Il est vrai qu’en ouvrant, lundi, le débat au Palais-Bourbon, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, flanqué de trois autres membres du gouvernement, a clairement invoqué „la nécessité de guérir un pays malade d’un séparatisme islamiste qui gangrène notre unité nationale“. De fait, la multiplication des attentats islamistes, la dégradation de la situation dans certaines banlieues à forte densité musulmane, les problèmes rencontrés par les enseignants face aux menaces ou aux pressions exercées par certains imams et institutions, ont fortement contribué à l’éclosion de ce projet de loi.
Eclosion d’ailleurs laborieuse, au moins dans la forme, puisque, durant plusieurs mois, son contenu détaillé et jusqu’à son titre officiel ont changé plusieurs fois. Mais le texte désormais soumis aux parlementaires s’articule autour de quelques grands axes majeurs. Le premier est, 115 ans après la mythique loi de 1905 instaurant la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le renforcement de la laïcité dans les services publics, et tout particulièrement dans l’Education nationale.
Concernant les associations, toutes celles qui solliciteront une subvention publique devront signer un „contrat de respect des valeurs de la République“ représentant une „charte de la laïcité“. Les motifs de dissolution des associations, jusqu’alors très limités, seront par ailleurs étendus à l’„atteinte à la dignité de la personne“ et aux „pressions psychologiques ou physiques“, avait déjà précisé Emmanuel Macron lors d’un grand discours sur le sujet en octobre.
Une autre des ambitions du projet est de libérer les structures de l’islam en France des „influences étrangères“, lesquelles se manifestent en particulier par la nomination des imams par d’autres pays (quelque 300 d’entre eux pour la Turquie, par exemple) et de clarifier leur financement. La majorité macroniste se propose à cet égard de trouver un équilibre sur de nouvelles modalités, et sur l’instruction en famille, qui fait l’objet de 384 amendements. Un record sur ce texte, pour lequel, au total, ce sont 2.650 propositions de modification ou de complément qui ont été déposées par les députés de tous bords.
Ne pas hystériser les débats
Le projet de loi, qui comprend 70 articles, prévoit aussi toute une batterie de mesures souvent assez techniques sur d’autres sujets connexes, comme la lutte contre la haine anti-française exprimée sur certains réseaux sociaux, l’interdiction des certificats de virginité encore souvent imposés aux jeunes filles par les familles musulmanes traditionalistes pour pouvoir se marier, les mariages forcés, et la polygamie, déjà condamnée par le Code pénal, mais qui reste relativement répandue dans la communauté islamique de France.
Durant les travaux préparatoires au débat proprement dit, le gouvernement est à peu près parvenu à limiter les polémiques venues des oppositions de droite comme de gauche, voire de la majorité elle-même, comme sur la question du voile. De sorte que dans les rangs du groupe de La République en Marche, on se montre prudemment optimiste, tout en restant circonspect à l’égard de ceux qui, comme le note un de ses membres, „pourraient chercher à théâtraliser ou hystériser les débats“.
Autrement dit, pour l’essentiel, les tenants du courant populiste. C’est-à-dire, à l’extrême gauche, les amis de Jean-Luc Mélenchon, lesquels dénoncent un texte „destiné à stigmatiser les musulmans“; mais aussi, à l’extrême droite, ceux de Marine Le Pen, qui veut bannir les „idéologies islamistes“ et interdire le port du voile dans tout l’espace public. Sans oublier, en mineur, la droite classique: le président des députés Les Républicains, Damien Abad, déplore ainsi que le projet „fasse l’impasse sur la question migratoire et la radicalisation islamiste dans nos prisons ou dans nos entreprises“.
 
		    		 De Maart
                    De Maart
                 
                               
                           
                           
                           
                           
                           
                          
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