Le Nigeria se retire de Bakassi qui redevient entièrement camerounais

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Les 1.000 km2 de la péninsule de Bakassi, potentiellement riche en pétrole et gaz, ont été rétrocédés jeudi à Calabar (sud-est) par le Nigeria au Cameroun mettant fin à 15 ans de différend, alors que des violences ont fait une cinquantaine de morts ces derniers mois.

Le Nigeria, qui avait déjà effectué un retrait partiel quelques semaines après l’accord de Greentree (banlieue de New York) de juin 2006, a donc évacué ses derniers fonctionnaires et policiers qui sont remplacés par des Camerounais.
„C’est un jour de victoire pour le respect de la loi, une des valeurs essentielles des Nations unies“, a estimé le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon dans un message lu lors de la signature de l’accord définitif de rétrocession paraphé par le ministre nigérian de la Justice Michael Aondoakaa et son homologue camerounais Maurice Kanto, en présence de nombreux représentants de pays associés à l’accord (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Allemagne). Le représentant du secrétaire général de l’Onu pour l’Afrique de l’Ouest Saïd Djinnit, a même estimé que la rétrocession devrait „servir de modèle ailleurs en Afrique où les frontières sont contestées“. „Nous ne devons pas voir la rétrocession comme une perte pour le Nigeria, mais comme notre profond respect du droit international et du bon voisinage“, avait affirmé peu avant la rétrocession officielle Edet Okon Asim, le porte-parole de l’Etat de Cross River auquel était rattachée Bakassi. „Le président (camerounais) Paul Biya attend avec plaisir une relation nouvelle, fiable et bénéfique pour le Cameroun et le Nigeria“, a déclaré M. Kanto.
„Aussi douloureuse soit-elle, nous avons la responsabilité de tenir notre engagement vis-à-vis de la communauté internationale pour faire avancer la paix, la coopération, la fraternité africaine et le bon voisinage“, a estimé M. Aondoakaa.
Les populations, de 30.000 à 40.000 personnes majoritairement nigérianes, avaient le choix entre s’installer ailleurs au Nigeria, rester, en devenant résidant étranger au Cameroun ou devenir Camerounais. M. Aondoakaa a souligné que le gouvernement nigérian avait pris „d’importantes mesures“ pour ceux voulant s’installer au Nigeria mais assuré que le Cameroun avait „pris des arrangements pour intégrer pleinement ceux qui voulent rester dans leurs maisons ancestrales“. Depuis novembre, vingt-huit militaires, un sous-préfet camerounais et une vingtaine „d’assaillants“ ont été tués à Bakassi dans des attaques de groupes armés dont les motivations restent floues dans cette zone de mangrove. La dernière s’est produite le 24 juillet à Kombo Ajanéa (deux morts côté camerounais, une dizaine chez les assaillants). Un groupe de rebelles nigérians jusqu’ici inconnu, le Niger Delta Defence and Security Council (NDDSC), a revendiqué des attaques: „Il faut que les autorités (camerounaises) nous invitent pour qu’on parle avec elles, ou alors qu’elles initient une réunion à Bakassi pour discuter. Les choses de Bakassi, ça nous appartient (…). Quand l’affaire a commencé entre les deux pays (Cameroun et Nigeria), notre ancien président (nigérian, Obasanjo) a fait les choses seul. Il n’a même pas appelé les habitants de Bakassi pour leur demander“ leur avis, a notamment estimé „le commandant Dari“, s’affirmant porte-parole du mouvement, promettant de nouvelles attaques. Des habitants de la péninsule avaient également saisi des tribubaux nigérians leur demandant d’annuler la rétrocession. Une cour nigériane avait demandé un gel de l’opération mais les autorités nigérianes n’avaient pas donné suite.