ÉDITORIAL: Un objectif: l’équité

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Dans une lettre ouverte adressée aux hommes politiques belges et publiée hier dans le quotidien Le Soir, on lit en première ligne: „Nous ne vous avons pas élus pour gonfler les problèmes et pas davantage pour les minimiser ...“(Danièle Fonck)

Le propos concerne certes la communautarisation chez nos voisins. Mais on pourrait tout aussi bien le reprendre à notre compte et l’adresser à nos édiles dans le contexte économico-financier actuel.
Le modèle tripartite luxembourgeois, pour autant qu’on s’en souvienne, n’a pas été inventé pour résoudre les problèmes budgétaires de l’Etat. Vouloir donc s’en servir aujourd’hui à cette fin serait aussi dérisoire que malvenu. Or, c’est bel et bien ce qui se profile à l’horizon.
Aucun Etat ne saurait fonctionner sans budget. De là à soudain vouloir le comparer au budget d’une entreprise serait une gageure qui frôlerait l’indécence. Car dans ce cas de figure, l’Etat devrait commencer par gérer au plus près ses dépenses.
Aucune dépense n’étant reliée directement à un projet précis pendant un moment donné, on va de surprise en surprise. Comment expliquer à quelqu’un qu’il faut vingt ans pour construire une autoroute qui va de Luxembourg à Ettelbruck? Comment expliquer qu’un musée dit de la forteresse coûte des sommes folles et dépasse visiblement tout ce que ses concepteurs et maîtres d’ouvrages n’avaient même pas imaginé dans leurs pires rêves?

De l’eau dans le gaz

Il y a de l’eau dans le gaz, depuis belle lurette, et fût-ce au prix d’une période transitoire un peu compliquée, que l’Etat devrait corriger au plus vite.
Le moyen le plus coûteux de faire faire des économies à un Etat consiste à dire aux hauts fonctionnaires d’économiser, d’une façon ou d’une autre, 10%, linéairement. Moins élégamment dit, cela s’appelle de la bêtise contre-productive. Et c’est exactement ce qui est en train de se passer.
Tout aussi sommairement dit: toutes les lobbies du secteur privé qui surfaient depuis un moment sur la vague de l’Etat taille fine, s’en donnent à coeur joie pour exiger une cure de minceur. Sociale, évidemment. Comme s’il fallait, pour l’optique, privilégier le court terme au risque de mettre en péril le long terme.
Est-ce que, d’ici à quelques années, l’Etat luxembourgeois et les différents régimes sociaux seront en crise?
Nous l’ignorons et, apparemment, les plus éminents technocrates également. Et point ne sert d’en référer à d’omni-savants experts étrangers (payés par on ne sait quelles forces obscures) pour prouver le contraire.
Il n’y a pas de visibilité. Nulle part. Sauf quelques évidences.
La première consiste à rappeler que dès que l’Etataura revendu, avec une plus-value, ses participationsdans le secteur bancaire et industriel, sa dette sera infiniment moindre que ce qui est mis en vitrine aujourd’hui.
La deuxième consiste à rappeler que le FMI annonce le retour de la croissance et que dans deux ou trois ans, la situation aura probablement changé du tout au tout.
La troisième consiste à rappeler qu’il faut investir à présent pour le développement de demain et que cette dépense-là est une plus-value.
Enfin il convient de rappeler que quel que soit le créneau sur lequel les lendemains se construiront, mieux vaut avoir pour assise un pays stable avec une population sereine, bien éduquée et engagée dans un dialogue social constructif, qu’une population mécontente, constamment en grève et peu disposée de donner le meilleur d’elle-même.
Le débat politique, tel qu’il est engagé, l’est sur de fausses bases. On dirait une partie de poker menteur où les plus malins croient pouvoir sortir leur épingle du jeu au détriment des autres. Avec la complicité d’une classe politique qui semble manquer d’épaules.
Il est encore temps de changer de cap.

dfonck@tageblatt.lu