Ordinateur et intelligence artificielle

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Or elle se trouve être conçue par des membres, peut-être anxieux mais pensants, de cette classe de grands singes anthropoïdes à laquelle les hommes appartiennent aussi, même si certains d’entre nous n’en conviennent pas, et cela ne m’en semble pas du tout une fantaisie sans importance.

Triste rappel: nos cousins gorilles, espèce qui en compagnie des orangs-outans, chimpanzés et autres bonobos, partagent plus de 98% de leur génome avec le nôtre, sont en train d’être exterminés en Afrique et en Asie par la chasse, bien sûr illégale, et surtout la déforestation laquelle bénéficie toujours de notre complicité tacite, malgré l’ONU et en dépit de nos sursauts de lucidité qui ont donné lieu dès 1995 au protocole de Kyoto et encore récemment à la conférence de Paris.

Quel sera notre destin?

Quel sera donc notre destin à nous autres, femmes et hommes, humains, face aux développements de l’info-technologisation massive actuellement en route? L’humanité subira-t-elle un jour plus du tout lointain et situé entre les années 2030 à 2040, comme l’affirment les chantres du transhumanisme et de la singularité technologique autour de Ray Kurzweil déjà nommé, un sort pareil à celui que nous sommes en train de faire subir en ce moment aux gorilles?

Certes non par assassinat individuel ou affamement collectif moyennant la destruction de nos milieux de vie, mais par le passage de l’esprit, de „notre“ esprit, et des parties essentielles de notre génome, transférés par quelque ingénieux mécanisme à ces machines créées par nous? Celles-ci, et il faut le dire haut et fort tant qu’elles nous laissent encore la liberté de le faire, auront ainsi été „humanisées“, mais de notre propre initiative, volontaire et totalement consciente.

Ne prendront-elles donc pas le pouvoir? Et nous seront-elles en ce qui nous concerne bien- ou malveillantes? C’est cela qui constituera la césure (= coupure) vraiment fracassante avec les vrais humains toujours et encore librement existants en 2036, sauf cataclysme nucléaire bien sûr. Mais combien de temps le resteront-ils encore?

Abstraction faite dans ce contexte de toute considération des dangers, eux aussi mortels pour l’humanité, de l’explosion exponentielle démographique qui est en ce moment en cours sur la planète alors que les ressources alimentaires mondiales (parmi d’autres ressources) deviennent de plus en plus parcimonieuses, le nombre de ces vrais humains comme je viens de les nommer ira probablement en se réduisant de plus en plus.

Cela pour la simple raison que les machines = engins = cyberorganismes devenus humanoïdes seront, à mon sens, hautement susceptibles de créer dans les têtes des vrais humains encore subsistants la conscience d’un vide, d’une insignifiance et d’une inanité abyssales, donc d’une perte de sens, d’une superfluité et d’un ennui qu’on ne pourra qualifier que d’absolus. A tel point que les humains encore vrais et aux esprits non encore greffés aux machines qui les transforment progressivement les uns après les autres en homoncules (au sens familier et vieux du mot) technicisés tellement dés-espérés (au sens littéral), qu’il leur adviendra, toute libido éteinte, de finir par s’abstenir de toutes velléités de reproduction et qu’ainsi ils s’étioleront lentement d’eux-mêmes pour in fine disparaître sans faire ni bruit ni histoires, ni non plus de l’histoire encore digne d’être chroniquée par les historiographes.

Les cyberorganismes posthumains

Une fois les vrais humains, c’est-à-dire nos petits-enfants et leurs descendants disparus, en 2036 comme les promoteurs de l’IA en oiseaux de mauvaise augure nous le prédisent, leur dernier reste étant devenu ce que j’appelle des „techno-homuncules“, un chapitre ingénument neuf s’ouvrira pour conter l’histoire des cyberorganismes posthumains, et cette période géologique s’appellera le post-anthropocène, l’anthropocène étant clos pour de bon. Pour nous de quoi attraper le vertige et nous écrouler, tellement le sol se dérobe sous nos pieds!

Toujours reste-t-il qu’actuellement nous, l’humanité de ce moment-même où nous lisons, nous ne sommes pas encore assujettis ni chassés ni réduits à la famine, mais nos descendants des prochaines décennies, eux aussi encore vrais humains, risquent bien de subir ce sort, tout seul ou sur ordre du cybergouvernement transhumain à venir. Mais alors je souhaiterais celui-ci carrément mondial pour réduire au silence les deux spécimens en ce moment les plus dangereux pour notre espèce et qui s’appellent Kim Jong-un et Trump.

J’espère que le lecteur aura compris que je ne suis pas un partisan de la singularité technologique transhumaniste. Alors que faire? Nous résigner à la servitude? Certainement pas!
Résister au pouvoir des machines, qui n’est pas une fatalité, grâce à l’immense capacité créatrice inhérente à nos cellules cérébrales avec leurs milliards de milliards de synapses, c’est cela qui me semble notre devoir, car nous en sommes capables. Et dans la pire des hypothèses, programmer les engins pour se saborder eux-mêmes!

Dr Nicolas Hoffmann, directeur honoraire de la Commission européenne, ancien chef de son Service médical