Freitag31. Oktober 2025

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France Baptême du feu pour Sébastien Lecornu

France  / Baptême du feu pour Sébastien Lecornu
A Montpellier, le 10 septembre, une poubelle brûle lors de la mobilisation „Bloquons tout“ Photo: AFP/Gabriel Bouys

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Baptême du feu pour Sébastien Lecornu: alors que les blocages annoncés ont peu mobilisé, la rue a tout de même flambé entre poubelles incendiées et grenades lacrymogènes.

Tandis qu’à Matignon se déroulait hier la passation de pouvoir entre François Bayrou et son successeur Sébastien Lecornu, dans différentes villes de France, à commencer bien sûr par la capitale, se développait l’opération „Bloquons tout“.

Une appellation qui pouvait d’ailleurs sembler largement exagérée au total, car les actions de blocage ont été peu nombreuses et vite dispersées, et les transports publics ont presque normalement fonctionné. Ce qui n’a pas empêché certaines actions plus violentes d’avoir lieu.

Cette journée du 10 septembre devait être, pour le nouveau premier ministre, à qui son prédécesseur venait de remettre les clés de Matignon et de souhaiter bonne chance, le baptême du feu – au sens propre, d’ailleurs. Car d’innombrables poubelles ont été brûlées par de petits groupes de manifestants, quelques barrières de bois également, tandis que, plus gravement, à Rennes un bus intercepté par d’autres protestataires était méthodiquement incendié avant d’exploser sous un pont routier.

80.000


Du côté du maintien de l’ordre on a misé sur une mobilisation extrême, avec quelque 80.000 policiers et gendarmes, et un usage très massif des grenades lacrymogènes

D’autres violences ont eu lieu, comme il est désormais habituel, lors de la dislocation des cortèges. Du moins dans certaines grandes villes, là où les organisateurs de ces démonstrations étaient brusquement débordés par les „Black blocks“ et les manifestants de l’ultra-gauche. Routine là aussi: nombre de commerçants, restaurateurs, cafetiers, responsables d’agences bancaires, etc., avaient pris leurs précautions et barricadé leurs vitrines. Quant au grand centre commercial du Forum des Halles, dans le centre de Paris, il avait été totalement fermé à la suite d’appels au pillage.

La comparaison était souvent faite, ces derniers jours, entre ce qu’avait été le mouvement des „Gilets jaunes“ durant l’hiver 2018-2019 et ce qui allait être, claironnaient ses organisateurs, une journée de blocage général de la France. Les chiffres, toutefois, n’appartiennent pas du tout au même ordre de grandeur. Le jour même du lancement de leur mouvement, les „Gilets jaunes“ avaient bloqué quelque deux mille carrefours et rassemblé au moins 350.000 contestataires. Hier, les quelques dizaines de blocages n’ont guère tenu face aux forces de l’ordre, faute, le plus souvent, de participants; et le total de ces derniers est resté très inférieur, manifestement, aux chiffres d’il y a sept ans.

Seulement 4% de grévistes dans la Fonction publique

Autres différences, significatives sur un autre terrain: les nombreux drapeaux palestiniens brandis par les manifestants hier, et puis ce slogan placardé sur la statue de la République à Paris: „Macron, mort ou rien!“ Quant aux grévistes, ils n’étaient pas plus de 4% dans la Fonction publique, et à peu près inexistants dans le secteur privé. Mais les grands syndicats se réservent pour la journée nationale de grève qu’ils organisent le 18 septembre, et qui peut fort bien connaître, elle, un vrai succès dans le contexte actuel.

En attendant, les organisations nationalistes et souverainistes qui étaient à l’origine du mot d’ordre de mobilisation pour le 10 septembre expliquent le caractère décevant du résultat de leur appel par le fait qu’il a été complètement récupéré et canalisé par l’extrême gauche mélenchoniste, puis, dans une moindre mesure, par le PS. Mais statistiquement, on ne voit pas très bien pourquoi l’opération „Bloquons tout“ aurait eu à pâtir de ce changement de commanditaires, d’autant plus que les premiers – en gros, des groupuscules d’extrême droite – s’étaient ingéniés à rester masqués, et que les seconds étaient beaucoup plus nombreux.

Sébastien Lecornu va se plonger dès demain dans les consultations dont il a été chargé par le président Macron en direction de „tous les partis représentés au Parlement“ pour tenter de sortir de la crise. Mais la question qu’il ne peut pas ne pas se poser dans l’immédiat est celle de savoir si la contestation qui s’est affichée hier, même si elle n’a pas pris l’ampleur que le pouvoir redoutait, va maintenant perdurer et peut-être s’amplifier, ou non. Il a d’ailleurs présidé hier soir une réunion de la cellule interministérielle de crise.

En tout cas, on avait, du côté du maintien de l’ordre, misé sur une mobilisation extrême, avec quelque 80.000 policiers et gendarmes, et un usage très massif des grenades lacrymogènes. Au point que l’incendie qui, dans le quartier parisien du Châtelet, a embrasé un restaurant puis le petit immeuble qui le surmontait, pourrait avoir pour origine non une action des manifestants, mais un tir de la police, ce que devra déterminer l’enquête aussitôt diligentée.