Exposition au Schlassgoart à EschRomain Urhausen, encore et toujours

Exposition au Schlassgoart à Esch / Romain Urhausen, encore et toujours
Sans titre [Arbed], Luxembourg, années 1960  Photo: Romain Urhausen / AUTAAH, Collection du Centre national de l'audiovisuel (CNA)

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L’exposition „Steel Life“ à la galerie Schlassgoart fait un gros plan sur les clichés aussi bien humanistes qu’objectifs pris par le photographe Romain Urhausen dans le Bassin minier dans les années 50 et 60. 

L’exposition „Steel Life“ n’était initialement pas prévue dans le cycle d’hommages initié en 2022 et réalisé par Lët’z Arles en collaboration avec le Centre national de l’audiovisuel (CNA) et la veuve du photographe, Tilly Urhausen. Le grand succès – mesuré au nombre impressionnant de 87.000 visiteurs – de l’exposition qui lui fut consacrée aux Rencontres d’Arles en juillet 2022 a donné l’idée à la galerie Schlassgoart d’Esch, d’accueillir à son tour une exposition dédiée au photographe décédé le 7 juillet 2021. C’est une nouvelle étape dans l’histoire qui lie l’artiste à l’Arbed, et à son successeur ArcelorMittal, le mécène de la galerie Schlassgoart.

Ce choix est à plus d’un titre judicieux. Romain Urhausen avait vu l’exposition organisée en 2003 par la même galerie, comme le meilleur accrochage de ses œuvres. Surtout, c’est dans le bassin minier que le natif de Rumelange a fait ses premières armes et à Esch-sur-Alzette qu’il a ouvert son premier studio (de 1953 à 1957), après une formation à Paris, où il s’était donné à la photo humaniste, puis à Sarrebruck, sous la férule du père de la photographie subjective Otto Steinert. C’est fort de cette bipolarité artistique qu’il a photographié à de nombreuses reprises le bassin minier, à la ville comme à l’usine. Il l’a fait pour les besoins du „Livre du cinquantenaire de la ville“ en 1956, comme dans sa période considérée comme „dorée“, qui va de la publication de „Notre ville“, consacré à Esch et réalisé avec l’écrivain Nic Weber en 1961, à la commande de l’Arbed, en 1965, de 92 clichés pour orner son rapport d’activités, en passant par l’ouvrage réalisé avec le poète français Jacques Prévert au sujet des halles de Paris. 

Un précieux rapport d’activités

Vue de l’exposition à la galerie Schlaasgoart
Vue de l’exposition à la galerie Schlaasgoart Photo: Henri Georgen

Pour le rapport de l’Arbed, Romain Urhausen a parcouru les villes de Dommeldange, Dudelange, Esch, Schifflange, Belval, ainsi que les Terres rouges, visitant les mines de fer et immortalisant les mineurs. Il s’intéresse notamment à la puissance des installations sidérurgiques, aux symétries et aux jeux d’échelle – comme quand les buggys du funiculaire Ottange-Differdange semblent des ascenseurs. L’homme et le feu, la fumée, les coulées, les lumières des réverbères – qui peinent à mettre en lumière les mastodontes qu’elles côtoient – sont autant d’objets de curiosité et d’expérimentation. Les deux tendances de la photographie de Romain Urhausen, qui font sa marque et son intérêt, l’humanisme français et la subjectivité allemande, traversent les 71 photos des années 50 et 60 non datées et non légendées, présentées au Schlassgoart.

L’exposition de photographies est complétée par la présentation d’une collection d’une trentaine de bijoux et sculptures. Dans cette dernière catégorie, on remarquera une compression de pare-chocs datée de 1958, deux ans avant que César ne fasse la même chose, nous glisse à l’oreille la maîtresse des lieux et co-commissaire, Nathalie Becker. 

On peut aussi y découvrir une chaise longue à bascule, comme une ouverture sur la carrière de designer dans les années 70, qui marque une rupture dans le parcours de Romain Urhausen. C’est la version cuir de la chaise produite en série par la société allemande TECTA, par laquelle Romain Urhausen réclame un droit au farniente. Il l’a réalisée dans le sillon du mouvement du „Besser und schöner leben“, avant de partir dans le sud de la France en 1975, où il se mettra à transformer des maisons, comme on peut le lire dans l’un des documents accessibles aux visiteurs. En 1972, Romain Urhausen avait d’ailleurs créé un lit circulaire, composé de trois modules en quart de cercle autour d’un matelas rectangulaire pouvant intégrer un système audio pour permettre aux créatifs comme lui d’enregistrer les idées qui viennent au cours de la nuit. La photographie a su en tout cas immortaliser bon nombre des siennes.

Info

L’exposition „Romain Urhausen – Steel Life“ à la galerie Schlassgoart (Boulevard Grande-Duchesse Charlotte, Nonnewisen, à Esch-sur-Alzette) est accessible du mardi au samedi de 14 à 18 h. Jusqu’au 22 octobre 2023. On peut y acquérir le livre-hommage à Romain Urhausen, publié en 2022 aux éditions delpire & co, à l’occasion de l’exposition à Arles (42 euros).

Romain Urhausen dans la chaise à bascule qu’il a lui-même dessinée dans les années 1970
Romain Urhausen dans la chaise à bascule qu’il a lui-même dessinée dans les années 1970 Photo: Romain Urhausen/Collection Centre national de l’audiovisuel (CNA)