L’intimité d’Ingmar Bergman vendue aux enchères

L’intimité d’Ingmar Bergman vendue aux enchères

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Collectionneurs d'art, fanatiques de cinéma ou adorateurs d'Ingmar Bergman vont pouvoir s'arracher les biens du cinéaste suédois mis aux enchères lundi à Stockholm conformément à ses dernières volontés.

Au total, 339 lots récupérés dans le domaine de Bergman à Faarö, lui même en vente par ailleurs, sont à acquérir. Car l’homme de spectacle décédé en 2007 voulait éviter que ses cinq épouses et neuf enfants issus de six mères, ne s’entre-déchirent pour son héritage. „C’est mon voeu et aucune discussion ni tumulte émotionnel ne doit en résulter“, avait déclaré Bergman au sujet de la dispersion de ses biens dont le bénéfice reviendra à la famille. Quelques oeuvres d’art ont une valeur plus ou moins préétablie, dont une lithographie du peintre norvégien Edvard Munch représentant l’écrivain suédois August Strindberg, source d’inspiration de Bergman, ou un portrait du cinéaste par le photographe américain Irving Penn portant dédicace de l’auteur. Mais comment évaluer une armature de lit métallique, des chaises en bois spartiates, un vieux tourne-disques et sa collection, certes de qualité, de 33 tours lorsque ces simples objets de la vie courante ont appartenu au „Suédois le plus connu, plus encore que le roi“, selon les termes du commissaire priseur de la vente Tom Österman. „Il est impossible de deviner les prix au marteau. Le fait qu’Ingmar Bergman ait été le propriétaire fait que c’est au marché de décider du prix“, reconnaît-il.
„Il a parfois fallu plusieurs experts pour déterminer les prix de départ, mais nous pensons qu’au final certains lots pourraient être vendus deux voire trois fois ce prix d’ouverture“, renchérit la porte-parole de la maison d’enchères, Charlotte Bergström. Ainsi, le Munch, dont l’estimation est la plus élevée de la vente (32.500 à 41.500 euros): „c’est une estimation proche de l’ordinaire (pour un tel lot), mais le prix d’acquisition sera certainement supérieur“, note M. Österman. Tout comme pour ces masques de théâtre, ces marionnettes, cette armoire pataude ou ce mobilier épuré. Certains de ces meubles, il est vrai, sont des oeuvres de designers, à l’image d’un fauteuil de 1956 dont le cuir élimé prouve aux fétichistes à quel point Bergman aimait à s’y asseoir. Les cinéphiles pourront tenter d’acheter projecteurs, caméras, récompenses ou attestations de l’Academy of Motion Picture Arts and Science américaine à l’occasion de ses nominations aux Oscars. Les plus „bergmaniaques“ pourront, eux, se tourner vers des bibelots. Un jeu de dés retient l’attention de Tom Österman car le cinéaste avait l’habitude de les jeter tous les matins „un peu par jeu et un peu par superstition“ afin de savoir si la journée sera bonne. Deux lots ne figurent pas sur le catalogue pour avoir été ajoutés à la vente après sa confection. „Il s’agit d’une lettre de Strindberg, qui n’est pas adressée à Bergman, mais qu’il a reçue en cadeau et que nous avons retrouvée entre deux disques“, explique M. Österman. Le second de ces objets de dernière minute est une simple corbeille en osier que Bergman avait sous sa table de travail. Les experts de la maison Bukowski’s n’avaient pas imaginé la mettre en vente, mais „un acheteur a manifesté son intérêt et nous l’avons finalement ajoutée“, raconte Mme Bergström. Autre objet „collector“: une table de nuit sur laquelle Bergman a gribouillé, d’une écriture torturée, de brèves pensées. A côté de „peur, peur, peur, peur, peur“, figure notamment un énigmatique „Saraband“ qui servira de titre à son dernier long-métrage.