On l’a appris hier à Paris: une double algarade entre certains membres du gouvernement a éclaté mercredi juste avant le conseil des ministres. Lorsqu’il en a présidé la réunion à l’Elysée, Emmanuel Macron n’était pas au courant de ces deux incidents, qui traduisent une nette dégradation de l’atmosphère intra-gouvernementale.
Cela ne s’invente pas: ce quart d’heure de discussions informelles entre ministres, qui se retrouvaient enfin ensemble avant-hier matin autour d’un café-croissants au palais présidentiel sans l’intermédiaire d’une vidéo-conférence, est en principe consacré à … la convivialité, avant l’austérité du conseil lui-même. Le ton est pourtant très vite monté, d’abord entre le garde des Sceaux, Eric Dupont-Moretti, et son collègue de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
En cause: non pas les traditionnelles controverses entre deux ministres que leurs spécialités conduisent, dans à peu près tous les gouvernements, à s’opposer sur certains dossiers, mais leur campagne régionale commune, et très infructueuse, en tout cas pour le premier, dans les Hauts-de-France. La liste macroniste, sur laquelle ils figuraient tous les deux, a été battue à plate couture au profit du président sortant, Xavier Bertrand, en bonne place pour l’emporter dimanche prochain.
Le bouillant avocat, aujourd’hui ministre de la Justice, s’en est vivement pris à Darmanin, qui avait chaleureusement félicité Bertrand, lequel est son ami personnel depuis longtemps, en estimant même que les électeurs avaient voulu „récompenser son bilan“. Fureur de Dupont-Moretti, qui, sous les yeux médusés des autres membres du gouvernement, accuse: „C’est indigne! C’est une trahison!“
Bonjour l’ambiance …
Darmanin, qui contrairement au garde des Sceaux a obtenu à titre personnel, comme précédemment aux municipales, un excellent résultat personnel dans son fief nordiste, réplique: „Commence donc par gagner une élection, toi!“ Venu de la société civile, le célèbre avocat affrontait pour la première fois le suffrage universel et s’en est très mal tiré. Comme on dit: bonjour l’ambiance …
L’autre friction, moins spectaculaire mais peut-être plus grave au fond, a opposé la ministre du Travail, Elizabeth Borne, à sa collègue de la Transition écologique, Barbara Pompili. Le micro-parti de cette dernière, En commun!, s’était félicité, dans un tweet, de la toute récente décision du Conseil d’Etat suspendant les règles de calcul de l’assurance-chômage adoptées par le gouvernement. Donc aussi par Mme Pompili, peut-être piquée au vif aujourd’hui par le relativement bon score régional de ses concurrents Verts. Elle a en tout cas qualifiée de „sage“ cette condamnation par la haute juridiction administrative. Ce qui lui a valu, c’était bien le moins, un rappel à la solidarité gouvernementale de la part du président Macron durant le conseil des ministres.
Naturellement, depuis que ces deux incidents internes au gouvernement ont été divulgués, tout le monde s’efforce, du côté de l’exécutif, de les minimiser, voire d’en nier la réalité. Le premier ministre, Jean Castex, était ostensiblement absorbé, hier, par la lutte contre la propagation du variant indien du Covid dans le Sud-Ouest. Quant à MM. Dupont-Moretti et Darmanin, ils ont annoncé qu’ils déjeuneraient ensemble dans quelques jours. Tout va bien, donc, officiellement.
Reste que l’impression prévaut désormais que La République en marche est décidément très ébranlée par sa très lourde défaite du premier tour. Et qu’il risque d’être bien difficile à Emmanuel Macron de faire encore tenir ensemble les composantes disparates d’un gouvernement et d’une majorité qui semblent aujourd’hui gagnés non pas par le souci de resserrer les rangs dans l’épreuve, mais bien par une sorte de vertige centrifuge. Tout cela à dix mois de l’élection présidentielle.
 
		    		 De Maart
                    De Maart
                 
                               
                           
                           
                           
                           
                           
                          
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