Forum „Ce budget n’est d’autre qu’un acte de désolidarisation“

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 Photo: Editpress/Julien Garroy

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„Toute classe dirigeante qui ne peut maintenir sa cohésion qu’à la condition de ne pas agir, qui ne peut durer qu’à la condition de ne pas changer […] est condamnée à disparaître de l’histoire.“ (Léon Blum, 1945, À l’échelle humaine)

Le budget 2023 de la Ville d’Esch-sur-Alzette n’est pas une simple prévision des recettes (≈ 235 millions d’euros) et dépenses (≈ 222 millions d’euros), mais c’est une projection de projets, d’idées et notamment un énorme effort collectif, un travail herculéen, du personnel des différents services communaux.

La présentation, le débat et le vote d’un projet budgétaire sont des rendez-vous incontournables pour tout citoyen et particulièrement pour tout élu; particulièrement en fin de mandat, quand il s’agit à la fois de faire une rétrospective et une prospective de la vision d’une majorité politique. Début novembre, le conseil communal a été informé que la coalition actuelle aux rênes était apparemment contrainte de changer les dates de la présentation, du débat et du vote du budget pour l’exercice 2023. Une telle décision a un grand impact sur l’agenda des mandataires, ayant aussi des obligations professionnelles et personnelles à honorer. Malheureusement, suite à cette décision, trois conseillers de l’opposition, n’ont pas pu débattre ce projet budgétaire vendredi dernier.

La lecture de la présentation du budget, début décembre, était tout à fait à la hauteur de la qualité du travail de la coalition en charge depuis 2017: manque de recul face aux critiques, manque de gestion durable, manque de perspectives écologiques et sociales, manque de véracité dans les discours, accompagnée d’une vanité débordante.

Le budget 2023 de la ville d’Esch-sur-Alzette intervient à un moment crucial où nous sortons lentement d’une crise sanitaire mondiale, où les citoyens du monde subissent les conséquences mondiales d’une guerre d’agression, où les prix d’énergie flambent et surtout une période où le dérèglement climatique ne menace pas seulement notre biodiversité mais aussi l’espèce humaine. Tous ces défis ont un impact local et donc aussi sur les décisions locales.

Il est ainsi peu surprenant que la page de couverture, en temps de crise, montre une photo du projet pharaonique de la coalition au pouvoir: l’„Escher Kiermes“.

Le projet budgétaire 2023 est le fruit d’années d’inconscience de ceux qui estiment que l’attaque semble être la meilleure défense, dans le but de camoufler leur bilan et héritage politique. C’est ainsi que le débat politique de ce mandat se caractérise par des remarques saugrenues à l’égard des critiques et des tentatives de museler le banc de l’opposition, ayant comme apothéose le blâme public d’une jeune journaliste, d’un grand quotidien eschois, présente lors des débats budgétaires 2019 et les remarques inutiles, sans rapport, lors de la présentation du budget 2023, à la direction de l’ancienne conseillère et maire.

La présentation du budget et surtout les articles budgétaires dédiés à l’écologie soulignent le problème de cette majorité: d’un côté elle se targue de formidables progrès et de grandes déclarations, tout en se félicitant des efforts de Südstroum. Mais de l’autre côté règne un vide budgétaire. Hormis, la terminaison du collecteur square Lallange (855.072 euros) et une légère croissance de certaines subventions (dont ≈ 6,6% pour Transition Minett) le budget ne reflète guère l’auto-proclamation de la durabilité de la majorité.

Une stagnation similaire peut être observée dans les articles budgétaires concernant les travaux publics: la majorité se contente d’emprunter la voie de la moindre résistance, en ne prévoyant des travaux que dans quatre rues, et en reportant les travaux de la redynamisation de la rue commerciale sur un exercice budgétaire futur.

Une goutte dans l’océan

Mike Hansen
Mike Hansen LSAP Esch
Jean Tonnar
Jean Tonnar LSAP Esch

Le phlegmatisme s’installe aussi au niveau des articles budgétaires concernant la circulation, malgré de maintes interventions pour que la ville d’Esch investisse dans des mesures pédagogiques de réduction de vitesse, malgré la demande pour des infrastructures adaptées, malgré la nécessité de promouvoir la mobilité active et douce, malgré le rappel et le besoin d’un concept de circulation. Sans vrai concept, la piste cyclable connectant le centre-ville à Belval (remboursée à 100% par le gouvernement) restera une goutte dans l’océan.

En revanche, la coalition actuelle est responsable pour l’explosion des coûts de l’agrandissement du Centre Omnisports de Lallange (≈ 40 millions d’euros) et des frais de personnel. La coalition menée par le LSAP a baissé les frais de personnel de -7,2% entre 2016 et 2018. La coalition actuelle a réussi, au contraire, à faire exploser les coûts de 55,75% entre 2017 et les estimations 2023. Nous devons nous interroger sur les raisons, car les cinq dernières années, aucun organigramme n’a pu être produit par les services communaux.

Le comble de la démagogie était la déclaration lors de la présentation au sujet des écoles.

D’un côté, la majorité veut se parer des plumes du paon en se félicitant de la rénovation de l’école Bruch, de l’école Wobrécken, ou encore du Centre Elysis. De l’autre côté, on omet de préciser qu’aucun nouveau projet scolaire a été mis en œuvre, hormis l’étude concernant l’école Neudorf.

Grands étaient les espoirs après l’obtention du statut de la capitale européenne de la culture pour l’année 2022 sous les impulsions de Janina Strötgen et Andreas Wagner, dont les projets mûrement réfléchis ont été balayés sans la moindre explication. Une équipe de bureaucrates s’en est emparée, ignorant entièrement la mentalité eschoise et en laissant les artistes, tant eschois que du sud du pays, ou encore transfrontaliers, en dehors de tout projet et de toute concertation. L’héritage d’Esch2022 dans le budget 2023 est un financement intransparent d’environ 4 millions d’euros d’une asbl culturelle.

A l’opposé des dirigeants actuels, la majorité précédente ne bénéficiait pas de recettes supplémentaires et se concentrait sur des projets au-delà de l’échéance électorale. Cela qui explique par ailleurs pourquoi la majorité actuelle ne fait pas recours à des emprunts. Ce budget n’est d’autre qu’un acte de désolidarisation, avec comme priorité une salle de sport, accumulant des retards et une explosion des coûts, et un musée de sport (remboursé à 100% par l’Etat).

*Mike Hansen et Jean Tonnar (LSAP) sont membres du conseil communal de la ville d’Esch