Samstag25. Oktober 2025

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FranceMayotte est dévastée par le cyclone Chido

France / Mayotte est dévastée par le cyclone Chido
Beaucoup d’habitations sur l’île ne sont que des baraques en tôle et en planches Photo: AFP/Daniel Mouhamadi

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L’île de Mayotte, française depuis que son dernier sultan l’a vendue au roi Louis-Philippe en 1841, séparée du reste des Comores à la suite des référendums de 1974 et 1976, et département depuis celui de 2009, est en proie depuis ce week-end à une terrible dévastation, causée par le cyclone Chido, le plus effroyable qu’ait connu cette région de l’océan Indien depuis un siècle.

Paris a aussitôt mis en place un vaste dispositif de sauvetage, compliqué par le fait que la tour de contrôle de l’aéroport desservant cet archipel de 376 kilomètres carrés et d’une population qui avoisine les 350.000 habitants, a été rendu inutilisable, du moins pour des appareils civils, par des vents atteignant 230 kilomètres/heure. C’est l’île de la Réunion, elle aussi département français de l’océan Indien, qui sert de base arrière à l’opération; mais elle est tout de même située à quelque 1.400 kilomètres des lieux du sinistre.

Depuis dimanche, un vol d’Airbus militaire A 400 M, et deux vols d’avions de type Casa et Dash, ont lieu chaque jour vers Mayotte, pour y acheminer du personnel et du matériel médical; et la mise en place d’un véritable pont aérien entre les deux îles est prévue. Il s’agit aussi de pourvoir les Mahorais en eau potable et en denrées de première nécessité.

Mais le préfet a très vite indiqué, et le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau l’a confirmé à son arrivée sur place hier matin, que le bilan des pertes humaines „s’élèverait à plusieurs centaines de morts, voire plus vraisemblablement à plusieurs milliers“. Et cela d’autant plus que l’hôpital principal de Mayotte est très endommagé, ainsi que les centres médicaux de moindre importance. Une centaine de soignants appartenant à la réserve sanitaire sont dépêchés sur place pour aider à remettre en marche ces différentes installations.

L’immensité des dégâts, outre ces bâtiments pourtant construits „en dur“, mais très dépendants du courant électrique et de la pureté de l’eau, s’explique largement par le fait qu’en dehors du centre de Mamoudzou, l’habitat est essentiellement composé de baraques en tôle et en planches. Le cyclone n’a évidemment fait qu’une bouchée de ces très vastes bidonvilles, dont les panneaux disloqués ont été projetés avec une force incroyable sur tout ce qui se trouvait sur leur chemin: arbres, voitures, autres baraquements de fortune, poteaux électriques, et surtout hommes, femmes et enfants, jetés dehors par la tourmente.

Le poids de l’immigration comorienne

Il est vrai que du fait d’une très forte immigration, venue principalement des Comores voisines, celles qui avaient décliné de demeurer françaises voici 50 ans, Mayotte a aujourd’hui, sur le plan démographique, le plus fort taux de croissance (avec près de cinq enfants par femme) et la plus forte densité de toute la France d’outre-mer. Et une population qui, d’environ 213.000 habitats en 2012, frôle sans doute aujourd’hui les 350.000, même si le caractère clandestin d’une bonne partie de l’immigration rend tout comptage aléatoire.

Face à cette situation, les priorités de Paris, avant même le drame du cyclone, tenaient en quelques objectifs simples: transformer les bidonvilles en vraies maisons, raccorder à l’eau potable les 29% de ménages mahorais qui n’en disposent pas encore, et aider les 66% de la population de moins de 25 ans qui n’a pas de travail à en trouver un.

François Bayrou, dont c’est en quelque sorte le baptême du feu des problèmes matériels alors qu’il n’a pas encore esquissé, semble-t-il, la composition de son futur gouvernement, trouvera-t-il là un objet de consensus entre les partis, si peu enclins pour l’instant à travailler ensemble? Sur ce terrain politique en tout cas, ce drame de Mayotte pourrait servir, si l’on ose dire, Bruno Retailleau, toujours contesté à gauche, pour ne pas dire plus, mais que ces événements mettent sur la sellette. Et qui vient de recevoir l’appui du président du Sénat, Gérard Larcher, de tempérament plutôt centriste lui aussi, qui demande à Bayrou de le garder à son ministère dans sa prochaine équipe, au nom de la continuité de l’action publique.

Quant à Emmanuel Macron, il n’a pas manqué l’occasion de présider hier soir une réunion de crise sur Mayotte. Les obligations du métier sont parfois bien venues lorsqu’il s’agit de rappeler son existence.