Certes, la plupart des pronostiqueurs „maison“ s’accordent en général à prédire la reconduction du tenant actuel du titre, Olivier Faure, député de Seine-et-Marne et en place depuis 2018 à la tête du parti. Mais après avoir été réélu facilement au congrès de Villeurbanne voici deux ans, avec 73% des mandats, il pourrait bien voir son avance sur ses adversaires considérablement réduite cette fois-ci.
Il est vrai que le PS, qui comptait environ quinze fois plus de membres du temps de François Mitterrand, a poursuivi, depuis, une véritable descente aux enfers. Déjà, les frénétiques manœuvres de ses „frondeurs“ contre la présidence Hollande, puis son absence au second tour de la présidentielle, lui avaient porté de rudes coups. Au printemps dernier, le score spectaculairement indigent de sa candidate Anne Hidalgo, maire de Paris, lors de la course à l’Elysée (1,76% des voix), allait faire l’effet d’un coup de grâce.
Un trouble profond
Du moins Olivier Faure ne pouvait-il guère être tenu pour responsable de ces déconvenues en cascade, qui, sous une forme ou sous une autre, n’épargnaient d’ailleurs pas d’autres grandes formations, à commencer les Républicains. Jusqu’aux législatives qui suivirent la présidentielle de 2022, sa gestion du parti, dans ces différentes tempêtes, n’était pas contestée.
C’est alors, avec l’arrivée de ce scrutin pour l’élection des députés, où l’on pouvait penser que le PS jouait sa survie, en particulier face à la montée des mélenchonistes de La France Insoumise, qu’il a fait choix d’une stratégie qui allait plonger les socialistes dans un trouble profond: l’alliance avec LFI. Avec les Verts aussi, et même les communistes, mais eux ne posaient pas de problème: n’était-ce pas, après tout, une reconstitution de l’union de la gauche? Avec Mélenchon, c’était autre chose.
Le PS est depuis toujours un parti pro-européen, plutôt pro-atlantique, démocratique et laïque. Rien à voir, donc, avec une France Insoumise résolument hostile à l’UE, aux Etats-Unis et à l’OTAN (et, au passage, fidèle au soutien des dictatures latino-américaines, pourvu qu’elles détestent Washington), mais fort indulgente, au contraire, à l’égard de Poutine et des islamistes. Et cultivant de surcroît, dans sa gouvernance intérieure, le culte du chef et le mépris de l’élection; poussant par ailleurs le populisme jusqu’à mêler tranquillement ses voix parlementaires, à l’occasion, à celles de l’extrême droite.
Oui, mais c’est le prix à payer pour sauver des circonscriptions, allait expliquer en substance M. Faure. Pari cynique, mais gagné: avec cette „Nouvelle union populaire, écologique et sociale“ (Nupes), le PS allait conserver assez de sièges – dont celui de son premier secrétaire – pour former à nouveau un groupe dans la nouvelle Assemblée nationale. Au prix fort, il est vrai: la solidarité interne à la Nupes, dirigée d’une main de fer, de l’extérieur du Palais-Bourbon, par un Jean-Luc Mélenchon aux foucades redoutables, allait contraindre le PS à de douloureuses contorsions, et pousser certains de ses cadres soit au départ, comme pour l’ancien premier ministre Bernard Cazeneuve, soit à une forme de dissidence.
Dissidence
C’est cette dissidence qu’Olivier Faure retrouve désormais devant lui, dans la perspective du prochain congrès qui se tiendra du 27 au 29 janvier à Marseille. Sans attendre cette échéance, il aura affronté hier deux de ces contestataires hostiles à toute „mélenchonisation“ de leur parti: Nicolas Mayer-Rossignol, maire de la métropole normande de Rouen, et Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin et vice-présidente de la métropole de Lyon.
Le premier, qui a aussi reçu le soutien de Carole Delga, présidente de la Région Occitanie et de l’association Région de France, semble le mieux placé pour inquiéter Olivier Faure. Son programme, fort basique, pourrait être en fait celui de tout le parti: „refaire une gauche sociale-démocrate républicaine, humaniste et écologique.“
Autrement dit un de ces grands partis de gouvernement dont la démocratie, à Paris comme ailleurs, a toujours besoin. Mais il y a aussi celui dont, quoiqu’il soit évidemment absent de ce scrutin strictement interne au PS, et du prochain congrès de Marseille, l’ombre n’a sans doute pas fini de hanter les débats des socialistes français: un certain Jean-Luc Mélenchon …
De Maart
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