Le gouvernement assure que le Pakistan n’est pas au bord de la banqueroute et qu’une aide éventuelle du Fonds monétaire international (FMI) ne serait qu’une mesure de soutien, mais des officiels confient en privé que les entretiens de Dubaï visent à obtenir une aide immédiate de quatre milliards de dollars. Les réserves actuelles en devises étrangères, selon un rapport du FMI publié lundi, ne peuvent couvrir les besoins du pays que pour les six semaines à venir, et le nouveau gouvernement civil du Pakistan admet lui-même que des mesures d’urgence sont nécessaires. Or ce pays très pauvre de 168 millions d’habitants, frappé par une vague d’attentats et dont l’armée lutte contre des groupes islamistes le long de la frontière avec l’Afghanistan, est observé à la loupe par la communauté internationale, en raison de son rôle d’allié des Etats-Unis dans la „guerre contre le terrorisme“ et de son statut de seule puissance nucléaire musulmane. „Les difficultés économiques et l’extrémisme sont directement liés“, expliquait récemment à l’AFP Talat Masood, général à la retraite et analyste respecté au Pakistan. „La population devient plus vulnérable à la propagande extrémiste, qui tire parti de l’appauvrissement général“. Officiellement, la réunion de Dubaï, qui s’inscrit dans un cadre régulier, a pour but d’informer le FMI „de la situation économique du Pakistan“, a déclaré à l’AFP Shaukat Tareen, conseiller financier du Premier ministre Yousuf Raza Gilani, en admettant toutefois que le pays avait un besoin crucial de trois à quatre milliards de dollars. „Le FMI est l’une des options, mais nous n’allons pas leur demander l’argent mardi“, a-t-il dit. Le FMI relève que la situation financière du Pakistan „s’est dégradée de manière significative“ ces derniers mois, en raison de l’instabilité politique, des activités des groupes islamistes armés, de la flambée des prix du pétrole et des denrées alimentaires de base, devenues inabordables pour une large part de la population. Les réserves en devises étrangères ont fondu de 14,3 à 4,7 milliards de dollars entre juin 2007 et septembre 2008, la roupie a perdu 25 pour cent de sa valeur depuis janvier et le marché des changes a plongé de 35 pour cent, selon ce rapport. Le Pakistan, à la recherche d’une aide globale de 10 à 15 milliards de dollars destinée à stabiliser son économie, a ouvert des „discussions informelles“ avec le FMI et d’autres institutions financières internationales, selon le Financial Times de mardi. La moitié de cette enveloppe serait couverte par le FMI sous forme de prêts, le reste venant de la Banque Mondiale, de la Banque asiatique de développement et de divers donateurs, dont l’Arabie Saoudite. Un haut responsable gouvernemental, parlant sous couvert de l’anonymat, a déclaré à l’AFP que le Pakistan avait „un besoin criant“ de liquidités et tenterait d’obtenir du FMI „au moins quatre milliards de dollars“ pour éviter la cessation de paiements. Un groupe de pays alliés baptisé „les Amis du Pakistan“, comprenant notamment la Chine, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, s’est constitué récemment pour aider ce pays à assurer sa sécurité. Mais ce groupe a aussi réclamé des réformes économiques en profondeur, et Washington a prévenu Islamabad qu’aide internationale n’était pas synonyme de chèque en blanc. „Il n’y a pas d’argent sur la table. Le but est de donner l’argent à celui à qui il revient. Ce n’est pas une avance en liquide“, a averti lundi le secrétaire d’Etat adjoint américain pour l’Asie du sud, Richard Boucher, en visite à Islamabad.
De Maart
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