Sonntag19. Oktober 2025

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FranceLa hausse des prix, l’autre grand sujet à venir de la campagne présidentielle

France / La hausse des prix, l’autre grand sujet à venir de la campagne présidentielle
Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire veut répandre de l’optimisme en répétant que les salaires augmentent Photo: AFP/Geoffroy van der Hasselt

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La controverse sur l’immigration continue pour l’instant de nourrir l’essentiel des débats de la pré-campagne présidentielle. Pourtant, un nouveau sujet, moins virulent sans doute, car plus consensuel, mais de plus en plus préoccupant pour beaucoup de Français, est en train de s’imposer sur la scène électorale: celui de la hausse des prix, et donc du pouvoir d’achat.

L’économiste Pascal de Lima constatait récemment, dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde, que „les indices et indicateurs économiques s’éloignent de plus en plus de la réalité“, et que, de ce fait, „le pouvoir d’achat est devenu une catégorie statistique dépassée“. Ce n’est pas l’observation de la conjoncture française, en tout cas telle qu’elle est ressentie par une majorité probablement écrasante d’électeurs, qui risque de lui donner tort.

Certes, tout pouvoir, si démocratique soit-il, n’a en général de cesse de convaincre les consommateurs que les prix n’augmentent pas, ou en tout cas bien moins que ceux-ci ne le perçoivent, et que leur pouvoir d’achat est au minimum stable. En France, cette marche à l’élection présidentielle en fournit une illustration particulièrement éclatante. Et cela d’autant plus qu’il s’agit aussi, pour l’exécutif et son chef, très probable candidat à sa propre succession, de montrer que sa gestion de la crise du Covid et de ses implications a efficacement protégé les Français.

Le problème étant pour lui que plus le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, s’ingénie à répéter que les prix sont stables et que les rémunérations augmentent, donc le pouvoir d’achat aussi, plus la réalité de tous les jours, telle que la constatent les consommateurs de l’Hexagone en faisant leurs courses, contredit radicalement ces déclarations optimistes.

Sans doute n’en est-on pas encore aux chiffres dramatiques de certaines inflations d’anthologie, il s’en faut même de beaucoup. Mais dans le tout-venant des achats alimentaires (pain, lait, pâtes, viande, fruits, légumes …) une hausse de huit à dix pour cent des prix courants est constatée un peu partout. Et que dire de tarifs qui, justement, dépendent de l’Etat et de sa fiscalité: les carburants, et plus encore le gaz et l’électricité, dont les tarifs ont doublé en un an?

La fin du calme social?

Naturellement, les explications abondent, qui peuvent à l’occasion exonérer les pouvoirs publics de leur responsabilité directe: la vive reprise mondiale qui a fait bondir le prix de l’énergie et a créé des pénuries, d’où la raréfaction de certaines matières premières (dont le bois) ou de produits finis indispensables à certains secteurs industriels (par exemple les semi-conducteurs fabriqués en Chine), la hausse du prix des conteneurs et du transport maritime ou routier en général …

Mais il est tout de même exaspérant, pour beaucoup de consommateurs, de s’entendre inlassablement répondre que leur „ressenti“ n’a aucun rapport avec la réalité, et que tout est sous contrôle. Car même le très officiel Insee (Institut national des statistiques et des études économiques) a constaté au mois dernier une hausse des prix courants à la consommation de 2,6% sur un an dans l’Hexagone, un niveau qu’on n’avait plus enregistré depuis des décennies. Et selon les prévisionnistes, cette inflation va se poursuivre encore pendant plusieurs mois au moins.

Or, cette nouvelle hausse des prix, mais non des salaires (et des retraites moins encore), semble en train de mettre un terme au calme social qu’avait engendré la pandémie, compte tenu des efforts financiers consentis très massivement à cette occasion par l’Etat. Lequel avait d’ailleurs, au nom du „quoi qu’il en coûte“ cher à Emmanuel Macron, accrédité assez imprudemment l’idée que la dette publique pouvait s’élargir à l’infini, sans poser cette double question triviale: quand et comment allons-nous rembourser?

Revoici donc de premières revendications sociales, qui voient les salariés se mobiliser pour obtenir des hausses qui compenseraient l’envolée du coût de la vie. A droite comme à gauche, dans la majorité comme dans l’opposition, il va falloir – aussi – essayer de trouver dans la perspective de l’élection présidentielle d’avril des réponses à cette lancinante question, qui pourrait bien obérer, tout autant que la question migratoire, l’avenir politique immédiat de la France.