Mutinerie au Bangladesh: \“baptême du feu\“ pour le Premier ministre Hasina

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Le nouveau Premier ministre du Bangladesh, Mme Sheikh Hasina, confrontée à un premier test majeur avec une mutinerie meurtrière de paramilitaires, va devoir faire face à d'autres défis de taille que constituent la pauvreté et la corruption, selon des analystes.

La mutinerie mercredi de quelque 200 paramilitaires du corps des BDR (Bangladesh Rifles) qui s’étaient rebellés avant de déposer les armes, a fait 76 morts, essentiellement des officiers. Une deuxième fosse commune contenant au moins une dizaine de corps a été découverte samedi. Pour Manzoor Hasan, directeur de l’Institut des études de gouvernance de l’Universtité de Dacca, durant „quelques heures inquiétantes“, le Premier ministre, au pouvoir depuis moins de deux mois, a semblé perdre le contrôle de la situation.
„Cela a un peu ressemblé à un baptême du feu et a constitué un test crucial. Mais je pense que finalement elle a totalement géré la situation“, a estimé M. Hasan.
Devant faire face à sa première grande crise depuis sa victoire aux élections de décembre, Mme Hasina, déjà Premier ministre de 1996 à 2001, a fait montre d’une grande fermeté durant un message télévisé à la nation, jeudi, au cours duquel elle avait menacé les mutins d’une intervention musclée si ceux-ci ne se rendaient pas, selon le chercheur. Les mutins s’étaient du reste rendus après ce discours.
Néanmoins, le Premier ministre commettrait une erreur, toujours selon M. Hasan, si elle maintenait sa promesse d’amnistie pour les mutins qui ont déposé les armes, une annonce qui avait fortement irrité l’armée. Le général Mubin a cependant mis les choses au point vendredi dans une autre allocution à la télévision nationale. „L’annonce par le Premier ministre d’une amnistie générale ne signifie pas que ceux qui ont pris part aux meurtres, à la rébellion, aux incendies et à d’autres actes haineux seront pardonnés“, a-t-il souligné.
Pour M. Hasan, „quand une force armée échappe à la discipline, c’est une source de grande instabilité. Il revient au Premier ministre et à son gouvernement de restaurer rapidement la discipline au sein des BDR et de prendre des mesures sévères contre les responsables“. La révolte des BDR, des paramilitaires chargés de la protection des frontières dont la solde est de 70 dollars par mois, illustre les difficultés économiques auxquelles sont confrontés nombre de Bangladais. Les paramilitaires réclamaient une augmentation de leur solde, des subventions pour leurs repas et des congés supplémentaires. Le refus des officiers a déclenché la révolte. Pour Ataur Rahman, professeur de sciences-politiques à l’Université de Dacca, ces récentes violences montrent que le gouvernement ne peut ignorer les causes profondes du mécontentement au Bangladesh, et notamment les deux fléaux liés de la pauvreté et de la corruption. „Le pays fait face à tellement de problèmes que cela peut apparaître décourageant pour nos leaders mais ils ne doivent pas oublier les soucis que rencontre le peuple“, souligne-t-il. Peuplé de 144 millions d’habitants, l’ex-Pakistan oriental, devenu indépendant en 1971, a été le théâtre de nombreux coups d’Etat et de violences politiques qui ont alterné avec des plages démocratiques. Selon la Banque mondiale, l’inflation vertigineuse des deux dernières années, avec la forte hausse des prix des produits alimentaires, a plongé 4 millions d’habitants sous le seuil de pauvreté.