FranceAnne Hidalgo cherche à (re)lancer sa campagne présidentielle

France / Anne Hidalgo cherche à (re)lancer sa campagne présidentielle
Anne Hidalgo n’arrive pas à sortir du bas-fond des sondages Photo: AFP/Thomas Lo Presti

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La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, investie par le congrès du PS pour porter les couleurs du parti dans la course à l’Elysée de 2022, a tenu samedi après-midi à Lille un meeting rassemblant quelque 1.500 personnes et destiné à lancer formellement sa campagne. Laquelle ne lui a pas permis, pour l’instant, de faire la moindre percée significative dans les sondages.

Lancer, ou plutôt … relancer? C’est en fait ce deuxième terme qui convient le mieux, même s’il peut sembler bien précoce de parler ainsi, tant la candidate socialiste peine à capter la sympathie des électeurs, ou même simplement leur attention. Ce que traduisent cruellement toutes les enquêtes d’opinion: avec des intentions de vote allant de 4 à 6%, Mme Hidalgo paraît menacée, si rien ne se passe, de ne pas même atteindre le score, pourtant jugé pitoyable à l’époque, de Benoît Hamon, son prédécesseur du PS pour la présidentielle de 2017, où il n’avait recueilli que 6,3% des suffrages.

Même dans son propre parti, la candidate n’a guère suscité d’enthousiasme jusqu’à présent. Il est vrai qu’elle a souffert, outre de son „parisianisme“, de plusieurs handicaps qui ne lui étaient pas imputables: la décrépitude des grandes formations politiques traditionnelles, à gauche comme à droite; la mauvaise image des socialistes laissée par le règne de François Hollande et sa débâcle finale; les conditions pour le moins discutables dans lesquelles le premier secrétaire, Olivier Faure, a cherché – et réussi – à imposer le nom de Mme Hidalgo en coupant court à une élection primaire.

Olivier Faure qui est même allé jusqu’à dire à la télévision: „J’espère que notre candidate ira jusqu’au bout!“ On a connu soutien plus enthousiaste, optimisme plus rayonnant … Un peu comme François Hollande lui-même, qui assure certes qu’il votera pour elle, mais évoquait récemment, à propos de son nouveau livre, le caractère „lilliputien“ des différentes candidatures de gauche, celle de l’intéressée comprise. Et certains, dans l’état-major du PS, ne font plus guère mystère de rechercher déjà un „plan B“ pour le cas où cet enlisement dans les bas-fonds des sondages persisterait encore fin décembre.

La concurrence verte

Fidèle à la tradition de la Ve République qui veut que pour une élection présidentielle, on cherche d’abord à rassembler son propre camp dans la perspective du premier tour, avant de séduire au-delà pour le second, Anne Hidalgo s’est donc efforcée, samedi à Lille, en présence de la maire de la ville, l’ancienne ministre Martine Aubry, de rappeler son ancrage à gauche. „Je viens porter un projet de reconquête sociale, écologique, démocratique“, a-t-elle assuré, et „je représente ce que beaucoup de nos adversaires aimeraient faire taire: une femme de gauche, d’origine étrangère [en l’occurrence espagnole], profondément européenne; je suis celles et ceux dont certains cherchent à écraser la voix.“

Mme Hidalgo s’est aussi engagée à „porter à 60% d’une classe d’âge le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur“ – non sans maintenir au passage son engagement, très critiqué même à gauche, de doubler le salaire de tous les enseignants au cours de son quinquennat. Et aussi à „atteindre la neutralité carbone en 2050“, et à faire présenter au Parlement „une loi de programmation sociale dès l’été 2022“, qui permettra notamment „d’atteindre l’égalité totale des salaires en cinq ans entre hommes et femmes“.

Un tel catalogue d’engagements, pour irréaliste qu’il puisse paraître, est un peu la loi du genre en matière de discours électoraux. Mais il traduit aussi, dans le cas d’Anne Hidalgo, le souci de prendre le leadership à gauche, en ne se laissant déborder ni, côté Insoumis, par Jean-Luc Mélenchon, que les sondages placent pour l’instant devant elle, ni surtout, côté Écologistes, par Yannick Jadot, investi candidat des Verts – et, lui, au terme d’une vraie primaire – lequel la devance aussi dans les intentions de vote.

Jadot dont certains commencent d’ailleurs à dire que le bon sens, pour les socialistes, serait peut-être de le rallier, plutôt que de s’obstiner à faire solitairement campagne de leur côté, si ladite campagne ne décolle toujours pas vraiment. Rendez-vous aux prochains sondages …