Éischte Weltkrich – La Grande Guerre au Luxembourg

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 L’histoire du temps présent par Denis Scuto

Quels sont les usages faits du passé par un pays, par une société? Une méthode pour l’analyser consiste à étudier les noms qui sont donnés aux noms de rue. Quelles rues commémorent p.ex. la Première Guerre mondiale à Luxembourg-Ville?

Pour les premiers ministres luxembourgeois de 14-18, il est intéressant de relever que deux d’entre eux n’ont pas droit à un nom de rue: Mathias Mongenast et Hubert Loutsch. Mais bon, l’un, un libéral, a été chef du gouvernement seulement pendant un mois, l’autre, un clérical, pendant trois mois et demi. Un usage du passé plus significatif ressort des noms de rue d’hommes politiques et de militaires étrangers: rue Maréchal Foch, rue Georges Clemenceau, boulevard John J. Pershing, rue Albert Ier. Le commandant en chef des forces alliées en 1918, le président du Conseil français, le commandant en chef des forces américaines, le Roi-Soldat belge. Eux ont droit à leur nom de rue. Mais non l’empereur Guillaume II, qui a établi son quartier général à Luxembourg en septembre 1914 et rend régulièrement visite à la grande-duchesse Marie-Adélaïde. Mais non le Colonel Tessmar, commandant des troupes d’occupation allemandes de 1915 à 1918, avec qui les membres de la haute société aimaient s’adonner à la chasse. Mais non le Kronprinz Rupprecht de Bavière, commandant de la 6e armée allemande en 14-18, qui annonce en 1918 ses fiançailles avec la princesse Antonia de Luxembourg et l’épouse en 1921.

A travers les noms de rue, le Grand-Duché s’assure dans la mémoire une place qu’il n’avait pas dans la réalité historique de 14-18, une place à côté des Alliés. Une autre rue s’appelle rue des Légionnaires. Dans le master narrative de Luxembourg en 14-18, ils occupent la première place, ces Luxembourgeois qui ont combattu dans la Légion étrangère aux côtés des Alliés. Un monument leur est dédié en 1923, connu sous le nom de „Gëlle Fra“. Connaissez-vous un seul autre monument sur la période de la Première Guerre mondiale au Luxembourg? Où se trouve p.ex. le monument qui commémore neuf victimes mortes sous les bombes jetées d’avions des Alliés? Le savez-vous? Connaissez-vous les quatre autres monuments qui rappellent 14-18 au Luxembourg? Six monuments contre plus de 500 pour la Seconde Guerre mondiale.

Lorsque mes collègues du Luxembourg Centre for Contemporary and Digital History (C2DH) Andreas Fickers, Sandra Camarda, Daniele Guido et moi-même avons commencé à travailler, sur demande et avec le soutien du ministère d’Etat, à une exposition digitale sur la Grande Guerre et le Luxembourg et que nous en avons parlé aux gens, cet événement historique les a fait penser à la limite à ces légionnaires célébrés par la „Gëlle Fra“. Sinon, leur réaction consistait à dire qu’il n’y avait rien d’intéressant à retenir de cette période.

L’autre guerre, à oublier de préférence

L’historiographie luxembourgeoise ne s’y est pas vraiment intéressée non plus. Avant que la commémoration du Centenaire de 14-18 ne commence, en 2014, une centaine de publications seulement s’étaient penchées sur cette époque, contre presque 1.500 sur le Luxembourg pendant la Seconde Guerre mondiale. Les historiens ont suivi ces hommes politiques luxembourgeois qui l’appelaient, après 1945, „l’autre guerre“. Sous-entendu: une guerre à oublier. Au profit de la Grande Guerre luxembourgeoise, la Seconde Guerre. Celle qui nous fut présentée et déformée pendant longtemps comme une époque d’unité du peuple et du gouvernement dans la lutte contre l’occupant nazi, comme le point culminant de la manifest destiny du Luxembourg, un pays qui, dans ce récit, était manifestement destiné à devenir ce qu’il est aujourd’hui, un pays indépendant et prospère.

La Première Guerre mondiale n’entre pas dans ce discours linéaire. Elle est l’antithèse du mythe de la nation résistante et de la lutte aux côtés des Alliés de 1940-1945. Voilà pourquoi la recherche historique l’a négligée. Voilà pourquoi, du côté de la mémoire, l’accent est mis sur les Légionnaires et des noms de rue font comme si en 14-18 déjà, les Luxembourgeois étaient du côté des Bons de 40-45.

Sur le plan de la recherche internationale, depuis longtemps, ce n’est plus la différence entre les guerres qui est mise en avant mais bien au contraire les points communs et les liens entre les deux événements. On parle entretemps de la deuxième Guerre de Trente ans (1914-1945) pour indiquer les nombreuses continuités qui traversent cette période de crises.

Avec nos recherches sur cette période et son résultat, l’exposition digitale „Éischte Weltkrich: La Grande Guerre au Luxembourg“ (https://ww1.lu), le Luxembourg Centre for Contemporary and Digital History veut mettre un terme à la déformation mémorielle et historiographique, tout en suivant les tendances de la recherche internationale et tout en proposant un nouveau type d’exposition historique au Luxembourg, digitale, interactive, durable et s’adressant à des publics variés.

Une recherche historique critique ne peut continuer à faire comme si 14-18 ne faisait pas partie de l’histoire nationale. Bien au contraire, la Première Guerre mondiale est fondamentale pour le Luxembourg sur de multiples plans: en ce qui concerne ses symboles nationaux, ses institutions politiques et sociales, ses choix économiques, etc.
14-18 englobe des phénomènes historiques très divers. La Première Guerre mondiale, comme guerre totale dans le sens qu’elle n’a pas seulement touché le domaine militaire, mais encore, à travers l’occupation militaire allemande, par les problèmes de ravitaillement, par les bombardements alliés, par le soin des blessés, par les maladies, par la mortalité, par les tensions politiques et sociales, elle a imprégné et transformé profondément le pays. Les batailles militaires ne se sont pas déroulées au Grand-Duché même, mais aux frontières, c’est vrai. Le Luxembourg n’était pas pour autant qu’„une salle d’attente“, pour citer un écrivain connu de l’époque.

Toutes les tensions et tous les conflits prirent sous la pression de la guerre des contours plus aigus, ce que l’exposition digitale tente de montrer: producteurs contre consommateurs, paysans contre ouvriers et employés, syndicalistes contre industriels, ville contre campagne, Couronne contre Gouvernement, Gouvernement et Grande-Duchesse entre neutralité et collaboration avec l’occupant, entre la volonté de maintenir l’indépendance et l’adaptation aux revendications allemandes, allant parfois jusqu’à l’abdication comme dans le domaine du ravitaillement et de la contribution de l’industrie sidérurgique à l’effort de guerre allemand, militaires contre civils, pro-Allemands contre anti-Allemands, francophiles contre francophobes, monarchistes contre républicains, cléricaux contre anticléricaux, étrangers déclarés ennemis et pourchassés par l’occupant au Luxembourg et Luxembourgeois emprisonnés dans des camps de concentration en France (oui, ces camps existaient déjà en 14-18 et pas seulement en Allemagne), industriels luxembourgeois partenaires et adversaires d’industriels allemands, belges et français, partisans de l’indépendance contre partisans de l’annexion à une autre pays, rivalités et jeux de pouvoir entre France et Belgique qui décident de l’avenir du Grand-Duché, femmes obligées de prendre la place des hommes au travail et qui demandent de nouveaux droits dans ce monde d’hommes, êtres humains tiraillés dans cet espace transfrontalier entre Luxembourg, Lorraine, province belge du Luxembourg, Sarre, Rhénanie, un espace sans frontières avant 1914 mais où les frontières se ferment en août 1914 etc.

14-18, une période d’évolutions et de décisions importantes, de doutes, de tensions et de conflits. Et ensuite, après le 11 novembre 1918 ou le 1er septembre 1939, ou le 10 mai 1940 ou le 10 mai 1944, ces doutes, ces tensions, ces conflits se seraient volatilisés pour céder la place à un peuple et un gouvernement unis, luttant et souffrant ensemble et créant la nation luxembourgeoise sous la deuxième Occupation allemande? Une belle histoire. Qui ne contribue malheureusement ni à comprendre le monde d’hier ni à mieux nous orienter dans le monde d’aujourd’hui. Et si nous arrêtions par conséquent de nous raconter des histoires à dormir debout?

Une exposition d’un nouveau type

Voilà en tout cas la mission d’une recherche historique scientifique et critique. C’est ce que l’exposition digitale „Éischte Weltkrich: La Grande Guerre au Luxembourg“, tente de mettre en pratique.

Afin de tenir compte de la multitude de phénomènes historiques mais aussi de la diversité des mémoires – la mémoire officielle des noms de rue et des monuments mais aussi les mémoires privées, oubliées, réprimées, cachées – l’exposition entend permettre au grand public tout comme à des publics spécialisés une pluralité de possibilités de visiter l’exposition et d’explorer cette période: sur l’ordinateur, sur la tablette, sur le téléphone portable; en trois langues (français, allemand, anglais); par quatre modes de navigation indépendants mais interconnectés: 1. une narration thématique à travers quatre grands chapitres – Occupation, Chagrin et Perte, Faim, Après-guerre, 2. la collection de 350 documents et objets, 3. une carte interactive géoréférencée, 4. une chronologie. Deux sections supplémentaires, une pour enseignants, avec un dossier pédagogique sur un des monuments oubliés, et une pour la recherche, avec des articles scientifiques téléchargeables, complète cette diversité de modes d’utilisation.

Puisque la Grande Guerre au Luxembourg a été négligée trop longtemps, cette exposition se veut une ressource durable, qui reste et qui sera complétée pendant les mois et années prochains, en coopération avec d’autres institutions et avec le public. En septembre sera ajouté un nouveau chapitre consacré aux migrations, en janvier 2019 un autre sur l’année 1919, 2020 un autre encore sur les fameux Légionnaires. Une exposition digitale qui est combinée avec une exposition physique sur l’impact de la guerre sur la population et les migrations à Dudelange (de mars à décembre au Centre de documentation sur les migrations humaines, CDMH, à la Gare-usines) et une autre prévue en 2020 sur les Légionnaires. Une exposition coopérative qui a bénéficié de la compétence et de nombreux documents des collections des Archives nationales, de la Bibliothèque nationale, du Musée national d’histoire militaire de Diekirch, du Centre national de l’audiovisuel, du Musée national d’histoire et d’art, du CDMH, des Archives de la Ville de Dudelange et de collectionneurs privés.

Bienvenue à cette exposition issue d’un projet innovateur et coopératif que vous pouvez maintenant visiter, n’importe le lieu où vous trouvez ou l’heure à laquelle vous souhaitez vous y rendre, sur https://ww1.lu.

collarini edouard
22. April 2018 - 0.25

warum hat die Stadt esch es versümt einem würdigen escher Politiker bis heut en verdienstvolles Monument zu errichten dem escher Bürgermeister jean-pierre michels es wurde zwar eine strasse nach ihm benannt aber wie gesagt kein Monument er reiste mit dem zug im Kriegsjahr 1817 nach Berlin um dort Kartoffeln für diehhungernde escher bev!lkerung zu bekommen bekam nsie auch doch im kalten winter des jahres 1917 war das Zugabteil leider nicht gehitzt und so verstab er einigen Wochen später an einer fatalen Lungenentzündung er tat dies weil er angst hatten angesichts der Menschenmassen die tagein tagaus vor dem Stadthaus in Schlangenlinien standen um was essbares zu bekommen weil die bezatzungstruppen bei einer Revolte das feuer auf sie eröffnet hätten