Opinion Crise du logement: Saint-Glinglin ou ici et maintenant? 

Opinion  / Crise du logement: Saint-Glinglin ou ici et maintenant? 
 Foto: Soeren Stache/dpa-Zentralbild/dpa

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„Il ne faut pas remettre à demain ce que tu peux faire aujourd’hui“ dit le célèbre proverbe que tout le monde connaît trop bien et qui résume à merveille la situation de la politique du logement officielle du gouvernement.

Manifestement dans ce domaine le gouvernement est à la ramasse et les deux ministres concernés, celui du Logement et celle de l’Intérieur, font plutôt triste figure. Ils sont ou bien dépassés par la situation, ou bien leur prise de conscience des réalités sociales n’est pas assez développée, ce qui serait quand même étonnant de la part d’une ancienne syndicaliste, de troisième catégorie certes … Ils se contentent de vouloir calmer les esprits (surtout pas de vagues!) en parlant, loin de les réaliser encore, de mesures susceptibles d’être une esquisse de réponse, prêtes, dans le meilleur des cas, pour la Saint-Glinglin ou pour les calendes grecques, au choix …

Qui au niveau du gouvernement ou au sein de la majorité osera dire à ces deux responsables que les mesures dont ils ne cessent de parler, et qui, à quelques rares exceptions près, n’ont même pas encore passé l’écueil du Parlement, auront une traduction sur le terrain au mieux dans dix ans, alors que la crise du logement sans pareil que nous connaissons aujourd’hui au Luxembourg exige surtout des mesures rapides et efficaces, hic et nunc. Et les récentes évolutions sur le plan international ne sont pas faites pour améliorer la situation de sitôt …

Quelle est la réponse du gouvernement jusqu’ici?

Au niveau du ministère du Logement, on a mis certes sur la table une accélération des programmes de construction et un accroissement du nombre des constructions d’habitation des organismes publics divers, Fonds de logement, SNHBM et autres. L’enveloppe budgétaire a également été relevée substantiellement. Il est en outre prévu de modifier la loi sur les aides financières individuelles au logement, tant pour les locataires que pour les propriétaires. C’est très bien, mais loin d’être suffisant. Et surtout, les procédures, les délais administratifs etc allongent les délais de construction. En plus on a l’impression que le ministre ne veut surtout pas faire mal, il faut que les mesures envisagées ne heurtent pas le sacro-saint principe de la propriété privée, alors qu’il est de notoriété que la plupart de ces propriétés ne sont pas le fruit de labeurs se traduisant par des gouttelettes de transpiration sur le front des personnes qui en profitent, mais elles sont le plus souvent le fruit du hasard d’être nées dans la bonne famille (merci Papa, merci Maman!), au bon endroit, au bon moment, ou bien le fait d’avoir été un spéculateur heureux grâce à des biens familiaux, hérités la plupart du temps. Ainsi se perpétue dans notre pays une des plus grandes inégalités: si tu as des parents riches, tu seras riche, si tu as des parents pauvres, … … … (cher lecteur, finissez la phrase!).

Qui aura le courage de mettre sur la table une réforme ambitieuse de la législation sur les droits des successions tout en prévoyant, certes, des forfaits généreux ? Malheureusement, dans le paysage politique actuel, ces positions politiques restent largement minoritaires alors qu’elles sont le préalable à toute politique de logement efficace et un instrument indispensable à combattre les inégalités sociales criantes, observées dans notre société, et où, souvent, la question du logement détermine toutes les autres.

Deux categories de citoyens

Est-ce un hasard si les personnes les plus impactées par la crise du logement ne font pas partie du corps électoral, le droit de vote est réservé pour les autres, la plupart autochtones et héritiers heureux depuis des générations? Alors pourquoi prendre des mesures drastiques, qui sont susceptibles de faire mal, certes nécessaires pour remédier à la situation sociale catastrophique, mais au bénéfice électoral quasi nul pour le ministre vert, qui préfère contenter son électorat bobo et les fonctionnaires publics de toutes sortes, déguisés en vert pour la bonne conscience, carnet électoral en poche, et souvent héritiers ou, au Luxembourg, nouveaux petits privilégiés, sans mérites particuliers. C’est drôle, mais quand le ministre prend la parole, on a l’impression qu’il fait, à chaque fois, son maiden speech, son premier discours, un vrai „jeune premier“ permanent !

Les prestations de la ministre de l’Intérieur, dans le cadre du dossier sous rubrique, me mettent souvent devant l’alternative suivante: faut-il en rigoler ou en pleurer? Voilà trois ans qu’elle parle de vouloir mettre en place une réforme de l’impôt foncier, aucune ébauche de texte sérieuse n’a vu le jour jusqu’à présent, rictus toujours bloqué en position sourire, jupe Chanel et sac Vuitton en bandoulière, elle joue la montre, cap sur les élections de 2023, tête dans le guidon, championne du paraître et de la gesticulation, Oscar du meilleur second rôle comme bodyguard du Grand-Duc, dans la série télévisée hebdomadaire: „Le Grand-Duc inaugure les chrysanthèmes!“

Faut-il préciser que de toute façon la réforme de l’impôt foncier, certes plus que nécessaire, aurait éventuellement ses premiers effets au mieux dix ans après son passage à la Chambre de députés?

Les deux responsables politiques sous rubrique démontrent à merveille une vieille antienne: la plupart des politiques ne cessent de vouloir s’accrocher à une grande loi, ambitieuse en paroles, susceptible de résoudre TOUS les problèmes, alors que dans le cadre de la crise du logement aigüe que nous connaissons, des mesures plus concrètes, plus efficaces, plus rapides plus spécifiques, plus ciblées, doivent être prises au même titre, même si elles non plus ne résoudront la crise dans sa globalité.

Mais avant d’en parler plus précisément, je me permets de profiter de l’occasion pour dénoncer le triste spectacle offert récemment par de nombreuses municipalités, la Ville de Luxembourg, comme souvent, maillot jaune dans cette rubrique, quand elles se sont précipitées pour faire passer encore rapidement des PAP sous l’ancien régime, avant la mise en œuvre du Pacte Logement 2.0, ce dernier étant plus exigeant en termes de logements abordables imposés.

Cela en dit long sur la mentalité de certains …

Tiny houses ou micromaisons …

Deux mesures parmi d’autres sont susceptibles d’améliorer plus rapidement la situation sur le terrain, je parle de la mise en place d’une stratégie de la construction à grande échelle des „Tiny houses“ et d’une autre concernant les nombreuses habitations vides, c.-à-d. non habitées.

Les „tiny houses“, appelées micromaisons en français, sont le produit d’un mouvement social et architectural prônant un mode de vie consistant à réduire intentionnellement la consommation, y incluse sa consommation d’espace. Il est de notoriété que beaucoup d’entre nous, une fois les enfants partis, un compagnon décédé ou une séparation réalisée, se retrouvent dans des maisons format XXL alors qu’un format L serait largement suffisant. En même temps des locataires et des colocataires se collent et se marchent sur les pieds pour pouvoir vivre tant soit peu dignement.

On pourrait y ajouter une demande de plus en plus grande de la part des „singles“, de personnes préférant vivre plutôt seules que mal accompagnées ou tout simplement obligées de vivre seules. Dès lors finie la construction des grandes maisons, ces véritables palais, où certains ont besoin d’un GPS pour se retrouver et vive des constructions plus humbles se limitant à l’essentiel. Entretemps, un mouvement social appelé „simplicité volontaire“ est né pour accompagner cette nouvelle démarche. En fait, on peut inscrire cette dernière dans le cadre de que certains appellent la „décroissance“, chère non seulement aux écologistes, entretemps. Précisons que ces micromaisons devraient être créées sur base de lotissements, peuvent être sur roues ou sur fondation, l’esprit étant la réduction d’espace, une telle maison pouvant avoir entre 10 m² et 45 m².

Ici et maintenant pas la place ni le moment d’aller dans les détails. Le ministre en question devrait lancer une grande étude ad hoc pour faire une analyse de ce nouveau type d’habitation et pour faire des propositions concrètes. Le temps presse, par rapport à certains pays étrangers, on a déjà du retard. Le marché existe, les marchands attendent le feu vert pour démarrer.

Le scandale des habitations non habitées, vides

Je ne parle même pas des habitations XXL où une seule personne ou un couple occupe une maison/appartement trop grand, je veux parler de celles, grandes ou petites, qui sont carrément inoccupées pour diverses raisons, certes. L’autre dimanche, je me suis promené dans les faubourgs de la ville de Luxembourg avec un de mes meilleurs amis et on a essayé de détecter les maisons vides, inoccupées. C’était effarant! Normalement on passe devant ces maisons sans s’en rendre compte. Mais une fois le sujet abordé entre nous, on a eu de cesse de relever un peu la tête, on a véritablement découvert un désastre. A l’occasion d’une visite à Esch 2022, j’ai reproduit le même scénario dans la capitale du Bassin minier. Même résultat. Essayez un peu le même stratagème là où vous passez, vous allez faire des constats affligeants.

Cette mini-analyse me permet d’affirmer haut et fort que dans notre pays, qui souffre d’une pénurie de logements abordables criarde, plus d’un millier d’habitations ne sont pas occupées, bien sûr toujours pour de „bonnes raisons“.

Ce constat est déjà en soi un véritable scandale, mais il est renforcé par le fait que très souvent ce sont les pouvoirs publics ou leurs bras prolongés qui sont à l’origine de cet état de fait, dans la mesure où ils sont les tristes propriétaires de ces habitations vides. Sans même parler, à ce stade, des propriétaires privés.

Soyons brefs: combien d’espaces potentiellement habitables, notamment des gares désaffectées, désolément vides, se trouvent dans le giron des CFL. Peut-être que le ministre responsable des Transports pourrait donner la réponse à cette question? Peut-être que le ministre du Logement devrait s’intéresser à cette question qui ne se limite pas aux CFL? Peut-être qu’un député osera poser une question parlementaire ad hoc?

Idem pour la Poste, idem pour la BCEE, quid des autres?

Un autre grand propriétaire d’immeubles de toutes sortes, vides ou peu occupés, devrait être analysé de près: l’Archevéché de Luxembourg, un géant parmi les propriétaires fonciers. Notre cardinal bien-aimé devrait pouvoir nous donner une réponse à cette question et se déclarer ouvert à une approche concertée avec les pouvoirs publics pour y voir plus clair et pour définir une stratégie ad hoc. L’amour du prochain, une fois n’est pas coutume, devrait se concrétiser autrement dans ce domaine.

Un autre acteur public est directement interpellé, les communes. Comme elles se trouvent au plus près du terrain, leur rôle est primordial. Le ministère de l’Intérieur, avec le Syvicol, devrait ordonner une enquête d’envergure pour établir un état des lieux des logements vides susceptibles d’être occupés, l’Agence immobilière sociale, qui fait un excellent travail, pourrait être un accompagnateur important dans cette démarche.

Reste l’épineux problème des habitations vides qui appartiennent à des propriétaires privés. Dans ce domaine également, l’Etat doit se donner les moyens d’intervenir et d’imposer sa volonté, à condition qu’il en ait une. Il est inadmissible que des particuliers, sous l’œil bienveillant ou aveugle du gouvernement, refusent de mettre sur le marché des habitations et peuvent s’adonner sans scrupules à leur sport favori: la spéculation. Dans ce domaine, une intervention de l’Agence immobilière sociale s’impose également, de concert avec les représentants de l’Etat.

Un cadastre national des logements vides

Il faut d’abord que l’Etat, le garant de la protection des citoyens dans une société comme la nôtre, assume et remplisse ce rôle de protecteur et de défenseur de l’intérêt public (et non le protecteur du seul intérêt privé !) Qui est la partie faible, qui a besoin du support de l’Etat: la personne qui est en difficulté pour trouver un logement „abordable“, ou le propriétaire dont l’Etat protège les activités spéculatives?

Il faut une volonté politique forte, même très forte pour changer de braquet. Actuellement elle fait défaut, hélas. 

Ensuite, il faut établir, principalement sous l’autorité des deux ministres cités plus haut, un cadastre national des habitations vides, indépendamment du propriétaire de ces lieux. Après un programme, une stratégie, des moyens budgétaires, voire un agenda précis devra être établi pour mettre fin à un des plus grands fléaux de la politique de logement: la rétention de logements vides, peu importe leur propriétaire, peu importe les raisons, peu importe les obstacles.

Mais honnêtement: voyez-vous notre gouvernement capable de faire preuve d’une telle volonté politique?

Il est permis d’en douter …

P.S.: A bon escient, il n’a pas été question de la relation bailleur-locataire, autre pilier de toute politique de logement, où des situations moyenâgeuses existent et où les pouvoirs publics n’assument pas ou mal leur rôle de contrôle dévolu par la loi.

Elle est passée où, l’autorité de l’Etat?

* René Kollwelter est ancien député du LSAP et ancien membre du Conseil d’Etat

jung.luc.lux@hotmail.com
9. April 2022 - 14.12

In diesem Thema haben alle Parteien versagt. Keine Partei soll sich hier als Retter aufspielen. Niemand arbeitet im Sinne der jungen Generation. Alle versprechen und halten nichts. Grosse Worte und Versprechungen von Politiker sind wir zu diesem Thema in Luxemburg gewöhnt.