Procès des manifestants en Iran: des accusés affirment regretter

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Un éminent membre du camp réformateur a déclaré samedi devant un tribunal de Téhéran, où sont jugées une centaine de personnes ayant participé à des manifestations contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, que ce scrutin avait été régulier.

Deux candidats malheureux à l’élection du 12 juin, le conservateur modéré Mir Hossein Moussavi et le réformateur Mehdi Karoubi, refusent toujours de reconnaître la victoire du président Ahmadinejad, invoquant des fraudes. „La question des fraudes (…) était un mensonge qui est sorti pour provoquer des émeutes, pour que l’Iran devienne comme l’Afghanistan et l’Irak“, a dit Mohammad Ali Abtahi, ancien vice-président sous le mandat du président réformateur Mohammad Khatami (1998-2005), cité par l’agence Fars. M. Abtahi figure parmi la centaine de personnes – dont plusieurs réformateurs – jugées à partir de samedi par un tribunal révolutionnaire et accusées de troubles à l’ordre public lors des manifestations post-électorales.

Celui qui fut conseiller du candidat Karoubi a affirmé que les réformateurs, et plus largement les leaders de l’opposition, avaient trahi le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. „Je pense que les réformateurs ont mené des actions pour limiter (la marge de manoeuvre) du Guide“, a-t-il dit. M. Abtahi a encore parlé d’un „serment“ de solidarité passé entre MM. Moussavi, Khatami et l’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani (1989-1997). „Moussavi ne connaissait probablement pas le pays, mais Khatami (…) connaissait parfaitement la situation. Il connaissait la puissance du Guide (suprême Ali Khamenei), mais il a rejoint Moussavi et ça c’était une trahison“, a indiqué M. Abtahi. Selon lui, M. Rafsandjani voulait se venger de sa défaite à l’élection présidentielle de 2005 remportée par M. Ahmadinejad. M. Abtahi a affirmé avoir commis une „erreur“ en participant aux rassemblements, reprochant à M. Karoubi de l’y avoir poussé.

Les accusés encourent une peine de cinq ans de prison, selon Fars qui a précisé que s’ils étaient reconnus coupables d’être „mohareb“ (ennemi de Dieu), ils risquaient la peine de mort. Jusqu’à 2.000 personnes ont été arrêtées lors des manifestations de protestation. La majorité ont depuis été libérées et quelque 250 personnes demeurent toujours derrière les barreaux. Une trentaine de personnes ont été tuées lors des violences qui ont accompagné les manifestations. Le journaliste irano-canadien Maziar Bahari, travaillant pour Newsweek, a demandé pardon au guide suprême lors d’une déclaration à la presse à la sortie de l’audience, a rapporté l’agence Irna. „Inconsciemment, j’ai participé à la révolution de velours“ que l’Occident voulait organiser en Iran avec l’aide de ses médias, a-t-il déclaré. „Les médias (étrangers) avaient un rôle de premier plan dans les manifestations pacifiques ou violentes (…) Je demande pardon et grâce au guide suprême pour avoir participé à ces rassemblements ayant porté atteinte à la sécurité nationale.“ Le sociologue irano-américain Kian Tajbaksh, également sur le banc des accusés, a affirmé qu’un projet de longue date des Etats-Unis visait à changer le régime iranien.

„Les vrais responsables (des manifestations) sont des organes gouvernementaux, semi-gouverneemntaux et services de renseignements implantés aux Etats-Unis“, a-t-il dit, selon l’agence Irna. Vendredi, le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki avait de nouveau désigné les pays occidentaux comme responsables des manifestations post-électorales. Samedi, M. Moussavi a démenti de telles allégations. „Malgré les accusations de nos adversaires, ce mouvement (…) n’a rien à voir avec les étrangers. C’est un mouvement complètement interne“, a déclaré le leader de l’opposition sur son site internet Ghalam News.