Montag3. November 2025

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FranceLe nouveau gouvernement connaît quelques premières fausses-notes et fissures

France / Le nouveau gouvernement connaît quelques premières fausses-notes et fissures
Le premier ministre Michel Barnier a du mal à gérer les novices de son gouvernement Photo: Jeff Pachoud/Pool/AFP

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Les débuts du gouvernement de Michel Barnier sont décidément, sinon chaotiques, du moins cahoteux, obligeant le premier ministre à multiplier les mises au point et les rectifications de tir. Même si l’essentiel des problèmes qui l’attendent – et cela dès les tout prochains jours – est bien ailleurs, avec, notamment, la préparation du budget.

On pouvait, il est vrai, s’y attendre, compte tenu du nombre de novices, ou de jeunes responsables encore bien peu aguerris dans les joutes politiques, que comporte cette équipe, si difficilement composée et à l’avenir si incertain. Il est vrai qu’une des gaffes qu’a dû s’employer à effacer M. Barnier n’est pourtant pas le fait d’une nouvelle venue, puisqu’il s’agit d’une maladresse d’Agnès Pannier-Runacher, restée ministre de la Transition écologique après l’avoir été de l’Economie et de l’Industrie.

À propos des inondations qui ont frappé durement la ville de Cannes, elle s’en est prise aux pouvoirs locaux et a minimisé les dégâts: „À force d’imperméabiliser et de densifier les villes, on arrive à des dégâts de cette nature. Et puis ce ne sont pas les chutes du Niagara!“, a-t-elle ironisé. Oubliant que le maire de Cannes, David Lisnard, justement très engagé dans ce domaine, au contraire, est à la fois un appui précieux pour le nouveau gouvernement, et le président de l’Association des maires de France. M. Barnier a dû s’excuser lui-même au téléphone, et l’incident est clos; mais cela crée une ambiance.

Autre faux-pas, ou ressenti comme tel par Matignon, et beaucoup plus politique: celui qu’a commis le nouveau ministre des Finances, Antoine Armand, à l’égard du Rassemblement national. Un RN vis-à-vis duquel le nouvel exécutif, suspendu au fait qu’il ne votera pas d’entrée de jeu la motion de censure de la gauche, se doit de prendre certaines précautions, même s’il n’en est pas réduit – du moins faut-il l’espérer! – à l’obéissance servile à Mme Le Pen et ses amis. Evoquant le fait qu’il allait recevoir les dirigeants de tous les groupes politiques présents à l’Assemblée nationale, principalement pour discuter, dans l’immédiat, de la très urgente préparation du projet de budget, le successeur de Bruno Le Maire a cru bon d’ajouter: „Tous ceux, du moins, qui font partie de l’arc républicain, donc le PS, le PCF, les Verts, et même La France Insoumise, mais pas le RN.“

Y aurait-il eu maldonne?

Ce dernier a aussitôt demandé des explications au premier ministre, lequel, toujours dans son rôle éminemment délicat de raccommodeur de porcelaine, a dû lui donner des apaisements sur le fait que son gouvernement – et notamment M. Armand, dont le rôle va être capital pour faire passer la loi de Finances au Parlement, en y intégrant si possible, et par nécessité, quelques désidératas de l’opposition, le tout en très peu de jours – était prêt à discuter avec tous ceux qui le souhaiteraient. Et il a exprimé sa colère à son ministre, au contraire, sans aucune circonlocution: „Encore une comme ça, et c’est la porte!“, l’a-t-il menacé.

Mais là, il serait un peu rapide de prétendre que l’incident soit clos. Car l’aile gauche de ce qu’il reste de la Macronie dans la nouvelle majorité relative a plutôt mal pris le rappel à l’ordre de Michel Barnier à un ministre qui, après tout, n’avait fait que mettre en pratique gouvernementale ce qui avait été érigé en principe électoral par leur parti comme par toute la gauche: ériger face au lepénisme un cordon sanitaire qui ne devait pas être franchi.

S’ajoutant à la présence au gouvernement, surtout comme ministre de l’Intérieur, de Bruno Retailleau, qui incarne vraiment la droite des Républicains et dont les roulements de tambour en faveur d’une très forte limitation de l’immigration semblent souvent avoir (aussi) pour mission de rassurer le RN, il y a là de quoi irriter, mais surtout inquiéter, des parlementaires et certains nouveaux ministres venus du centre, voire naguère des rangs socialistes et qui s’étaient reconvertis dans le macronisme en 2017, et qui se demandent – encore discrètement – s’il n’y aurait pas eu, lors de la composition du gouvernement, une sorte de maldonne.