MaliLa France a quitté les dernières positions de l’opération Barkhane

Mali / La France a quitté les dernières positions de l’opération Barkhane
C’est désormais du Niger que la France entend redéployer ses efforts photo: AFP/Thomas Coex

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Amorcé au printemps, le retrait des troupes françaises engagées dans la lutte contre le terrorisme islamiste au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane s’est achevé au début de la semaine avec la fermeture de leur dernière base sur place. Un retrait rendu inéluctable par les deux coups d’État successifs qui ont eu lieu à Bamako, portant au pouvoir une junte militaire résolument hostile à la France.

Nul doute qu’en quittant leur camp de Gao, les derniers soldats français qui y étaient encore cantonnés auront éprouvé un sentiment amer. Non pas seulement parce que 59 de leurs camarades ont trouvé la mort en défendant le Mali, mais aussi parce que c’était justement à la demande de celui-ci qu’ils y étaient venus en 2013, pour sauver la capitale, Bamako, d’une invasion djihadiste. A cette époque, plus de la moitié du territoire malien était contrôlé par les groupes terroristes, et Paris allait envoyer jusqu’à 5.500 soldats.

Sans vergogne, la dictature malienne est allée, hier devant les Nations-Unies, jusqu’à accuser la France de soutenir … les djihadistes, en leur fournissant des armes et des renseignements tactiques – sans doute pour tuer ses propres soldats! En fait, la junte militaire se retrouve désormais face à une mouvance islamiste qui, sitôt que la France avait amorcé son retrait, et à plus forte raison maintenant, s’est sentie libre de reprendre son avance et renforcer son emprise sur la région. Que ce soit avec l’EIGS (Etat islamique au grand Sahara), affilié à Daesh, ou avec les groupes islamistes liés, eux, à Al-Qaïda.

Mais ce qui rend plus amère encore la situation pour Paris, c’est qu’outre ces mouvements islamistes, la milice russe Wagner, en principe privée mais très liée à Vladimir Poutine, tient désormais le haut du pavé à Bamako. Ces mercenaires, connus pour leur exceptionnelle brutalité et également employés, notamment, par la Russie en Ukraine, étaient environ 300 au Mali au début de l’année, dit-on côté français; ils seraient maintenant un bon millier.

Le Niger, partenaire désormais central

Il va leur rester à prouver leur efficacité dans la lutte antiterroriste: jusqu’à présent, leur tâche principale en Afrique a surtout été la protection personnelle rapprochée de différents dictateurs. Face aux djihadistes résolus à instaurer au Sahel ce „califat“ que les avaient empêchés de bâtir les troupes françaises, les voici à leur tour en première ligne, aux côtés des FAMA (Forces armées du Mali) à l’efficacité bien aléatoire … Il est vrai que leur présence ostensible vise avant tout à resserrer l’emprise de Moscou sur ses „amis“ africains dans le nouveau contexte international créé par l’agression russe contre l’Ukraine.

La France n’envisage cependant pas d’abandonner le combat contre le terrorisme islamiste en Afrique, même si elle n’a jamais réussi à y entraîner réellement ses partenaires européens (dont beaucoup n’ont pas, il est vrai, le même rapport historique avec le Continent noir). C’est désormais du Niger, d’où étaient déjà conduites ses opérations aériennes, et en coopération avec le Tchad et Burkina Faso, qu’elle entend redéployer ses efforts.

Mais non plus donc sur le sol malien, pourtant le plus directement menacé, pour ne pas dire déjà partiellement occupé. Et la grande leçon de ce retrait, estiment plusieurs hauts responsables de Barkhane, est que, décidément, le succès contre la tentative de conquête du Sahel par les djihadistes ne pourra passer, quel que soit l’engagement de la France, que par les armées nationales africaines elles-mêmes. Ce qui supposera, de la part de Paris, de repenser les modalités de sa coopération avec elles. Et de recueillir de la part des Etats concernés un feu vert politique durable – si possible …