Décès de l’économiste et historien Jacques Marseille

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L'historien et économiste Jacques Marseille est décédé jeudi matin à Paris des suites d'un cancer, à l'âge de 64 ans, a-t-on appris auprès de l'université Paris I Panthéon-Sorbonne où il était professeur.

Jacques Marseille était titulaire de la chaire d’Histoire économique et sociale jusqu’à son départ anticipé à la retraite à l’automne 2009. Il a succombé à un cancer de la prostate, a-t-on précisé dans son entourage. Agrégé d’histoire et docteur d’Etat, Jacques Marseille était l’auteur de nombreux essais qui l’ont fait connaître du grand public, comme „Lette ouverte aux Français qui s’usent en travaillant et qui pourraient s’enrichir en dormant“ (Albin Michel, 1992), „C’est beau la France!“ (Plon, 1993), „Du bon usage de la guerre civile en France“ (Perrin, 2006) ou, le dernier en date, „Pouvez-vous devenir ou rester français?“ (Albin Michel, 2010).

„Inlassablement“, ce spécialiste d’histoire économique „pourfendait le mal français, l’absence de lucidité et de courage de nos gouvernants et cette incapacité de notre pays à accepter les réformes de structure sans lesquelles la France risque de continuer à glisser inexorablement vers un rang et une situation trop médiocre pour elle“, écrit de lui l’hebdomadaire „Le Point“, auquel il collaborait depuis cinq ans, dans un hommage sur son site Internet signé de Michel Colomès.

„Une évoluton idéologique“

La vie de Jacques Marseille a été marquée par une importante „évolution idéologique“, explique l’un ses proches, le directeur de recherches au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) André Straus. „Il était encore membre du Parti communiste quand il a soutenu sa thèse, fin des années 1970, début 1980, avant de s’en éloigner progressivement pour devenir de droite, très libéral: il ne supportait pas les socialistes“, rappelle-t-il M. Straus. „Il avait des idées très carrées mais qui lui faisaient toujours condamner la société adepte du gaspillage, le corporatisme, la lâcheté des politiques“, souligne Michel Richard, directeur adjoint de la rédaction du „Point“.

„Joyeux, inventif et imaginatif, il s’exprimait avec virulence, jamais avec fiel“. Pour son ami Olivier Orban, PDG des Editions Plon-Perrin, qui ont publié plusieurs de ses ouvrages, l’économiste et historien était „le brillant représentant d’une tradition libérale qui se perd“. „Un homme à l’intelligence très grande, avec un très grand pouvoir d’analyse et une façon de voir les choses là où ça fait mal“, ajoute-t-il.

Jacques Marseille était membre du Comité de suivi de la loi sur l’autonomie des universités et du Comité pour l’histoire économique et financière auprès du ministère de l’Économie et des Finances, selon une biographie publiée sur son site internet. Il dirigeait les collections d’Histoire à la Librairie Nathan. Il a également collaboré à la revue „L’Histoire“, aux „Enjeux Les Echos“ et fut un invité régulier de l’émission d’Yves Calvi „C dans l’air“ sur France-5. „Il aimait ça et passait bien“ à la télévision, selon André Straus, qui évoque un personnage „chaleureux, gentil, attachant et intelligent“. „C’était un universitaire à l’esprit journalistique, pas un théoricien barbant“, insiste Michel Richard. „Il était devenu l’un des porte-drapeaux du journal“. Amateur de vélo, de natation et de course à pied, Jacques Marseille était né en 1945 à Abbeville (Somme) dans une famille modeste. Il était marié et père de trois enfants. AP