Dyptique Molière au Théâtre du Centaure (II)Comment vivre en société?

Dyptique Molière au Théâtre du Centaure (II) / Comment vivre en société?
De .g. à d.: Raoul Schlechter, Céline Camara, Valérie Plancke Photo: Bohumil Kostohryz

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Le deuxième volet de cette coproduction met en scène deux autres chefs-d’œuvre de Molière, à savoir „Le Misanthrope“ et „Tartuffe“. 

Ce spectacle, servi par les mêmes comédiens dans des emplois différents, gagne en force et en intensité dramatique, notamment en raison de la profondeur du texte de Molière, de la charge violente qu’il comporte. Le dispositif scénographique consiste cette fois à fusionner les deux pièces en sorte de plonger (voire d’impliquer) le spectateur dans un univers étriqué et éthiquement malsain dont il doit sortir indemne. Cette deuxième partie semble être un „baptême du feu“ pour chaque personne présente.

Dans la mesure où Alceste joue le rôle du fils d’Orgon (celui qui refuse de se plier au ballet des hypocrisies), il préfèrera (comme dans le „Misanthrope“ original) quitter les lieux! La pièce du „Tartuffe“, quant à elle, peint la situation d’une famille en crise, en chute, à laquelle un parasite s’accroche avec une facilité déconcertante. Et c’est sur cette famille que se recentre l’intrigue. En mettant en opposition la radicalité et la jeunesse d’Alceste et l’opportunisme de Tartuffe, Myriam Muller tente non seulement de mettre en lumière deux attitudes face au monde, mais encore de poser de nouvelles questions fondamentales: comment vivre en société? Doit-on dire non à la compromission, même si l’on est contraint de se couper des autres? Ou doit-on, au contraire, trouver des arrangements avec la vérité pour ne pas blesser ou plus prosaïquement pour s’élever socialement?

„Un vice à la mode“

C’est essentiellement le duo Valéry Plancke (Tartuffe) – Raoul Schlechter (Orgon) qui porte avec maestria ce binôme de personnages évoluant dans le cadre d’une crise familiale fondée sur la relation de Tartuffe avec la deuxième et jeune épouse d’Orgon, sur le conflit entre le père et le fils ainsi que l’opposition entre une vision progressiste et libertine du monde portée par Cléante, et celle, conservatrice, d’Orgon et de sa mère. On peste contre les vices du temps, dont l’hypocrisie, qui est, comme l’on sait, „un vice à la mode“ et qui, comme „tous les vices à la mode“, passe „pour vertus“. On tonne contre l’austérité, la „tartuffisation“ des êtres dont la conduite dévie du droit chemin ou qui n’ont pour seul but que l’exploitation des âmes généreuses. Malgré la gravité du sujet, la diction est claire et les enchaînements scéniques fluides. L’idéal du classicisme – plaire et instruire – était au rendez-vous.