Sonntag26. Oktober 2025

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FranceForte hostilité contre la réforme des retraites

France / Forte hostilité contre la réforme des retraites
Hier à Bordeaux Photo: AFP/Philippe Lorez

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Sitôt présenté par Elisabeth Borne, le projet de réforme du système des retraites (voir Tageblatt d’hier) a suscité comme prévu une levée de boucliers de la part des huit principales centrales syndicales françaises, qui vont engager une série d’actions communes. Lesquelles commenceront le 19 janvier par une journée de grèves et de manifestations, principalement contre le report de 62 à 64 ans de l’âge normal de la retraite.

Que les syndicats fassent aujourd’hui front commun, après tant d’années de divergences stratégiques et doctrinales, est davantage une innovation qu’une surprise. Dès avant que soit connu le détail du projet gouvernemental, toutes les organisations syndicales avaient fait savoir qu’un tel report à 65 ans – comme prévu initialement – ou même 64, âge auquel s’est finalement résigné l’exécutif en espérant que les esprits s’échaufferaient moins, serait perçu par elles comme une déclaration de guerre sociale.

Et aucun argument économique ou démographique, aucune comparaison avec ce qui se pratique partout ailleurs en Europe, y compris avec des gouvernements de gauche, n’a pu les en faire démordre. Car pour le monde syndical français, „le système de retraites par répartition n’est pas en danger, et rien ne justifie une réforme aussi brutale“.

Appel à une „puissante mobilisation“

C’est en tout cas ce qu’affirment dans un communiqué commun les huit centrales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU) dont les secrétaires généraux et présidents étaient réunis à la Bourse du travail de Paris mardi soir. Ajoutant que la journée du 19 janvier „devra constituer le départ d’une puissante mobilisation sur les retraites dans la durée“. Et le secrétaire général de la CGT d’insister sur le fait que le vrai débat sur le projet de réforme „n’aura pas seulement lieu au Parlement, mais surtout dans la rue“.

L’opposition politique, pour être plus respectueuse des voies de la démocratie parlementaire, n’en est pas moins sévère pour le projet de loi gouvernemental et résolue à participer, elle aussi, aux manifestations. Tous les partis de gauche (PS, englué, il est vrai, dans la préparation de son congrès, PCF, Verts, France insoumise) ont en effet appelé à rallier cette première journée de mobilisation syndicale du 19 janvier contre la réforme. Laquelle constitue selon le patron de LFI, Jean-Luc Mélenchon, „une grave régression sociale“.

Quant à son homologue communiste Fabien Roussel, il y voit „une réforme de combat contre le monde du travail“, ajoutant: „Tous ensemble pour la mettre en échec!“ La nouvelle secrétaire nationale des Verts, Marine Tondelier, a pour sa part feint en ces termes de s’interroger sur Twitter: „Je crois qu’ils se moquent de nous, non? Le gouvernement confirme sa réforme brutale et injuste et tente de nous faire passer pour une concession le fait de ne pas demander aux personnes inaptes et invalides de travailler deux ans de plus!“

Dilemme à droite

La gauche, en outre, n’est pas seule à protester, puisqu’à l’extrême droite Marine Le Pen, au nom du RN, a annoncé sa „détermination à faire barrage à cette réforme injuste“. Ajoutant: „Après avoir été élu grâce à la gauche et à La France insoumise, M. Macron tenter désormais, avec le soutien de LR, de faire passer la retraite à 64 ans.“

Avec „le soutien des LR?“ L’hypothèse est en effet de plus en plus vraisemblable, même s’il n’existe encore aucune certitude absolue à cet égard. La droite classique, dont le ralliement au texte gouvernemental permettrait de le faire passer au Palais-Bourbon comme au Sénat, est en effet tiraillée entre les deux alternatives d’un dilemme: ne surtout pas voler au secours d’un président que beaucoup de ses élus détestent; ou, au contraire, rester cohérente avec ses positions antérieures et ne pas refuser ses voix parlementaires à une réforme qui les reprend très largement, au point que certains l’appellent déjà la „réforme Ciotti“.

A quoi s’ajoute le fait que, même s’ils ne sont certes pas les seuls dans ce cas, les Républicains n’auraient sans doute rien à espérer d’une dissolution de l’Assemblée nationale, qui pourrait sanctionner un échec gouvernemental sur un texte aussi chargé de valeur symbolique pour l’Elysée, et constituerait la première vraie crise politique du nouveau quinquennat.