur la base de valeurs humanistes communes.

L’Union européenne, devenue un assemblage d’Etats les uns plus différents que les autres du fait de leur vécu historique et de leur ancrage voire non ancrage démocratique, animée essentiellement par une idéologie politico- économique néolibérale, s’est éloignée, au fil et au rythme des adhésions anticipées, des aspirations des peuples et dès lors de ses citoyens.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Quelle entité sur terre pourrait favoriser l’épanouissement des siens si son bilan se soldait par 26,2 millions de chômeurs, un clivage béant entre ses élites et la majorité ou encore par une politique sociale en recul et une politique environnementale notoirement insuffisante face aux grands défis de la planète? Aucune! Pas étonnant dès lors que l’enthousiasme pour la construction de la jadis célèbre „maison commune“ est dopé et que l’euroscepticisme monte à la moindre intervention de Bruxelles.

Deux fautifs

Certes, les premiers fossoyeurs sont les gouvernements nationaux. Non seulement parce qu’ils rejettent sur l’UE la responsabilité de chaque décision impopulaire, mais surtout parce qu’ils s’avèrent incapables de faire de la résistance contre le diktat de quelques-uns dont la voix pèse et résonne davantage que la leur. Le véritable casseur de l’idéal résulte d’une erreur de conception qui remonte à
la mise en place du fonctionnement institutionnel.

Mettre en place un second législateur, alors qu’une assemblée parlementaire, démocratiquement élue au suffrage universel, existe, est une anomalie majeure. Un président d’exécutif, jusqu’ici nommé par la volonté et à la suite du marchandage de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni, est autant une ineptie qu’une erreur. La présidence Barroso en est la preuve. La lourdeur des rouages, la haute technicité du processus décisionnel et l’étendue des pouvoirs de la Commission ont fait de l’UE un machin que la „plebs“ européenne ne peut et ne veut plus comprendre. Or, qui dit Europe pense désormais soit Merkel soit Commission de Bruxelles.

Les déséquilibres politiques créent de l’incompréhension et de la déception. L’UE est, aujourd’hui, rejetée très largement par les citoyens qui ne se retrouvent plus dans ce qui apparaît comme un rêve brisé. Cela, les aspirants parlementaires européens – quel que soit leur parti – doivent bien le comprendre. Le débat sur l’euroscepticisme est un faux débat. Ce qui fait défaut est un projet commun, lisible, simple, proche de la vie à laquelle chacun a le droit d’aspirer dans le respect le plus absolu des libertés individuelles.

Où est-il, ce projet? Et existerait-il, où seraient, où sont les recettes pour y accéder?

(Danièle Fonck)