675 soldats ont été fusillés sous l’uniforme français en 14-18 pour désertion, mutinerie, refus d’obéissance ou crimes de droit commun. Des voix s’élèvent régulièrement pour demander leur „réhabilitation“. En reconnaissant que tous les Poilus, y compris les fusillés, ont souffert de la même façon, le président de la République a „fait un beau travail d’histoire tout en évitant toute polémique politique contemporaine“ sur l’épineuse question de la réhabilitation juridique des mutins, estime Annette Becker.
Cette historienne spécialisée de la Première guerre mondiale relève que M. Sarkozy a pris soin de parler de soldats „exécutés“ et non pas de „mutins“ et a reconnu qu’il y avait eu des fautes de commandement. Le président a parlé de „ces hommes dont on avait trop exigé, qu’on avait trop exposés, que parfois des fautes de commandement avaient envoyés au massacre“. L’échec sanglant (200.000 morts en quatre semaines) de l’offensive Nivelle sur le Chemin des Dames (Aisne) au printemps 1917 avait provoqué le refus de dizaines de milliers de soldats de monter en ligne, exaspérés par des offensives qu’ils jugeaient mal conduites, le manque de permissions et une nourriture déplorable.
La répression de ces mutineries, qui tient une place essentielle dans la mémoire collective des Français, s’était traduite par 554 condamnations à mort, dont 49 furent effectives. Le 5 novembre 1998 à Craonne (Aisne), haut lieu des mutineries, le Premier ministre socialiste Lionel Jospin avait estimé que ces „mutins“ devaient „réintégrer aujourd’hui, pleinement, notre mémoire collective nationale“, provoquant la réaction du président Jacques Chirac qui avait jugé cette déclaration „inopportune“. Pour l’historien Nicolas Offenstadt, le discours de M. Sarkozy à Douaumont est „conforme“ aux propos tenus par M. Jospin à Craonne et constitue également une „réhabilitation mémorielle“. L’auteur de „Les Fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective“ (Odile Jacob) estime que la président a dit „à juste titre“ que ces soldats étaient des soldats comme les autres. Ces propos, ajoute Nicolas Offenstadt, sont probablement un „gage pour ne pas aller plus loin dans la réhabilitation“, cette fois juridique, réclamée notamment par la Ligue des droits de l’homme ou les Verts. Auteur d’une étude de référence sur les fusillés de 14-18, le général André Bach, ancien chef du Service historique de l’armée de terre (Shat), propose la création d’un commission mixte historiens/magistrats pour examiner les dossiers des 2.500 condamnés à mort pour établir une typologie de ces soldats afin „d’éclairer le pouvoir politique“. „Le discours de Douaumont est très pertinent“, juge cet historien, „car il souligne que ceux qui ont désobéi l’ont fait parce qu’ils ne pouvaient plus faire autrement“.
En 1934, rappelle-t-il, une „Cour suprême de justice militaire“, composée d’anciens Poilus et de magistrats, avait réhabilité une trentaine de mutins. Dans l’un des ses jugements, cette juridiction avait écrit : „Attendu que si les nécessités impérieuses de la discipline commandent en temps de guerre le sacrifice de la vie, ce sacrifice ne peut être imposé lorsqu’il dépasse les limites des forces humaines“.
A Douaumont, Sarkozy ouvre les cérémonies du 11 novembre
Nicolas Sarkozy a ouvert mardi matin devant le fort de Douaumont (Meuse), haut lieu de la meurtrière bataille de Verdun, les célébrations du 90e anniversaire de l’armistice qui mit fin à la guerre de 14-18, des cérémonies placées sous le signe de l’Europe. Sous un ciel gris et venteux, le chef de l’Etat est arrivé devant l’ossuaire de Douaumont avec son épouse Carla qui arborait sur sa redingote grise le „bleuet de France“, insigne de collectes en faveur des anciens combattants démunis.
Etaient présents à leurs côtés le prince Charles, héritier de la couronne d’Angleterre et son épouse Camilla.
Ont également été conviés le grand-duc et la grande-duchesse de Luxembourg, le président du Bundesrat (sénat) allemand Peter Müller, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, le président du Parlement européen l’Allemand Hans-Gert Pöttering.
Un peu plus tôt, à Paris, rompant avec la tradition présidentielle de ravivage de la flamme du soldat inconnu à l’Etoile, M. Sarkozy avait déposé une gerbe au pied de la statue de Georges Clemenceau, aux Champs Elysées.
Ce 11 novembre est le premier sans poilu français, après la mort, le 12 mars, du dernier soldat survivant de la grande Guerre, Lazare Ponticelli, à 110 ans.
De Maart
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