Sur le front indo-pacifique, Emmanuel Macron a centré son périple sur la Nouvelle-Calédonie, où il s’agissait de conforter le processus d’apaisement entre Paris et ce lointain territoire d’outre-mer, lancé en 1988 par les accords de Nouméa et validé depuis par trois référendums successifs. „Le Nouvelle-Calédonie est française parce qu’elle a voulu l’être, et a confirmé ce choix“, a notamment déclaré le chef de l’Etat, avant d’annoncer différentes mesures destinées à hâter le développement de l’île, et la mise au point d’une nouvelle constitution régionale pour le début de l’an prochain.
Mais ce souci présidentiel de resserrer les liens entre les Néo-Calédoniens et la Métropole, tout comme ses escales dans d’autres archipels français de la région, tenait aussi à l’ambition de Paris de renforcer son rôle diplomatique et militaire dans cette zone indo-pacifique en laquelle la diplomatie élyséenne voit un nouveau terrain d’affrontement mondial. Pacifique si possible, mais rien n’est acquis pour le moins, en particulier avec Pékin. A quoi s’ajoutent évidemment des enjeux commerciaux, linguistiques, culturels …
Sans prétendre, évidemment, à un statut de puissance comparable à celui de la Chine, la France, territorialement parlant, est bien lotie dans cette région du monde: la multiplicité de ses îles lui confère une zone maritime totale importante, de l’ordre de 9 millions de km2 (et plus de 11 millions sur l’ensemble de la planète, chiffre considéré comme le record du monde). Militairement toutefois, la capacité des armées françaises déployées sur cette immense zone (qui, pour la France, va de l’est de la Nouvelle-Calédonie à l’Océan indien) ne sont pas encore à la hauteur des ambitions présidentielles.
La „loi de programmation militaire” pour la période 2024-2030 a toutefois prévu de nouveaux crédits d’1, 3 milliards d’euros pour renforcer le dispositif militaire français dans la région. Et récemment a eu lieu un entraînement conjoint des aviations française et américaine sur l’île de Guam, plus au nord. Dix Rafale, cinq avions ravitailleurs MRTT et quatre avions de transport A400M ont été déployés. Mais beaucoup reste à faire, c’est même un euphémisme.
Au profit de la Russie?
Dans la même perspective diplomatique, M. Macron a veillé à ne pas limiter son voyage à la France insulaire du Pacifique, rendant également visite au Vanuatu (l’ancien condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides), qui a voté à l’ONU contre l’invasion de l’Ukraine par la Russie, à la Papouasie-Nouvelle Guinée, où l’influence chinoise est particulièrement prégnante, et où il aura été le premier président français à se rendre, ainsi qu’au Sri-Lanka.
C’est de l’une de ces escales du Pacifique que la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a condamné, tout comme allait le faire le secrétaire général de l’ONU, le coup d’État de Niamey. Et le renversement du président Bazoum, l’un des très rares présidents démocratiquement élus d’Afrique … et aussi l’un des tout derniers soutiens de Paris dans la région.
Sans même parler des événements suscités par la milice Wagner en Centrafrique dès 2020, lorsque les victoires successives des putschistes ont récemment chassé du pouvoir les précédents présidents du Mali et du Burkina Faso, les troupes françaises appelées par leurs prédécesseurs pour tenter de contenir l’avancée des terroristes d’Al-Qaïda ont été contraintes de se replier, après retour d’un fort contingent en France, dans les deux pays de la région qui étaient restés amis: le Niger, où elles comptent encore quelque 1.500 hommes, et le Tchad.
Paris se flattait en outre d’avoir réussi à „européaniser” quelque peu, à travers l’opération Barkane, et grâce à plusieurs de ses partenaires dont l’Allemagne et le Luxembourg, cette opération d’assistance militaire à l’Afrique sahélienne. Elle ne peut aujourd’hui que se désoler de voir combien, en si peu d’années, cet effort coûteux en moyens et en vies a été ruiné par les coups d’État à répétition, au cœur d’une Afrique plus que jamais livrée à l’instabilité.
Au profit – sera-ce le cas du Niger aussi? – d’un néocolonialisme russe tranquillement assumé par Wagner. Toujours prompt à s’assurer des ressources, minières notamment, en échange de la protection des potentats locaux. Or le Niger reste le second producteur d’uranium d’Afrique.
De Maart
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