Sonntag9. November 2025

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Cancer du sein et traitement hormonal: un lien à interpréter avec prudence

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La baisse des nouveaux cas de cancers du sein en France en 2005-2006 semble être liée à l'arrêt des traitements hormonaux de la ménopause (THM), selon des spécialistes du cancer du sein réunis en congrès à La Baule, qui ont toutefois appelé à la prudence sur cette interprétation.

 Il existe „beaucoup d’éléments convergents“ en faveur d’un lien entre la chute de l’utilisation des THM et la baisse de l’incidence des cancers du sein, a indiqué Brigitte Séradour, présidente de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (SFSPM). Elle présentait des données complémentaires à celles publiées en janvier 2008 dans le Bulletin du cancer. Selon ces données nationales de l’assurance maladie (sur 84% de la population), l’incidence des cancers du sein a baissé de 6,6% entre 2003 et 2006 pour les femmes entre 50 ans et 69 ans. Mais „l’interprétation des chiffres est extrêmement difficile“, surtout dans le contexte français, où plusieurs paramètres ont été modifiés sur une courte période, avec des interactions difficilement mesurables, a-t-elle souligné.
 „Entre 2000 et 2006, on dirait que tout a changé“. Patrick Arveux (registre des cancers de Côte d’Or) a indiqué de son côté avoir observé „un tassement de la courbe“ des cancers du sein à partir de 2005-2006, sans qu’on puisse à ce stade le rattacher à une cause. En 2002, une étude américaine avait jeté le trouble en montrant que le traitement hormonal de la ménopause ou THM entraînait une augmentation du risque de cancer du sein. Entre 2002 et 2006, les THM ont diminué en France de 62%, avec une forte chute en 2003 et 2004. En 2000 et 2001, au moins 25 à 40% des Françaises de 50 à 60 ans étaient traitées. D’autres facteurs susceptibles d’agir sur la survenue du cancer du sein sont plus difficilement quantifiables (consommation d’alcool, poids…) ou plus difficiles à modifier rapidement, comme l’âge du premier enfant. Le dépistage et le recours aux THM sont les éléments „les plus mesurables“, a expliqué le Dr Séradour.
Entre 2000 et 2006, le nombre de mammographies réalisées dans le cadre du dépistage organisé du cancer du sein a augmenté de 335%. A partir de 2002, le protocole a été modifié et la qualité des mammographies et des interprétations a progressé.
De plus, le dépistage organisé a été étendu en 2002 aux femmes de 70 à 74 ans, expliquant la forte augmentation (25%) de l’incidence pour cette tranche d’âge jusqu’en 2004, suivie d’une diminution de 8,4% entre 2004 et 2006. Hélène Sancho-Garnier (Centre régional de lutte contre le cancer de Montpellier) a relevé que la même concomitance entre baisse des cas de cancers et baisse du recours aux THM est apparue aux Etats-Unis et en Australie. Le même phénomène s’est produit dans les pays d’Europe ayant largement utilisé les THM, comme l’Allemagne. Le délai observé entre baisse des THM et baisse des cancers peut sembler très court. Mais il pourrait s’expliquer par un „effet promoteur“ des THM, qui ne „créeraient“ pas le cancer, mais accélèreraient son apparition en le „nourrissant“, a indiqué le Dr Séradour. La très grande majorité des cancers du sein sont en effet „sensibles“ aux hormones. Reste à observer ce qui va se passer dans les 5 à 10 prochaines années dans les différentes tranches d’âge. Sachant qu’entre temps d’autres modifications seront intervenues: progrès des techniques de dépistage, augmentation du nombre de personnes dépistées… Les 30e Journées de la SFSPM se tiennent de mercredi à vendredi à La Baule, sur le thème de la prévention du cancer du sein.